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  • Grand écran: "Free to Run" raconte l'épopée de la course à pied. Un documentaire passionnant

    FTR-117_454x189_acf_cropped[1].jpgCourir sur l’asphalte ou dans la nature, une aberration, une pratique excentrique et subversive. Difficile d’imaginer de telles sornettes! Et pourtant il y a 50 ans, cette activité naturelle consistant à mettre plus ou moins rapidement un pied devant l’autre était considérée comme douteuse, sinon déviante,

    Réservée aux athlètes masculins, elle restait cantonnée à l‘enceinte des stades, avec des règles strictes, rétrogrades et sexistes. Pour les femmes, le droit de courir fut encore plus long à obtenir que le droit de vote en Suisse. On allait jusqu’à prétendre qu'elles risquaient un décrochement de l’utérus…  Du coup, ce n'est qu’en 1984 aux Jeux de Los Angeles qu'elles purent s'aligner sur un marathon. 
     
    Depuis lors, les adeptes n'ont cessé de pulluler. Hommes et femmes, champions ou anonymes de tous âges, ils sont des millions à arpenter le bitume de New York Paris, Pékin, Sydney, ou les sentiers des Alpes suisses. Le cinéaste Pierre Morath, ancien coureur et historien du sport raconte, mêlant magnifiques images d’archives aux témoignages de pionniers et de pionnières, à l’image de l’Américaine Kathrine Swizer, cette extraordinaire épopée sportive et politique des années 60 à nos jours.
     
    Il revient ainsi sur un acte marginal et militant, devenu au fil du temps une passion universelle, symbole d’une quête de liberté et d’une émancipation féminine, qui a participé au changement de la société dans un monde en pleine mutation.  
     
    Un travail en forme de long combat de sept ans pour un documentaire édifiant, émouvant à la hauteur des recherches et des efforts de l'auteur. On écrase une petite larme en voyant Joan Benoit, la première gagnante du marathon déboucher du tunnel pour pénétrer dans le stade. Sans parler des images bouleversantes de la Suissesse Gabriela Andersen-Schiess épuisée, suivie par des médecins pour franchir en titubant la ligne d’arrivée… 
     
    Passionnant, Free to Run va bien au-delà du sport. Tout en glorifiant la course libre, Pierre Morath se livre à une vraie réflexion sur son essor planétaire phénoménal, avec tout ce que cela implique de dérive consumériste.
     
    ll montre à la fois la façon dont elle est devenue emblématique de l’anti-establishment, mais aussi celle dont elle a paradoxalement recrée une sorte de barrière sociale. Comme il le relève dans divers interviews: quand on courait dans les rues il y a cinquante ans, on était montré du doigt.Maintenant, c’est quand on ne court pas…
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 24 février

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  • Grand écran: "Spotlight", la révélation d'un vaste scandale de prêtres pédophiles. Captivant

    maxresdefault2[1].jpgEn 2002, le Boston Globe révélait un scandale sans précédent au sein de l’Eglise catholique, dénonçant un réseau de prêtres américains couverts par leur hiérarchie, puis par la police, le pouvoir et les associations catholiques, alors qu’ils s’étaient rendus coupables d’abus sexuels sur des mineurs pendant des décennies.

    La vaste enquête sur ces pédophiles a été menée par une équipe de la rubrique investigation du Globe baptisée Spotlight. Une tâche particulièrement délicate et difficile pour les journalistes dans une ville à majorité catholique où tout a été entrepris pour leur mettre des bâtons dans les roues, entre le culte du secret, la loi du silence, les procédures tâtillonnes de l’archidiocèse, une justice sur les pattes de derrière. Sans oublier les pressions de la communauté et une auto-censure médiatique.

    Mais plus déterminés que jamais, les reporters ne lâchent pas le morceau. Ils sont aiguillonnés dans leur travail acharné par Marty Brown, un transfuge d’un quotidien de Miami, débarqué comme nouveau boss pour relancer les ventes du journal. Le concours de cet homme de confession juive fera découvrir l’ampleur du désastre à une société horrifiée mais qui jusque-là se bouchait les yeux et les oreilles.

    Il aura fallu douze mois aux journallises, on est encore à l’époque où ils pouvaient prendre leur temps, privilégiant la patiente recherche de la vérité au buzz sur le net, pour boucler l’affaire. Cela leur vaudra le prix Pulitzer et provoquera une vague de révélations dans le monde entier. 

    Ce thriller captivant et efficace façon Les hommes du président, plaidoyer pour le journalisme d’investigation qui nous laisse pénétrer au sein de la rédaction du Boston Globe pour suivre le boulot des protagonistes, se regarde comme un feuilleton. Il est conduit de bout en bout de main de maître par Tom McCarthy et porté par des comédiens formidables, Liev Schreiber Michael Keaton, Rachel McAdams, Mark Ruffalo. On reste scotché à son fauteuil et on ne voit pas le temps passer.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 février.

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  • Grand écran: avec "Les innocentes", Anne Fontaine raconte un bouleversant drame historique. Interview

    Les_Innocentes[1].jpgDans son dernier film, la réalisatrice, scénariste et comédienne Anne Fontaine s’est intéressée à une tragédie datant de décembre 1945 en Pologne, le viol et le meurtre de nonnes par des soldats soviétiques.

