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le blog d'Edmée - Page 544

  • Sortie cinéma: Melvil Poupaud change de sexe dans "Laurence Anyways"

    rz1gak8719dhka7z[1].jpgLe comédien français porte sur ses épaules le troisième film du Québécois Xavier Dolan. Après J’ai tué ma mère et Amours imaginaires, le jeune prodige de 23 ans s’est lancé dans un mélodrame particulièrement ambitieux de 160 minutes, Laurence Anyways. Il y suit dès 1989 et pendant dix ans le difficile parcours d’un professeur de lettres qui, se sentant femme depuis son enfance et en quête du grand amour, a décidé de changer de sexe.

    Dans une mise en scène à la fois flamboyante, baroque, kitsch et queer, le talentueux cinéaste, qualifié de Fassinder pop ou de coqueluche tête à claques, reprend les thèmes qui lui sont chers. Dont les rapports avec la mère et le droit à la différence sexuelle. La réussite de ce très, sinon trop long métrage doit beaucoup à l'excellente interprétation de Melvil Poupaud, que nous avons rencontré à Genève lors du festival LGBTIQ  Everybody’s Perfect.

    Au départ, l’acteur fétiche de feu Raoul Ruiz n’était pourtant pas prévu pour le rôle. Il a remplacé au pied levé Louis Garrel qui s’est soudainemet retiré du projet trois semaines avant le début du tournage. Inutile de dire que Poupaud n’a pas eu le temps de stresser. D’autant que pressenti pour un caractère secondaire, il connaissait le scénario. Et comme en plus il avait aidé sa mère à monter un documentaire sur des hétéros se travestissant en femmes, le sujet lui était familier.

    Melvil-Poupaud-Laurence-Anyways[1].jpgUne chance car les choses n’ont pas traîné A peine débarqué à Montréal, Melvil subissait déjà la torture de l’épilation et d’éprouvantes séances d’essayage de costumes. En revanche marcher avec des talons ne lui a pas posé de problèmes.

    L’idée du film n’est pas de jouer la femme, mais que Laurence soit enfin elle-même.  

    Effectivement. Il fallait de la sobriété dans le jeu, éviter le côté hystérique grande folle ou drag queen. Par exemple, je n’ai pas changé ma voix, ce que font certains transsexuels. Mais c'est logique, car la prise d’hormones ne transforme pas la tessiture.

    Cette conversion a-t-elle été perturbante?

    Non, dans la mesure où j’ai souvent été en costume à l'écran. Une robe n’en était qu’un autre et je n’ai pas éprouvé de problèmes psychologiques à entrer dedans. Sauf un jour où je me suis regardé dans une glace et où je ne me suis pas reconnu. Je me tenais devant le miroir, épilé, hyper maquillé, avec mes faux seins en silicone, et j’avoue que j’ai un peu flippé.

    "Mais en fait, ce qui m’a le plus dérangé, c’était le regard parfois ambigu des autres,  des figurants,  de membres de l’équipe qui avaient des soucis d’identité sexuelle. Il m’est arrivé de me sentir agressé par les yeux des machos posés sur moi. En même temps, ce rôle m’a conforté dans mon hétérosexualité. Je me suis même rendu compte qu’habillé comme elles, je plaisais presque plus aux femmes..."

    Vous êtes de toutes les scènes. Avez-vous été tenté de mettre votre grain de sel?

    Pas du tout. Je n’avais aucune envie  d’imposer ma vision. Cela faisait longtemps que Xavier avait ce film en tête. Il savait exactement ce qu’il voulait. J’étais disponible à l’écoute et je lui faisais une confiance totale. C’est un metteur en scène exceptionnel. Il a une énergie folle. Il est incroyablement professionnel, travailleur. D’une telle exigence d'ailleurs qu’il peut se montrer dur. Dire des choses blessantes. Par exemple: "Tu es vraiment nul". Remarquez, il vaut mieux qu'il fasse ce genre de remarques avant que les spectateurs s'en aperçoivent...

    Considérez-vous ce rôle comme un tournant dans votre carrière ?

    Il marque en tout cas plein de choses. Je l’attendais depuis quelques années. J’avais très envie de travailler avec un jeune réalisateur. En outre le film a provoqué en moi de petits changements. je vais avoir 40 ans et je suis aujourd’hui davantage attiré qu’avant par les femmes de mon âge. Cela m’a aidé à mûrir.

    Dans la foulée de Laurence Anyways, Melvil  Poupaud s’est aussitôt retrouvé sur un autre plateau, en maréchal Masséna, notamment aux côtés de John Malkovich dans Les lignes de Wellington de Valeria Sarmiento. Le film se déroule en 1810 et retrace l’invasion du Portugal par les troupes de Napoléon. Et il va tourner un nouveau Frankenstein signé Philippe Pareno. "Je ne suis pas la créature, mais son créateur".

    Cette boulimie de pellicule est liée au virus attrapé à l’âge de dix ans. "On n’en a jamais assez. Je fais un métier de frustré, d’égocentrique, de narcissique et de jaloux… "

    Film à l'affiche aux Cinémas du Grütli.

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  • Les mousquetaires de la raquette font léviter leurs compatriotes!

    gasquetrichard[1].jpgAlors qu’ils marchaient sur l’eau en raison des incroyables et exceptionnelles performances de Marion Bartoli et Richard Gasquet, atteignant respectivement les quarts et les huitièmes de finale à l’Us Open… les spécialistes français de la raquette se sont carrément mis à léviter.
     
