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  • Grand écran: "Si Beale Street pouvait parler": l'amour, un bouclier contre la discrimination et l'injustice

    original-cin_ifbealestreetcouldtalk_thumb_1600x900.jpgTriplement oscarisé il y a deux ans pour son magnifique Moonlight, Barry Jenkins revient avec une histoire d’amour, Si Beale Street pouvait parler. Elle se déroule à Harlem, dans les années 70. Amoureux depuis toujours, Tish (Kiki Layne) et Fonny (Stephan James) envisagent de se marier. Alors qu'ils s'apprêtent à avoir un enfant, le jeune homme, victime d'une erreur judiciaire, est arrêté et emprisonné. Avec l'aide de sa famille, la sage, gracile mais déterminée Tish lutte pour prouver l'innocence de Fonny et le faire libérer.

    Le film s'inspire d’un roman éponyme de James Baldwin, l’auteur préféré du réalisateur qui le lui a dédié. Publié en 1974, l'ouvrage avait déjà donné lieu, en 1998, à une libre adaptation intitulée A la place du coeur par Robert Guédiguian. On y retrouvait un couple mixte en zone marseillaise.

    Tout en décrivant cet amour absolu et universel s’élevant contre la haine, l’inhumanité, l’injustice, Fonny étant donné d’emblée comme innocent, Barry Jenkins dénonce évidemment, faisant ainsi écho à l’actualité, la discrimination destructive, l’ostracisme dont sont victimes les Afro-Américains.

    Il y a de la poésie, de la grâce, de la sensibilité et du charme dans ce film au récit déstructuré et composé de flashbacks. Follement romanesque, formellement réussi et profondément émouvant, il est vu à travers le regard de Tish, qui en assure la voix off.

    Pourtant, il séduit moins que Moonlight. Les comédiens sont certes excellents mais aussi trop beaux, incarnant des personnages trop purs, trop propres, trop parfaits, évoluant presque, selon un critique, comme dans un film de Jacques Demy.

    Par ailleurs au-delà de quelques scènes caricaturales, on peut reprocher au réalisateur de trop privilégier l’esthétique au combat de son héroïne, à la passion ardente censée animer le couple, à la violence qui s’exerce contre lui, ce qui contribue à donner une certaine vision aseptisée, voire parfois superficielle à l’ensemble. Barry Jenkins n'en prétend pas moins à l'Oscar de la meilleure adaptation. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 janvier.

     

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  • Grand écran: "La Mule", road movie intime et mélancolique avec Clint Eastwood en passeur de drogue

    screen-shot-2018-10-04-at-1-50-50-pm.pngAlors qu’il n’avait pas fait l’acteur depuis Une nouvelle chance en 2012, Clint Eastwood s’est repris au jeu dans La Mule. Passant donc derrière et devant la caméra, où il incarne un vétéran de la guerre de Corée qui s’est reconverti dans l’horticulture, une véritable passion. A près de 90 ans, Earl Stone n’en mène pourtant pas large. Non seulement il est brouillé avec son ex-femme et sa fille pour leur avoir de loin préféré les fleurs, mais il est fauché et sa petite entreprise risque d’être saisie.

    Il accepte alors un boulot de chauffeur dont un invité aux fiançailles de sa petite-fille, la seule du clan familial à lui témoigner encore de l’affection, lui avait parlé. Il ne va pas toutefois pas rouler pour n’importe qui, puisque sans le savoir, du moins feint-il de l’ignorer au départ, il s’est engagé à servir de mule pour un cartel mexicain de la drogue.

    Un papy insoupçonnable

    C’est du gagnant gagnant. Pour les trafiquants il constitue l’atout majeur, son look de papy le rendant insoupçonnable et pour Earl, sorte de mascotte, le job se révèle des plus juteux, lui permettant se mettre à l’abri, de distribuer généreusement l’argent gagné à ses nombreux amis et à sa famille auprès de laquelle il veut se racheter.

