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le blog d'Edmée - Page 596

  • Festival de Cannes: deux réalisatrices provoquent des électrochocs

    Le président Robert de Niro a beau s’imaginer un peu en vacances, il va devoir plancher ferme avec ses jurés si les prétendants à la Palme d’Or suivent, et il y a toutes les raisons de le penser, le rythme imprimé dès le début de la compétition.

     

    Deux réalisatrices ont en effet mis la barre très haut. A commencer par l’Ecossaise Lynne Ramsey, avec We Need To Talk About Kevin. Adapté du roman de  l’Américaine Lionel Shriver, cette œuvre coup de poing raconte l’histoire d’Eva et Franklin qui ont mis au monde un gamin odieux et terriblement difficile. Petit, ses hurlements sont si intolérables qu’Eva s’arrête avec la poussette près d’un marteau piqueur pour ne plus les entendre.

     

    De plus en plus méchant au fur et à mesure qu’il grandit, il ne cesse de provoquer sa mère, saccageant systématiquement ce qu’elle propose ou entreprend. De son côté, tout en se consacrant à lui corps et âme, Eva éprouve des sentiments ambigus et a l’impression qu’il a gâché sa vie.

     

    Lynne Ramsey montre avec talent l’aversion qui augmente entre ces deux personnages, tandis que largué, le père  ne voit rien, ne comprend rien. Il est complètement manipulé par cet enfant qui mène une vraie guerre contre sa mère. Il finira d’ailleurs par la respecter davantage à la fin.

     

    Tout en explorant une situation de plus en plus conflictuelle, la cinéaste se focalise sur la culpabilité parentale, à laquelle Eva est confrontée lorsqu’à 16 ans, Kevin commettra l’irréparable dans un lycée façon Columbine. Rappelant ainsi Elephant qui avait valu la Palme d’Or à Gus Van Sant en 2003.

     

    Au-delà du malaise et des émotions qu’il suscite, ce voyage cauchemardesque évoque ainsi le combat d’une femme pour tenter de comprendre les fautes  commises, d’expliquer la tragédie en revivant des moments clés. Des retours sur le passé prétextes à un montage chahuté et éclaté qui constitue un véritable défi de structure.

     

    Grand film, We Need To talk About Kevin  est évidemment formidablement interprété. Tilda Swinton fascine et impressionne dans le rôle d’Eva, tandis que le jeune Ezra Miller aussi beau que brillant interprète le sien avec une rare aisance. « C’est horrible à dire mais je me sens lié à Kevin. La réalité que nous vivons nous amène à connaitre le bien et le mal qui est en nous. J’aurais pu être lui.»

     

    Beautés endormies pour vieux messieurs

     

    Jeune étudiante, Lucy a besoin d’argent et multiplie les petits boulots, dont de désagréables expériences de médecine. Apparemment totalement décomplexée et dépourvue de sentiments,  elle répond à une petite annonce et intègre un réseau de beautés endormies, livrées au désir d’hommes âgés, interdits pourtant de pénétration.

     

    Plongée dans le sommeil grâce à une mystérieuse potion, Lucy se réveille comme si rien ne lui était arrivé. Elle ne voit pas les vieux messieurs qui viennent la retrouver dans son lit et ne se souvient pas de ce qu’ils lui ont fait.

     

    Ce conte de fées érotique est signé de la romancière australienne Julia Leigh, qui livre un premier film étrange, singulier et dérangeant à la mise en scène cliniquement raffinée.

       

    Personnage sans limite Lucy se trouve dans une forme radicale de soumission qu’elle a choisie. D’allure physiquement innocente, la peau diaphane, elle n’est pas une victime. Il y a de la perversion dans sa manière de s’abandonner à ceux qui la contrôlent. Elle se met elle-même en danger en perturbant des conventions qu’elle rejette.

