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le blog d'Edmée - Page 525

  • Cinéma:"Yossi", "Les bêtes du Sud sauvage", "Touristes", "Une Estonienne à Paris"

    images[2].jpgUne seule sortie cette semaine, pour cause de vacances. L’occasion de rappeler quelques films à l’affiche depuis Noël dernier et dont nous n’avons pas encore parlé. Mais commençons  par le petit nouveau. En 2002, le réalisateur israélien Eytan Fox (photo) s’emparait d’une histoire vraie pour raconter, dans Yossi et Jagger, la relation amoureuse et tragique entre deux jeunes soldats de Tsahal. A l’époque, cette critique du machisme et de l’homophobie régnant au sein de l’armée, avait fait scandale.

    Dix ans après, le réalisateur revient avec Yossi, cardiologue et Tel-Aviv et qui ne s’est jamais remis de la mort de Jagger, tué lors d’une embuscade.  Marié à son travail, ce trentenaire joufflu dépressif, mal dans sa peau et dans son corps ingrat, n’assume pas son homosexualité  tout en repoussant les avances féminines. Ses loisirs se limitent à quelques pornos gays et des ébats sordides avec des prostitués mâles.

    Mais le passé resurgit lorsque Yossi tombe par hasard sur la mère de Jagger, venue passer des examens à l’hôpital. Sur un coup de tête il décide de partir seul faire un petit voyage dans le Sinaï. En chemin il prend en stop une bande de jeunes militaires dont Tom, un beau gosse homosexuel décomplexé. Fin, cultivé, le physique avantageux d’un Robert Pattinson israélien, ce fan de Mahler  joué par Oz Zehavi, va le pousser à faire enfin son deuil, à tourner la page, à s'assumer et à s’accepter tel qu’il est.

    Tout en brassant plusieurs thèmes importants dans cette suite tardive, Eytan Fox se montre nettement moins inspiré. Evitant cette fois toute polémique, il propose un mélo au scénario convenu. Mais en dépit du sentimentalisme ambiant et des rebondissements téléphonés, on est touché par l’émotion qui se dégage malgré tout du film. On la doit surtout à la belle interprétation d’Ohad Knoller, l’acteur fétiche d’Eytan Fox, alourdi de quelques kilos. 

    Hushpuppy dompte "Les bêtes du Sud sauvage"

    Deauville-2012-Les-Betes-du-sud-sauvage-remporte-le-Grand-prix_portrait_w532[1].jpgTout le monde sa salué la naissance d’un cinéaste surdoué de moins de trente ans. Benh Zeitlin a collectionné toutes les récompenses dont la Caméra d’or à Cannes et le Grand prix du film américain de Deauville avec Les bêtes du Sud sauvage. Après le cataclysme écologique et social provoqué par la tempête Katrina en Louisiane en 2005, le jeune artiste a décidé d’aller vivre sur place, d’y monter son film et de le faire jouer par des autochtones non professionnels.

    Au centre de l’histoire Hushpuppy. Adorable gamine orpheline de mère, elle habite au beau milieu du bayou, dans un invraisemblable bric-à-brac avec son père. Dans le coin vit aussi une communauté de déshérités qui refuse net de céder aux menaces d’expulsion.

    Dotée elle-même d’une incroyable force de caractère pour ses six ans, Hushpuppy a appris à se débrouiller seule, sans peur face à la nature qui s’emballe. Car la température grimpe, les eaux montent, les glaciers fondent, libérant une armée de redoutables aurochs. Parallèlement, l’indomptable et courageuse fillette résiste, se révolte, tentant de sauver son père miné par la maladie qui le ronge.

    Coup d’essai incontestablement transformé pour cette reconstitution symbolique de Katrina, critique de la société américaine qui prend des allures de fable allégorique, de conte fantastique et onirique. Benh Zeitlin, qui a le sens de l’image, du visuel, du mélodrame, partage sa réussite avec sa principale interprète, Ouvenzhané Wallis. Bluffante, craquante, elle porte le film sur ses épaules avec un naturel  irrésistible. Une autre étoile est née…  

    Randonnée mortelle pour "Touristes" 

    images[1].jpgJeune femme introvertie, Tina étouffe en compagnie d’une mère possessive et envahissante. Mais elle tombe amoureuse de Chris, écrivain en herbe, qui vient la sauver de sa terne existence et l’emmène visiter la province anglaise dans sa caravane. Un  tour qui se veut à la fois culturel et érotique. Leurs premières vacances. Un rêve.

