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  • Grand écran: "A peine j'ouvre les yeux", portrait d'une jeunesse tunisienne insoumise

    a-peine-ouvre-yeux_0[1].jpgNous sommes en été 2010 en Tunisie, quelques mois avant la révolution du Jasmin. Farah, jolie et brillante étudiante de 18 ans, vient de passer son bac avec mention et sa famille la voit déjà entreprendre une carrière de médecin. Ce n’est pas du tout le rêve de Farah, chanteuse dans un groupe de rock engagé qui ne ménage pas ses critiques envers le gouvernement. Elle est aussi secrètement amoureuse du guitariste, son parolier.

    Mais, dans cette société liberticide, une fille qui s’échappe de chez elle en cachette, boit des bières avec des potes dans les cafés, rentre seule la nuit et surtout chante avec rage, devant un public galvanisé, des couplets subversifs sur le désespoir des jeunes avides de liberté, s’attire immanquablement la surveillance de la redoutable police du régime. Multipliant du coup les craintes de sa mère, Hayet, qui l’élève seule.

    Très protectrice, elle a terriblement peur des dangers menaçant son enfant qui s’oppose constamment à elle et dont l’inconscience face aux interdits la rend folle. Avant de réaliser qu’elle finit par l’étouffer autant que le système. La réalisatrice Leyla Bouzid, fait ainsi subtilement évoluer cette attachante relation mère-fille au fil d’un récit ambitieux.

    C’est ainsi qu’à travers l’histoire de l’insoumise Farah, mêlant musique rock électrisante, ferveur politique, émois amoureux pudiques mais sensuels, autant de formes d’émancipation et de résistance, l’auteur se livre à une critique cinglante de la violence faite aux femmes en Tunisie. Brossant en parallèle le portrait d’une génération qui a renversé la dictature de Ben Ali et dont elle se fait la porte-parole.

    Ce premier long métrage très prometteur, délivrant un message fort, est porté sinon habité par la magnifique débutante Baya Medhaffar (photo). Elle s’est tellement battue pour décrocher le rôle qu’elle fait totalement corps avec son personnage rebelle et fougueux..

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 février

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  • Grand écran: "Hail, Caesar!", plongée jubilatoire dans l'âge d'or hollywoodien

    george-clooney-dans-la-bande-annonce-de-hail-caesar-des-freres-cohen_5443071[1].jpgJosh Brolin, George Clooney, Channing Tatum, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Frances McDormand, un casting cinq étoiles convaincant pour une plongée légère et jubilatoire dans l’âge d’or hollywoodien signée Coen. 

    Inspirés par la machine à rêves et son art de l'artifice, les frères nous emmènent dans les coulisses de  la Mecque en compagnie d’Eddie Mannix (Brolin), homme certes providentiel engagé par le grand studio Capitol mais un rien débordé par sa tâche consistant à régler les problèmes des stars, étouffant notamment les scandales dans lesquels elles sont impliquées. 

    La journée s’annonce folle pour le boss avec le kidnapping, en plein tournage d’un péplum, de sa vedette principale le candide Baird Whitlock (Clooney) par une bande de scénaristes, sympathisants communistes en colère, qui tentent de le rallier à leur cause. Un épisode parmi d’autres d’une histoire truffée de clins d’œil, de références et d’anecdotes véridiques, les réalisateurs nous baladant  d’un plateau à l’autre pour nous offrir quelques numéros très réussis.

    Comme la scène de ballet aquatique, avec Scarlett Johansson sortant de l’onde, celle où Ralph Fiennes, cinéaste britannique, se voit imposer un jeune premier (Alden Ehenreich) étiqueté cow boy, et dont le seul talent est de jouer du lasso. Sans oublier Channing Tatum en excellent danseur de claquettes Tilda Swinton campant d’insupportables jumelles potineuses, ou encore l’apparition (trop brève) de Frances McDormand en monteuse manquant de s’étrangler avec un bout de film…

    Bref on s’amuse beaucoup dans Hail, Caesar!, à l’image des comédiens qui, à l’évidence. se font plaisir dans ce fouillis d’intrigues rocambolesques. On reprochera toutefois aux auteurs un scénario plutôt plat, quelques longueurs, un excès de bavardage socio-politique années 50 et une tendance à tourner en rond à la longue. Pas suffisant toutefois pour bouder son plaisir. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 février.
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  • Grand écran: "El ultimo tango" raconte l'histoire des célèbres Maria Nieves et Juan Carlos Copes

    el_ultimo_tango1[1].jpgIls étaient les rois et ils ont eu le monde à leurs pieds. Tombés amoureux au rythme du tango, les célébres, mythiques Maria Nieves et Juan Carlos Copes ont dansé ensemble pendant cinquante ans d’Argentine en Europe en passant par le Japon et  Broadway.

    Mais, couple hors pair sur scène, les deux amants se sont aussi déchirés et haïs tout au long d’une vie marquée par la séparation et les retrouvailles. Jusqu’à ce que Juan Carlos inflige une terrible souffrance à Maria en la quittant pour une femme de vingt-cinq ans plus jeune  Et qui lui a dit : «Tu ne danseras plus avec Nieves».

    Aujourd’hui octogénaires, tous deux racontent leur étonnante passion dans El Ultimo Tango, un documentaire en forme de déclaration d’amour à cette danse, réalisé par German Kral. Juan Carlos se contentant un peu de dire qu’à la ville il ne la supportait pas, c’est surtout Maria, née avec le tango et voulant mourir avec lui, qui se confie

    Lors d’entretiens intimes, cette artiste à la fois fragile et pleine d'énergie évoque leur relation périodiquement très agitée, mais que transcendait toujours le tango. Ils se chipotaient en dansant, mais les gens ne le remarquaient pas. Ou alors ils ne se parlaient pas, car entre eux il n’y avait plus rien.

    Maria se rappelle aussi ce coup de poignard dans le cœur lorsqu’elle a appris que son partenaire avait fait un enfant à une autre femme. «j’ai toujours été en-dessous de lui. Mais j'étais tellement blessée que la douleur m’a aidée à m’élever, à devenir meilleure. J’ai resurgi tel un phénix… »

    Des confessions bouleversantes teintées de nostalgie et d’humour qui auraient pu se suffire à elles-mêmes, mais des souvenirs que le réalisateur a tenu à illustrer et à reconstituer avec des acteurs (Photo).

    "Argentina", voyage sensoriel de Carlos Saura 

    critique-film-argentina-carlos-saura[1].jpgOn reste dans le même univers avec Argentina de Carlos Saura, qui propose un voyage dans l‘espace et le temps, composé des chants, des danses et des couleurs qui composent l’âme de l’Argentine. Le réalisateur explique couche par couche la naissance de la culture du pays, en parcourant ses origines musicales à la façon de la zonda, ce vent chaud qui souffle des Andes à l’Atlantique,

    Pour montrer la beauté née de la diversité, il assimile les vagues successives d’immigration en mélangeant des rythmes espagnols, italiens, est-européens, avec des musiques indiennes précédant l’arrivée des Espagnols. Entre zambas, chacareras ou flamenco, Saura s’est entouré des meilleurs spécialistes pour cet opus parfois lancinant, mettant à l’occasion en scène des artistes un rien folkloriques. Mais il ne pourra que plaire aux fans de Carmen et Tango.

    Films à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 février. 

     

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