     

    On suppose qu’il s’agit là d’un rôle difficile, l’héroïne étant nue la plupart du temps dans Sleeping Beauty. Ce n’est pas le cas pour l’excellente Emily Browning. «Ces scènes n’ont pas autant d’impact sur moi qu’on pourrait le penser. La nudité n’est pas un problème pour moi et je savais que Julia n’allait pas faire des choses de mauvais goût. Alors j’en profitais pour méditer… »

     

    Gus Van Sant déçoit

     

    Un mot encore sur Restless de Gus Van Sant, dont on attendait beaucoup. Malheureusement, il ne tient pas ses promesses et on comprend la raison de sa présence dans Un certain regard plutôt qu’en compétition. En phase terminale d’un cancer, la jolie Annabel Cotton n’en est pas moins animé d’un farouche appétit de vivre.

     

    Lors d’un enterrement, elle rencontre Enoch Brae, au contraire mû par un instinct de mort depuis celle, tragique, de ses parents dans un accident. Séduit par le courage exemplaire de la jeune femme, il l’aidera à vivre intensément ses derniers jours. Voilà qui rappelle singulièrement, par certains côtés, un certain Love Story qui fit pleurer la planète entière en 1970. Même si le réalisateur déçoit, on lui souhaite le même sort.

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  • Festival de Cannes: Woody aime Paris et on aime Allen

    Comme prévu, Woody Allen a rameuté la grande foule sur la Croisette en ouvrant le festival. Mais au moins ne se sera-t-on pas fait écraser les orteils pour rien. Ce qu’on eût pu craindre avec les mystères et les rumeurs autour de l’œuvre depuis le premier tour de manivelle, la nouvelle de la participation de Carla Bruni, de son retrait du générique, de sa présence puis de son absence à Cannes.

    Mais on oublie tout ça en découvrant Minuit à Paris le dernier-né très réussi du plus célèbre des New-Yorkais. Un début façon carte postale inquiète un brin, mais c’est pour mieux nous surprendre et nous séduire en offrant à la Ville-lumière, une déclaration d’amour teintée d’admiration, de respect et de dérision. Voilà qui donne une comédie irrésistible, subtile et très enlevée que les spectateurs du monde entier découvrent en même temps, selon les désirs du maestro, que les festivaliers.

    En voyage pré-nuptial dans la Ville-lumière avec sa pimbêche de fiancée, Gil Pender, scénariste américain à succès, rêve d’une autre vie. Et veut écrire un roman dans la lignée des idoles de sa jeunesse. C’est ainsi que se mettent à resurgir de prestigieux fantômes des années vingt, pour lui l’âge d’or.

    Un voyage dans le temps

    Woody Allen nous emmène alors dans un va et vient entre deux époques. Le présent où on croise l’espace de trois plans Carla Bruni en guide du musée Rodin et ce passé fantasmatique qui fait rêver Gil. Et dans lequel ce poète idéaliste et nostalgique plonge chaque soir avec délices dès les douze coups de minuit.

    Il y rencontre Hemingway, plaisante avec Scott et Zelda Fitzgerald, montre son manuscrit à Gertrude Stein, s’amuse des pitreries de Dali, séduit la muse de Picasso, suggère une idée de film à Bunuel et écoute la musique de Cole Porter. Autant de personnages dont Woody Allen brosse de savoureux portraits, écrivant pour eux des dialogues non pas profonds, mais humoristiques et légers.

    Cette vision subjective d’un Paris que le cinéaste adore par tous les temps, surtout quand il pleut, est soutenue par d’excellents comédiens, à commencer par Owen Wilson en Californien cool et relax, tout le contrôle d’un intello de la Côte Est et la belle Rachel McAdams, parfaite en redoutable peste. A leurs côtés, Marion Cotillard joue les ensorceleuse, Adrien Brody se révèle plus surréaliste que Dali et Michael Sheen pédant à souhait.

