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  • Grand écran: meurtre, suicide? "Anatomie d'une chute" met les spectateurs dans la peau des jurés

    Sandra,  écrivaine à succès,  bisexuelle, vit dans un chalet isolé à la montagne avec Samuel, romancier lui aussi mais nettement  moins inspiré, et Daniel, leur fils aveugle.  Un jour, Samuel est retrouvé sans vie au pied de la maison. Faute d’explications tangibles, une enquête pour mort suspecte est ouverte. Sandra est bientôt inculpée malgré l'incertitude sur ce qui s’est réellement passé: Un an plus tard démarre un long procès auquel Daniel assiste, découvrant alors l’histoire de ses parents dont la relation est méthodiquement disséquée. 

    Tout commence par un entretien désordonné entre Sandra et une étudiante en lettres qui se montre vague dans ses questions, lorsque qu’une musique assourdissante retentit à l’étage où travaille Samuel , empêchant la poursuite de l’interview. La jeune femme s’en va et puis c’est la chute, mortelle, la découverte de trainées de sang bizarres le long du mur…

    Le doute s’installe, Accident, meurtre, suicide? Samuel avait des raisons de se donner la mort et  Sandra celles de le tuer. Justine Triet multiplie les pistes pour égarer les spectateurs qu'elle met dans la peau des jurés et qui sont eux aussi amenés à analyser méticuleusement la  vie de Sandra et Samuel, leurs qualités, leurs défauts, leurs failles, leurs névroses, leurs  disputes enregistrées de surcroît par le mari, leur rivalité d’artistes, leurs rapports de pouvoir, de domination. 

    Incontestable Palme d'or à Cannes, Anatomie d’une chute , magistralement interprété par Sandra Hüller (photo) va bien au-delà du film à procès, la chute du corps symbolisant celle du couple et  l’érosion de la passion.  Impressionnant, captivant, l'opus nous embarque dès les premières images pour ne plus nous lâcher pendant 150 minutes. Voir l’entier du texte publié sur ce blog  le  5 août dernier lors du Festival de Locarno, et de la projection  du film  sur la Piazza Grande.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 23 août. 

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  • Grand écran: "Strange Way Of Life", le curieux western queer de Pedro Almodovar

    Avec ce métrage d’une demi-heure tourné en anglais, Almodovar se lance dans le western. Queer en l’occurrence. Il est porté par Ethan Hawke et Pedro Pascal, l’acteur de la série à succès «The Last Of Us» Les comédien campent deux Texans, un shérif (Jake) et un éleveur (Silva). Anciens amants, ils avaient opéré ensemble comme tueurs à gages, avant de se ranger.  

    La vie les a séparés et, 25 ans après, Silva traverse le désert à cheval pour revoir Jake. La passion dévorante qui les a unis jadis, tend à resurgir, à la fois rejetée par Jake, viril et taciturne et assumée par Silva, plus extraverti et expansif, Ces retrouvailles soudaines ne sont toutefois pas la seule motivation de l’éleveur, dont le fils, soupçonné de meurtre, est recherché par le shérif.  

    Pedro Almodovar cherche à nous séduire en évoquant le parcours de ces hommes, incarnés par des acteurs charismatiques, qui luttent contre un destin auquel ils ne peuvent échapper, On a notamment droit à une nuit au lit hors champ, ou au souvenir d’une virée au cours de laquelle ils s’enivrent avec des prostituées. Comprenant vite qu’elles sont de trop, elles laissent à leurs amours  

    Apparaissant curieusement suranné, tirant sur le mélo et le romantisme, Strange Way Of Life ne va pas marquer particulièrement la fillmographie d’Almodovar.. En jouant avec ses cowboys gays habillés en Saint-Laurent (la grande maison a produit l’œuvre), son auteur propose plutôt un exercice de style, sorte de condensé de ses obsessions. 