    Mais ce séjour qui promettait d’être idyllique va très vite dégénérer par la faute de gens stupides et grossiers, qui s’ingénient à leur gâcher l’existence par leur comportement inepte. Chris et Tina ne voient dès lors qu’une solution pour se débarrasser de cette insupportable faune d’ados, de visiteurs, de campeurs bruyants, négligents, méprisants: les éliminer tout simplement. Et c’est ainsi que la balade des amoureux ne tarde pas à se transformer en une randonnée mortelle sous forme de jeu de massacre.

    Avec Touristes, comédie noire très british à l’humour décalé, grinçant et ses deux héros complètement jetés, Ben Wheatley livre un road movie d’un cynisme assez jubilatoire. Mais dont l’intérêt commence à faiblir au bout d’une heure. Principalement en raison du côté répétitif de l’intrigue, qui empêche le film de tenir toutes ses promesses.

    Jeanne Moreau dans "Une Estonienne à Paris"

    20293344.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgRiche bourgeoise parisienne d’origine estonienne autrefois de mœurs légères, aujourd’hui âgée et  acariâtre, Frida se voit imposer la présence d’une dame de compagnie par Stéphane, son jeune amant d’autrefois. Il s’agit d’Anna, Estonienne elle aussi, qui quitte son pays pour venir l'aider. Mais Frida, capricieuse, autoritaire, méchante, ne veut pas d’elle. Et dans un premier temps, tente de la persuader de retourner chez elle.

    Comme on peut s’en douter pourtant, les deux femmes vont se rapprocher l’une de l’autre. Dopée par Anna, la triste et cruelle Frida aux penchants suicidaires retrouve peu à peu goût à la vie. Et se laisse aller à quelques gestes d’une magnanimité insoupçonnée à l’égard de sa nouvelle amie. De quoi gâcher la deuxième partie de ce film sur les méfaits de l'âge et de la solitude, signé Ilmar Raag. Et où trône Jeanne Moreau, qui aurait fait merveille en vieille dame indigne jusqu’au bout.

    Films à l’affiche dans les salles romandes.

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  • Cinéma: Tom Cruise se coule dans la peau de "Jack Reacher"

    jack-reacher-tom-cruise1[1].jpgJack Reacher est un fantôme, ex-membre de la police militaire. Un brillant enquêteur, mais aussi un fauteur de troubles qui se fout de la loi et des preuves… Si on se fie à la bande annonce dont ces quelques mots sont tirés,  on se dit que le film est assez prometteur. D’autant que Tom Cruise, le début de cinquantaine alerte, y joue le premier rôle.

    Et en effet  les différents éléments se mettent au début en place d’une manière  intéressante. Après avoir passé quelques minutes en compagnie d’un tireur d’élite qui va  abattre cinq personnes au hasard, on passe dans le bureau du procureur. Où Jack Reacher disparu depuis deux ans et qu’on ne trouve que s’il le veut, se présente comme par miracle à la demande du coupable présumé. Dont une enquête rapide conclut à l’innocence…
     
    C’est ensuite que les choses se gâtent, ceux qui veulent lui faire porter le chapeau commettant bizarrement maladresses sur maladresses. Quant à Jack Reacher, il se démène pour trouver le véritable assassin au sein d’une intrigue aussi grossière qu’invraisemblable. L’une des séquences la plus saugrenue restant l’instant où il dépose ridiculement son arme pour combattre à mains nues et sous la pluie l’affreux crétin qu’il tenait pourtant au bout de son fusil. Sans oublier qu’il avait en plus une jeune femme à tirer de toute urgence des griffes de l'ennemi!
     
    Adapté du roman de Lee Child Folie furieuse, 9e tome des aventures de Jack Reacher, ce retour au film de "vigilante", courant droitier et violent du genre noir qui s’est développé dans les années 70, n’est pour tout dire pas franchement à l’honneur du réalisateur Christopher McQuarrie, scénariste entre autres de l’excellent Usual Suspects. Reste Tom Cruise pour tenter de sauver l'affaire. Sans grand succès... 

    Film à l'affiche dans les salles romandes depuis mercredi 26 décembre.