    Au fil de ses trajets, les cargaisons qu’il transporte soit de plus en plus importantes. Mais, comme la mule a une tête…de mule, ne respecte pas les consignes de prudence, s’arrête où il veut et brouille les pistes, il se voit imposer par les chefs narcos un homme de main pour le surveiller. Par ailleurs il va quand même avoir sur le dos Colin Bates (Bradley Cooper), un agent de la DEA (contrôle des drogues), qui met tout de même du temps à piger l’arnaque…

    Ce road movie intime, à la fois joyeux et mélancolique sur fond de drame familial, de faux polar, de critique d’une Amérique laissant tout juste survivre ses anciens combattants, tient de l’œuvre testamentaire au ton crépusculaire dans la mesure où la mort rôde et où il faut faire vite. Il s’inspire de la vie de Leo Sharp, devenu dans les années 80 le transporteur de drogue le plus âgé et le plus rentable du Cartel de Sinalo.

    D’un vétéran à l’autre

    Il marque aussi la deuxième collaboration de Clint Eastwood avec le scénariste de Gran Torino Nick Schenk, dont le héros, Walt, également un vétéran, est un vieux réac raciste, amer, endurci, pétri de préjugés avant qu’il s’ouvre au contact d’adorables voisins.

    Earl est son contraire, un homme charmant, sociable plein d’humour, d’autodérision. La marque d’un Clint Eastwood qui ne peut s’empêcher, clins d’œil aux étiquettes qui lui ont collé à la peau depuis L’inspecteur Harry, de se moquer dans le film d’un groupe de lesbiennes bikeuses et de donner un coup de main à un couple de «nègres» victime d’une crevaison.

    La Mule, au scénario efficace en dépit de situations trop répétitives n’est pas notre préféré de l’auteur. Mais on est touché par cet homme émouvant et tendre en quête de rédemption, à qui le malicieux et charismatique Clint Eastwood chantant de la country en traçant la route, prête, à 88 ans, son physique sec, son visage buriné, ses yeux pétillants et son sourire irrésistible. A ses côtés, il retrouve pour la seconde fois Bradley Cooper, qui avait déjà joué dans American Sniper. Ainsi que sa propre fille Alison et sa petite fille Taïssa Farmiga.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 23 janvier.

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  • Grand écran: "Green Book", un road-movie touchant, doublé d'une réflexion sur le racisme

    green-book-anatomy-facebookJumbo.jpgAvec son frère Bobby, Peter Farrelly nous a habitués aux comédies potaches et transgressives (Mary à tout prix, L'Amour extra-large, Dumb and Dumber). Là il opère en solo en racontant, dans Green Book, l’histoire authentique de Don Shirley, célèbre pianiste noir et Tony Lip, videur blanc italo-américain dans un club à la mode du New York des sixties. Un métrage initié et coécrit par Nick Villalonga, le fils du vrai Tony.

    Bien que le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, la ségrégation règne dans le Sud profond en 1962. Don Shirley qui doit y entamer une périlleuse tournée de concerts, engage Tony pour le conduire et le protéger.

    Partis de Manhattan, ils s’appuient sur le Green Book, un drôle de guide qui les renseigne sur les établissements acceptant les personnes de couleur. Car même  internationalement connu, Don Shirley ne peut pas séjourner n’importe où. De son côté, vu sa fonction, Tony n’est pas forcément le bienvenu partout non plus.

    Ils sont ainsi confrontés à la vilenie humaine au cours de ce road movie en forme de manifeste politique et surtout de réflexion sur le racisme, qui n’est pas que l’apanage des suprémacistes du Ku Klux Klan, mais peut toucher chacun, noir, juif, indien, blanc. Et alors que tout les sépare, les deux hommes vont apprendre à se connaître, à dépasser leurs propres préjugés et différences jusqu’à devenir amis.

    L’oscarisé Mahershala Ali, découvert dans Moonlight de Barry Jenkins, est parfait en pianiste maussade, raffiné, cultivé, tandis que  Viggo Mortensen, se révèle excellent en chauffeur brut de décoffrage, joyeux, hâbleur et perpétuellement affamé. Ils forment une sorte de duo comique dans cette ode positive à la tolérance et à l’humanisme.

    A la fois édifiante, bienveillante, touchante et pleine d’humour en dépit du sérieux de son sujet, elle évite le manichéisme et la moralisation, mais frôle parfois la caricature avec sa représentation binaire des individus et des situations. Récompensé par trois Golden Globes et sacré meilleur film par le syndicat des producteurs américains, Green Book se révèle toutefois comme un solide prétendant aux Oscars.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dés mercredi 23 janvier.

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