    Une pointe de morale


    Enveloppé de couleurs chaudes, Minuit à Paris est empreint d’insouciance, de romantisme, d’un zeste de gravité et d’une pointe de morale. «Croire que c’était mieux avant est un leurre», déclarait le cinéaste à la conférence de presse. Le passé a l’air séduisant quand vous y pensez, mais vous n’en retenez que les bonnes choses. Alors qu’il n’y avait pas ni novocaïne, ni air conditionné…»

    Lors des nombreuses questions sur sa manière d‘écrire, de voir, de diriger, de choisir ses acteurs, est évidemment venue sur le tapis celle qui brûlait toutes les lèvres: Pourquoi Carla Bruni? «A l’occasion d’un petit-déjeuner avec Nicolas Sarkozy, elle a traversé la pièce. Je l’ai trouvée belle, charismatique et je lui ai demandé si elle voulait jouer dans mon film. En ajoutant que cela ne lui prendrait pas trop de temps. Elle m’a répondu oui et que ça lui plairait de le raconter plus tard à ses petits-enfants.»

    Woody Allen la juge bonne actrice, très naturelle. «C’est normal, ce n’est pas une avocate. Elle vient du showbiz et a tenu avec grâce un rôle qui l’a beaucoup amusée».

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  • Festival de Cannes: en attendant Woody Allen

    La Croisette frémit avant les encombrements, le Palais est encore en chantier,  les touristes commencent à prendre position aux abords des célèbres marches, les photographes campent déjà devant le Majestic tous objectifs dehors. Et sur la terrasse du cinq étoiles, il faut se délester de 25 euros sans le pourboire pour une coupe de champagne. L’un des signes les plus tangibles que le 64e Festival de Cannes est lancé. Dans les restos de luxe du genre, la courgette atteint le prix du caviar. Quand au caviar, mieux vaut ne pas y penser…

     

    Côté pellicule, l’impatience croit en vue d’un cru 2011 qui s’annonce des plus relevés. Particulièrement en compétition avec les plus grands auteurs actuels comme Nanni Moretti, Pedro Almodovar, Terrence Malick, les frères Dardenne, Lars von Trier, Alain Cavalier ou Aki Kaurismäki. Sans oublier le record historique de quatre réalisatrices en lice pour la Palme d’Or.

     

    Le tout est évidemment assaisonné d’une pluie de stars planétaires à voir devant la caméra et sur tapis rouge. A commencer par le président du jury Robert De Niro. Et bien sûr Woody Allen qui va faire l’ouverture avec le fameux et ô combien mystérieux Minuit à Paris. Car en principe personne ne l’a vu. Et les spectateurs de Genève à Londres en passant par Berlin pourront se croire à Cannes mercredi soir, puisqu’ils le découvriront en même temps que les festivaliers dans le plus prestigieux des auditoriums.

     

    A en juger par le dossier de presse, ce film est une déclaration d‘amour à la capitale française, qui a séduit  le grand réalisateur à l’époque du tournage de Quoi de neuf Pussycat en 1965. Il considère même qu’elle est la plus belle ville du monde, à égalité avec New York. Et celui qui a longtemps rechigné à quitter son nid, a été jusqu’à déclarer que s’il n’habitait pas Big Apple, il vivrait à Paris.

    L’histoire évoque deux jeunes Américains, Gil un scénariste hollywoodien et sa fiancée Inez qui doivent se marier en automne. Avant de convoler, ils se rendent pour quelques jours dans la Ville-lumière.La magie ne tarde pas à opérer sur l’écrivain, qui aspire à une autre vie que la sienne.

     

    L’opus sera-t-il à la hauteur de l’attente fébrile? A juger sur pièce. Toujours est-il qu’au casting on retrouve Kathy Bates, Adrien Brody, Marion Cotillard, Rachel Mc Adams, Owen Wilson, Michael Sheen, Léa Seydoux. Et Carla Bruni, qui a donc renoncé à participer au raout avec les autres comédiens pour des raisons personnelles et professionnelles. Elle le regrette infiniment. Moi un peu moins je l'avoue. Simplement s’assurer d’un fauteuil pour admirer la chose suffira largement à rendre les journalistes à l’état sauvage. A n'en pas douter, gros pilonnage de doigts de pieds en perspective!    

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