Le réalisateur français Jean-Pierre Ameris (photo), à qui l’on doit une douzaine de films de cinéma et de télévision, dont le plus récent Les émotifs anonymes, s’est toujours intéressé aux marginaux, à la différence. Egalement sensible à la pensée de Victor Hugo, il s’est lancé dans une vaste entreprise: adapter L’homme qui rit, une œuvre culte de l’immense écrivain.
Publié sans succès en 1869, situé dans l’Angleterre du XVIIe siècle et porté à l’écran pour la quatrième fois, ce roman étrange, baroque, surréaliste, politiquement engagé, raconte l’histoire de Gwynplaine, un jeune garçon horriblement défiguré par une cicatrice au visage que lui a infligée un trafiquant d’enfants et qui lui donne un douloureux et indélébile sourire. Abandonné, luttant contre uneviolente tempête hivernale, il est recueilli avec Dea, une petite orpheline aveugle, par le forain Ursus, un costaud pittoresque au grand cœur.
Déterminé à tirer parti de son apparence physique, une singularité dont s’est notamment inspiré le dessinateur Bob Kane pour le Joker de Batman, Gwynplaine acquiert une telle renommée dans le spectacle de rue, qu’il est appelé à la Cour. Mais les portes de la célébrité et de la richesse s'ouvrent pour mieux l’éloigner de Dea et Ursus, les seuls qui l’aient toujours aimé pour lui-même.
Beaux costumes et beaux décors dans cet hommage admiratif où on retrouve Gérard Depardieu aux côtés de Marc-André Grondin, Christa Théret et Emmanuelle Seignier. Mais à l’exception de quelques scènes réussies, l’opus peine à convaincre au niveau de la réalisation et de l’interprétation, trop inégale.
De passage à Genève, le cinéaste évoque la genèse de l’opus, qui remonte à loin. "En 1971, j’avais dix ans et le feuilleton passait à la télévision. Ca m’a impressionné, j’ai eu peur et ma mère n’a pas voulu que je voie la fin. A 15 ans, je retrouve l’histoire, me plonge dedans. Elle correspond à l’ado que suis, très complexé car je mesurais déjà deux mètres. Du coup, je suis bouleversé, je m’identifie au héros qui a des doutes sur son apparence, mais se sert de cette faille pour avancer".
Vous avez eu beaucoup de difficultés à parvenir à vos fins.
Effectivement que ce soit dans le financement qui m'a été refusé en 2002, l’adaptation ou la mise en scène. Avec mon co-scénariste Guillaume Laurant nous avons écrit de 2007 à 2010. Mon problème était de rester fidèle à l’esprit de Victor Hugo, tout en me centrant particulièrement sur Gwynplaine, un garçon dans lequel un jeune d’aujourd’hui pourrait se reconnaître. En ce qui concerne le style, j’ai consulté des spécialistes de l’écrivain. Je redoutais leur vision avec ce mélange de tragique d’émotion, de mélodrame, de grotesque.
La transformation de Marc-André Grondin en Gwynplaine a-t-elle exigé beaucoup de travail?
Il porte une prothèse des paupières au menton et on dessine les cicatrices dessus. Cela demande trois heures de maquillage, sans compter les corrections dans la journée.
Comment s’est passée la collaboration avec Gérard Depardieu?
C’était également pas mal de travail... mais cela correspondait heureusement à son désir du film. Il aime ce roman, qui représente quelque chose d’autobiographique pour lui. Il y a mis beaucoup de lui-même. Mais il faut batailler contre son impatience. Gérard a des points communs avec Benoît Poelvoorde. Tous deux veulent être dirigés. Mais souvent les réalisateurs en ont peur.
Pourquoi tourner à Prague?
C’était un autre parti pris pour rendre hommage au cinéma de studio dont on a perdu le savoir-faire. Mais surtout, je ne voulais pas réaliser le film en décors réels. Une féérie exige le studio. Et depuis 2006, ceux de Barrandov représentent le top du top.
Film à l'affiche dans les salles romandes, mercredi 26 décembre.
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