    Jeune interne de la Croix-Rouge française, chargée de soigner ses compatriotes avant leur rapatriement, Mathilde Beaulieu est appelée au secours par une soeur et découvre, parmi trente Bénédictines vivant coupées du monde, que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans ces circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher. Avec ce que cela implique d’indicible pour la communauté.  

    Les innocentes est une histoire authentique, poignante, au rythme contemplatif, sur des images magnifiques de la cheffe opératrice Caroline Champetier. Anne Fontaine la traite avec sobriété et pudeur. Tout en explorant la maternité et  la foi, elle fait se rencontrer deux univers. D’un côté celui, monacal, de ces religieuses attachées aux règles de leur vocation, de l’autre celui, rationaliste, de Mathilde athée et communiste. Se tissent alors des relations complexes aiguisées par le danger latent.

    Après avoir suivi une formation accélérée auprès de sages-femmes, Lou de Laâge incarne avec conviction, évitant la compassion facile, cette femme aussi émouvante que courageuse, tout en mesure, retenue et efficacité, aux côtés d’un Vincent Macaigne oubliant pour une fois son côté avachi et agaçant, et qui apporte une note de légèreté bienvenue dans une atmosphère lourde.

    Anne+Fontaine+MSfB-a3vVDKm[1].jpgUne première plongée dans la grande Histoire

    De passage à Genève Anne Fontaine, cinéaste éclectique, auteur entre autres de Nettoyage à secComment j’ai tué mon père, Nathalie, La fille de Monaco, Coco avant Chanel, Perfect Mothers, Gemma Bovery, nous parle de ce film qui est sa première véritable plongée dans la grande Histoire.

    Elle a découvert ce drame grâce au neveu de cette femme médecin, Madeleine Pauliac. Il a gardé des écrits où elle racontait son activité professionnelle de manière laconique et scientifique, jusqu’au moment où elle rencontre ces sœurs. Une sorte de journal de bord pas du tout romancé, dénué de toute dramaturgie, "Il a été travaillé scénaristiquement par Pascal Bonitzer et moi" . 

    Le neveu y avait néanmoins vu la source d’un film qui redonnerait vie à sa tante, une vraie héroïne révolutionnaire, morte à 33 ans. "C’est alors que deux producteurs, Eric et Nicolas Altmayer m’ont approchée en pensant que c’était un sujet pour moi. Sans doute par rapport à certaines de mes thématiques, à la transgression, à la désobéissance, à  des personnages féminins hors norme.  Et il est vrai, après avoir enquêté pour vérifier les faits, que j’ai été tout de suite happée par la situation sidérante de ces sœurs".

    Vous dites même que le sujet a résonné en vous de façon personnelle. Pourquoi ?

    J’ai deux tantes dans les ordres. J’ai reçu une es. j’ai reçu une éducation catholique, j’ai été élevée dans les chants grégoriens  par mon père qui était organiste, ma mère faisait des vitraux, j’ai adopté un enfant-

    Vous vous êtes également retirée à deux occasions dans des couvents, de Bénédictines non loin de Paris, pour vous imprégner de l’ambiance et surtout ajuster de l’intérieur la véracité de la vie monastique.

    Effectivement. D’abord au monastère de Vanves, où j’ai rencontré la mère supérieure ainsi que le père abbé qui faisait justement une conférence sur la fragilité de la foi. Puis je me suis rendue à l’abbaye de Jouarre, A chaque fois j’y suis restée trois jours. .

    Vous avez découvert le côté très particulier de l’existence dans ces communautés, ce monde autarcique coupé du nôtre 

    Le rapport à la vie est très différent. Si on trouve des êtres humains qui s’opposent, des tensions, il y a ces rites qui scandent la journée, la prière, le rapport à la foi, celui des des femmes entre elles, le sacrifice de la maternité pour se donner au Christ à vie. J’ai suivi leur rythme de vie, fait un peu de ménage, pelé des légumes.

    Ce film est d’une  grande modernité Vous l’avez présenté au  Vatican. Comment a-t-il été reçu ?

    L’assemblée de religieux qui l’ont vu se sont reconnus. Un évèque  proche du pape François a parlé de la force de reconnaitre et de voir une  histoires comme celle-ci de la ressortir de l’oubli, Et il a ajouté qu’elle était thérapeutique pour l’Eglise,

    "Les Innocentes" résonne aussi aujourd’hui dans la mesure où le viol est utilisé comme une arme de guerre.

    C’est affreux à dire mais c’est quelque chose qui est parfois encouragé, de manière tacite évidemment, quasiment dans tous les pays en conflit. Cela a fait réagir beaucoup de gens constatant que les choses n’ont pas beaucoup changé.

    Photo-4-Les-Innocentes-e1453824581782[1].jpgDeux mots sur les comédiens qui sont tous excellents. A commencer par Lou de Laâge.  

    J’étais partie sur une autre comédienne, mais cela ne s’est pas réalisé. J’ai alors organisé un casting et en voyant Lou de Laâge, je lui ai trouvé, outre son visage très cynégétique, beaucoup de caractère, de détermination, de grâce et de mystère.

    Et Vincent Macaigne ?

    C’est un acteur atypique, original, inventif. Il a quelque chose de doux et met de la drôlerie et de l’humour. Mais il devait être tenu. Je l’ai stylisé, nettoyé, lui ai fait couper ses cheveux et l’ai obligé à porter un corset sous son uniforme pour qu’il se tienne droit…

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 24 février.

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