Grand écran: "Green Book", un road-movie touchant, doublé d'une réflexion sur le racisme (22/01/2019)

green-book-anatomy-facebookJumbo.jpgAvec son frère Bobby, Peter Farrelly nous a habitués aux comédies potaches et transgressives (Mary à tout prix, L'Amour extra-large, Dumb and Dumber). Là il opère en solo en racontant, dans Green Book, l’histoire authentique de Don Shirley, célèbre pianiste noir et Tony Lip, videur blanc italo-américain dans un club à la mode du New York des sixties. Un métrage initié et coécrit par Nick Villalonga, le fils du vrai Tony.

Bien que le mouvement des droits civiques commence à se faire entendre, la ségrégation règne dans le Sud profond en 1962. Don Shirley qui doit y entamer une périlleuse tournée de concerts, engage Tony pour le conduire et le protéger.

Partis de Manhattan, ils s’appuient sur le Green Book, un drôle de guide qui les renseigne sur les établissements acceptant les personnes de couleur. Car même  internationalement connu, Don Shirley ne peut pas séjourner n’importe où. De son côté, vu sa fonction, Tony n’est pas forcément le bienvenu partout non plus.

Ils sont ainsi confrontés à la vilenie humaine au cours de ce road movie en forme de manifeste politique et surtout de réflexion sur le racisme, qui n’est pas que l’apanage des suprémacistes du Ku Klux Klan, mais peut toucher chacun, noir, juif, indien, blanc. Et alors que tout les sépare, les deux hommes vont apprendre à se connaître, à dépasser leurs propres préjugés et différences jusqu’à devenir amis.

L’oscarisé Mahershala Ali, découvert dans Moonlight de Barry Jenkins, est parfait en pianiste maussade, raffiné, cultivé, tandis que  Viggo Mortensen, se révèle excellent en chauffeur brut de décoffrage, joyeux, hâbleur et perpétuellement affamé. Ils forment une sorte de duo comique dans cette ode positive à la tolérance et à l’humanisme.

A la fois édifiante, bienveillante, touchante et pleine d’humour en dépit du sérieux de son sujet, elle évite le manichéisme et la moralisation, mais frôle parfois la caricature avec sa représentation binaire des individus et des situations. Récompensé par trois Golden Globes et sacré meilleur film par le syndicat des producteurs américains, Green Book se révèle toutefois comme un solide prétendant aux Oscars.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dés mercredi 23 janvier.

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