    Et pour cause. Leurs compatriotes sont seuls au monde depuis huit jours. Bourreaux des courts, ils ont tout ravagé sur leur passage ou presque. Imaginez plutôt. Le dimanche 23 septembre, le valeureux Tsonga, tel Attila fondant sur l’Italie, aplatissait le malheureux transalpin Seppi à l’Open de Moselle en cinquante minutes, raflant dans la foulée son deuxième titre de la saison après Doha en janvier.  
     
    Et pourtant, suite aux fanfaronnades du Manceau de Gingins certain de s’illustrer à Flushing Meadows où il avait finalement piteusement chuté au second tour, j’ai cru un instant qu’il ne succombe à nouveau au syndrome vaudois façon Wawrinka, face au Russe Davydenko dans le dernier carré. Eh bien j’en ai été pour mes frais. Sans compter que c’était loin d’en être terminé des mirifiques exploits tricolores.

    En effet une semaine plus tard exactement, s'inspirant du glorieux exemple de leur leader, les autres intrépides mousquetaires Richard Gasquet et Gilles Simon survoltés par le climat asiatique, se retrouvaient à ferrailler l’un contre l’autre en finale du tournoi de Bangkok. assurant du coup une victoire bleue, en l'occurrence celle du Biterrois (photo). Tandis qu’un troisième, Julien Benneteau, défiait lui Juan Monaco au même niveau à Kuala Lumpur, après s’être débarrassé contre toute attente et en deux sets secs, de l’Espagnol David Ferrer. Waouh!

    Certes le Bressan a malheureusement perdu, mais cela n’enlève rien au fait qu’un triplé tricolore à de tels sommets et de conserve, cela ne s’était pas vu depuis le 15 juillet 2007, Paul-Henri Mathieu s’imposant alors à Gstaad et Fabrice Santoro dominant Nicolas Mahut sur le gazon de Newport. 
     
    Bon d’accord, vous me rétorquerez que rien n’a changé en cinq ans, vu qu’il s’agit de nouveau de petites épreuves de campagne à 250 points. Et qu’à part la mobylette de Valence au moteur défaillant pointant au 5e rang ATP, le mieux classé des deux tournois c’était le Serbe Janko Tipsarevic, 9e.
     
    Mais pour tout vous dire, voir les experts hexagonaux rouler autant des mécaniques pour des plateaux aussi peu relevés ne me les rend que plus touchants…

    Lien permanent Catégories : Les pieds dans le plat
  • Sorties cinéma: "Robot and Frank"

    701[1].pngAncien cambrioleur à la mémoire défaillante et quitté par sa femme, Frank se retrouve tout seul. Du coup son fils s’inquiète et lui impose la présence d’un robot domestique censé lui servir d’homme à tout faire. Le vieux grincheux voit d’abord d’un très mauvais oeil l'installation de ce colocataire. D’autant qu’il bouleverse son quotidien, ne cessant de lui donner des conseils pour sa santé, l’obligeant à faire du sport et à manger des légumes.

    Mais il finit par s’accommoder assez vite de ce compagnon insolite qu’il trouve dans le fond aussi malin que sympathique. Tous deux deviennent complices (photo)au point de concocter un casse à la bibliothèque locale. 

    Un premier long-métrage sans prétention, touchant et amusant. Il permet au réalisateur Jake Schreier, tout en jouant avec l’intelligence artificielle, d’aborder le thème du vieillissement et de ses aléas peu réjouissants comme la perte de mémoire et d’autonomie. En évitant avec finesse le pathos à faire pleurer dans les chaumières.

    L’excellente interprétation de Frank Langella, grand acteur le plus souvent voué aux seconds rôles, contribue plus que largement à la réussite du film.

    Sâdhu, un sage en crise de foi

    276872_411956945512892_209935329_n[1].jpgPendant plus d’une année, le Suisse Gaël Métroz a suivi Suraj Baba, un sâdhu, autrement dit un saint homme hindou. Il a fait vœu de pauvreté et de chasteté et s’est retiré pendant huit ans dans une grotte à 3000 mètres d’altitude au cœur de l’Himalaya. Mais après ce long isolement dans le dénuement, le silence et la méditation, l’ermite tiraillé par le doute est en proie à une crise de foi. Pour l’éprouver, il  décide de se confronter à nouveau au monde. Il se rend alors avec le réalisateur à la Kumbha Mela qui, tous les douze ans, réunit quelque 70 millions de pèlerins.

    Un sage qui cherche sa voie, se pose des questions et tente de donner un sens à sa vie, c’est ce que Gaël Métroz tente de montrer. La démarche est intéressante mais laisse un peu sur sa faim. On aurait souhaité un portrait plus approfondi de ce Suraj Baba passionné de littérature et qui voulait jouer dans un groupe de rock. On regrette aussi un certain manque de point de vue du cinéaste, au cours de ce périple sur fond de somptueux paysages.

    Chronique d’une mort oubliée

    7_bea00c3ddd[1].jpgEn 2005, dans un studio du centre-ville de Genève, la police découvre le corps décomposé sur son canapé, au milieu de la vermine, de Michel Christen, 53 ans. Il est mort depuis 28 mois. Oublié de tous, qu’il s’agisse de ses proches, de ses copains, de ses voisins le croyant parti, ou des services administratifs.

    Retraçant son histoire grâce à des archives vidéo et des témoignges, Pierre Morath dévoile un homme qui, à la suite d’une blessure, a quitté son travail de ramoneur, perdu sa famille, sombré dans l’alcool et la misère. L’auteur dresse aussi, dans son documentaire, un réquisitoire contre les services sociaux et révèle un audit commandé par le Conseil d’Etat pour faire la lumière sur ce drame, qui avait à l’époque indigné l’opinion publique. Une enquête très fouillée et rigoureusement menée.

    Films à l’affiche dans les salles romandes depuis mercredi 26 septembre.

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