     Le cinéaste parle lui d’un film  sur la masculinité, un western queer dans le sens où deux hommes s’aiment, mais se comportent de deux manières totalement opposées. Il le considère aussi comme une réponse au célèbre Brokeback Mountain (2005), que le cinéaste espagnol avait eu envie de tourner, mais qui avait alors été confié à Ang Lee.

    Strange Way Of Life est programmé avec La voix humaine, un autre court du Madrilène (2020), où brille Tilda Swinton. Il est adapté d’une célèbre pièce de Jean Cocteau, créée en 1930 et dont il existe de nombreuses versions

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 août.

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  • Festival de Locarno: le Léopard d'or à "Critical Zone", de l'Iranien Ali Ahmadzadeh

    C’était l’un des rares prétendants à la victoire que je n’avais pas cité dans mes pronostics d’hier. Le jury présidé par Lambert Wilson en a donc encore trouvé un autre au sein d'une compétition qui  n'a pas franchement fait des étincelles. Et attribué le Léopard d’or à Mantagheye Bohrani (Critical Zone) du réalisateur iranien Ali Ahmadzadeh, 37 ans,

    Défiant la censure du régime autoritaire, il a tourné clandestinement à Téhéran .Son personnage principal, sorte de prophète moderne, sillonne les bas-fonds de la capitale en vendant de la drogue aux âmes en peine. Les films d’Ahmadzadeh sont interdits dans son pays qu’il n’a pu quitter afin de venir présenter son troisième long métrage. Mais le fait que beaucoup de gens l’ont vu représente pour lui un énorme  succès.  

    Les autres prix

    Comme prévu en revanche, le Roumain Radu Jude n’est pas reparti les mains  vides. Il a raflé le Prix spécial du jury  avec Do not Expect Two Much From The End Of The World, un film collage composé de plein d’éléments. En gros résumé, c’est une jeune femme exploitée par son boss qui circule interminablement dans les rues de Bucarest, à la recherche de victimes d’accident du travail. 
     
    De son côté l’Ukrainienne Maryna Vroda a reçu le Prix de la mise en scène pour Stepne. Dans son premier long métrage, l’opposante au pouvoir russe évoque les fantômes d’un passé qui va disparaître.

    Enfin, pour compléter ce palmarès politique, une mention spéciale a été décernée à Nuit obscureAu revoir ici, n’importe où.Le Français Sylvain George suit de jeunes migrants mineurs marocains à Melilla qui tentent de gagner l’Europe par n’importe quel moyen.  

    En ce qui concerne l’interprétation, Locarno s’inspire de la Berlinale en remettant des prix non genrés. Ils sont allés à deux comédiennes. La Grecque Dimitra Viagopoulou l’obtient pour Animal, de sa compatriote Sofia Exarchou,  où une animatrice s’offre à des touristes ivres, tandis que  la Hollandaise Renée Soutendijk, égérie de Verhoeven dans les années 80, le décroche pour Sweet Dreams. Sa réalisatrice, la Bosniaque Ena Sendijarevic, veut souligner la banalité de la violence.

    Final sur la Piazza Grande

    Le festival s’est terminé avec la projection, sur la Piazza Grande de Shayda, réalisé par l’Irano-Australienne Noora Niasari et produit par Cate Blanchett. Qui a finalement renoncé à débarquer au Tessin. On retiendra surtout le triomphe fait à Ken Loach pour The Old Oak, qui a du coup logiquement reçu le Prix du public. On saluera par ailleurs la belle représentation du septième art avec le brillant Anatomie d’une chute de Justine Triet, Palme d’or à Cannes, Continent magnétique, la fascinante  plongée en Antarctique de Luc Jacquet, ou encore La voie royale de Frédéric Mermoud. 

    En tout cas le directeur artistique Giona. A. Nazzaro est très content. «Locarno76 est une excellente édition, marquée par une participation en hausse de 10% et une sélection qui a ravi la critique, les cinéphiles et le grand public». a-t-il souligné.  Ce n’est pas toujours ce qu’on entendait à la sortie des salles...

    Mais finalement peu importe et vive Le 77e  qui se tiendra du 7 au 17 août 2024.  

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