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  • Cinéma: "L'homme qui rit", portrait d'un adolescent différent

    220px-Jean-Pierre_Améris_Cabourg_2011[1].jpgLe réalisateur français Jean-Pierre Ameris (photo), à qui l’on doit une douzaine de films de cinéma et de télévision, dont le plus récent Les émotifs anonymes, s’est toujours intéressé aux marginaux, à la différence. Egalement sensible à la pensée de Victor Hugo, il s’est lancé dans une vaste entreprise: adapter L’homme qui rit, une œuvre culte de l’immense écrivain.
     
    Publié sans succès en 1869, situé dans l’Angleterre du XVIIe siècle et porté à l’écran pour la quatrième fois, ce roman étrange, baroque, surréaliste, politiquement engagé, raconte l’histoire de Gwynplaine, un jeune garçon horriblement défiguré par une cicatrice au visage que lui a infligée un trafiquant d’enfants et qui lui donne un douloureux et indélébile sourire. Abandonné, luttant contre uneviolente  tempête hivernale, il est recueilli avec Dea, une petite orpheline aveugle, par le forain Ursus, un costaud pittoresque au grand cœur.
     
    Déterminé à tirer parti de son apparence physique, une singularité dont s’est notamment inspiré le dessinateur Bob Kane pour le Joker de Batman, Gwynplaine acquiert une telle renommée dans le spectacle de rue, qu’il est appelé à la Cour. Mais les portes de la célébrité et de la richesse s'ouvrent pour mieux l’éloigner de Dea et Ursus, les seuls qui l’aient toujours aimé pour lui-même.
     
    Beaux costumes et beaux décors dans cet hommage admiratif où on retrouve Gérard Depardieu aux côtés de Marc-André Grondin, Christa Théret et Emmanuelle Seignier. Mais à l’exception de quelques scènes réussies, l’opus peine à convaincre au niveau de la réalisation et de l’interprétation, trop inégale.

    De passage à Genève, le cinéaste évoque la genèse de l’opus, qui remonte à loin. "En 1971, j’avais dix ans et le feuilleton passait à la télévision. Ca m’a impressionné, j’ai eu peur et ma mère n’a pas voulu que je voie la fin. A 15 ans, je retrouve l’histoire, me plonge dedans. Elle correspond à l’ado que suis, très complexé car je mesurais déjà deux mètres. Du coup, je suis bouleversé, je m’identifie au héros qui a des doutes sur son apparence, mais se sert de cette faille pour avancer".

    Vous avez eu beaucoup de difficultés à parvenir à vos fins.

    Effectivement que ce soit dans le financement qui m'a été refusé en 2002, l’adaptation ou la mise en scène. Avec mon co-scénariste Guillaume Laurant nous avons écrit de 2007 à 2010. Mon problème était de rester fidèle à l’esprit de Victor Hugo, tout en me centrant particulièrement sur Gwynplaine, un garçon dans lequel un jeune d’aujourd’hui pourrait se reconnaître. En ce qui concerne le style, j’ai consulté des spécialistes de l’écrivain. Je redoutais leur vision avec ce mélange de tragique d’émotion, de mélodrame, de  grotesque.

    images[2].jpgLa transformation de Marc-André Grondin en Gwynplaine a-t-elle exigé beaucoup de travail?

    Il porte une prothèse des paupières au menton et on dessine les cicatrices dessus. Cela demande trois heures de maquillage, sans compter les corrections dans la journée.  

    Comment s’est passée la collaboration avec Gérard Depardieu?

    C’était également pas mal de travail... mais cela correspondait heureusement à son désir du film. Il aime ce roman, qui représente quelque chose d’autobiographique pour lui. Il y a mis beaucoup de lui-même. Mais il faut batailler contre son impatience. Gérard a des points communs avec Benoît Poelvoorde. Tous deux veulent être dirigés. Mais souvent les réalisateurs en ont peur.

    Pourquoi tourner à Prague?

    C’était un autre parti pris pour rendre hommage au cinéma de studio dont on a perdu le savoir-faire. Mais surtout, je ne voulais pas réaliser le film en décors réels. Une féérie exige le studio. Et depuis 2006, ceux de Barrandov représentent le top du top.

    Film à l'affiche dans les salles romandes, mercredi 26 décembre.

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