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le blog d'Edmée - Page 480

  • Cinéma: "En solitaire" avec François Cluzet à la barre

    en-solitaire_4522096[1].jpgLe Vendée Globe, autrement dit le tour du monde à la voile en solitaire, c’est le rêve de tout navigateur qui se respecte. Yann Kermadec voit le sien se réaliser en remplaçant au pied levé un concurrent ami blessé. Autant dire qu’il est farouchement déterminé à saisir sa chance. Avec un seul objectif, gagner.

    Au début tout baigne, mais les choses se gâtent quand il est victime d’une grave avarie qui le force à s’arrêter pour réparer. Et plus encore quand, parvenu à rallier la course, il découvre dans sa soute un jeune passager clandestin. Damned, il risque la disqualification.

    D’un crédible! Mais au-delà de l’invraisemblance, c’est tout le film qui prend l’eau, l’une des plus redoutables odyssées sportives virant au mélo larmoyant et conformiste. Avec à la barre un marin bougon au grand cœur luttant avec sa conscience pour décider ce qu’il va faire de cet empêcheur de triompher en rond.

    A la décharge du chef opérateur Christophe Offenstein, qui livre sa première réalisation avec En solitaire, on relèvera quelques images spectaculaires et un François Cluzet qui ne se débrouille pas trop mal au moulin à café dans la tempête. Mais c’est loin de suffire, personne ne trouvant son compte dans cette épreuve d’endurance tronquée et cette aventure humaine d’un nunuche achevé.  

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  • Cinéma: Martin Provost fait revivre Violette Leduc. Une réussite

    5229c1058e3fb[1].jpgPendant la Deuxième Guerre mondiale, Violette Leduc fait du marché noir. Rien alors ne destinait cette femme, née bâtarde 35 ans auparavant et morte en 1972, à une carrière littéraire. Réfugiée en Basse-Normandie, elle vit avec l’écrivain homosexuel Maurice Sachs, qu’elle aime sans être payée de retour, et publie des articles dans les journaux. 

    Sur ses conseils, elle commence à écrire ses souvenirs d’enfance et remet le manuscrit à Simone de Beauvoir, dont elle tombe immédiatement amoureuse. Une passion non partagée. Mais la célèbre philosophe et essayiste est convaincue, en dépit du flop initial de Violette Leduc avec L’Asphyxie, d’avoir découvert un écrivain hors norme chez celle qu’elle appelait la femme laide. Elle l’exhorte, sinon lui ordonne de continuer à travailler. Et l’aidera toute sa vie, préfaçant La bâtarde, son premier succès. 

    C’est entre ces livres que se déroule le film. Très réussi, il évoque à la fois cette relation entre les deux femmes basée sur l’écriture et le combat que Violette Leduc, écorchée vive, souffrant d’avoir été reniée à sa venue au monde, mène contre elle-même pour s‘en sortir.

    Magnifiquement interprété par Emmanuelle Devos (Violette) Sandrine Kiberlain ( Simone de Beauvoir) entourée d’une brochette d’excellents acteurs comme Catherine Hiegel, Olivier Goumet, Jaques Bonnaffé, Olivier Py, il est signé Matin Provost (photo), auteur il y a cinq ans de Séraphine. Il racontait l’histoire d’une peintre autodidacte visionnaire, femme de ménage chez un marchand d’art allemand et morte à 78 ans dans un asile psychiatrique. Le réalisateur a coécrit à la même période Violette, avec son biographe René de Ceccaty qui lui a fait découvrir la talentueuse romancière.

    Martin+Provost+NhNQG1MVE6Km[1].jpgAprès ces deux portraits de femmes très à l’avant-garde dans leur époque, Martin Provost en imagine un troisième. "Peut-être une musicienne, je cherche encore", nous a-t-il confié lors d’un récent passage à Genève.

    – Qu’est-ce qui vous fascine tant chez Séraphine de Senlis et Violette Leduc, héroïnes oubliées du grand public?

    -Je ne suis pas vraiment fasciné. Je veux surtout montrer que des êtres humains en marge, des femmes, ont œuvré, même dans l’ombre,  pour évolution de l’art. Violette est la première à avoir pratiqué ce que l’on appelle aujourd’hui l’autofiction la première à s’exprimer ouvertement sur  l’homosexualité féminine, à décrire un pénis avec des mots extraordinaires.

    -Vous semblez d’ailleurs parler de vous à travers Violette Leduc.

    -C’est vrai. Comme j’ai traversé des années difficiles, il y a une identification forte. Je suis arrivé très jeune à Paris avec ma valise. J’ai vécu dans une chambre de bonne. J’aurais pu être délinquant. Mais j’ai eu de la chance. Je pense que la richesse de Violette, c’est d’avoir été bâtarde et rejetée. Je suis également quelqu’un de très féminin. J’ai été élevé par des femmes. Ce que je suis me vient de ma mère, dotée d’un formidable potentiel, mais une artiste frustrée. J’ai réalisé ce qu’elle n’a pas osé faire. A cause de mon père. C’est du moins ce qu’elle disait.

    -Comment avez-vous choisi vos deux comédiennes principales?

    -J’ai écrit le rôle de Violette pour Emmanuelle Devos comme j’avais destiné celui de Séraphine à Yolande Moreau. Emmanuelle a accepté de s’enlaidir, de mettre un nez postiche. C’est aussi elle qui m’a suggéré Sandrine Kiberlain pour jouer Simone de Beauvoir. Beaucoup d’actrices refusent de l’incarner par crainte de ne pas être à la hauteur. Pas Sandrine. Elle était déterminée et y est allée à fond.

    Film à l'affiche dans les salles romandes, dès mercredi 6 octobre.

     

     

     

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  • Cinéma: "Quai d'Orsay", dans les coulisses de la diplomatie fraçaise

    b00889f2-5a50-11e2-922f-0c1a40f503f3-493x328[1].jpgTombé sous le charme de la BD éponyme de d’Abel Lanzac et Christophe et Blain, Bertrand Tavernier signe sa première satire politique avec Quai d’Orsay, adapté du premier tome. Le jeune Arthur Vlaminck est engagé au service du ministre des Affaires étrangères Alexandre Taillard de Worms. Au contact de ce grand homme charmeur, survolté et virevoltant, il découvre, et nous avec lui, les coulisses de la diplomatie française.

    Diplômé de l’ENA, Arthur, brillamment interprété par Raphaël Personnaz, doit donc écrire les discours du maître des lieux, jusqu’au plus célèbre d’entre eux, celui contre la guerre en Irak, applaudi aux Nations-Unies le 14 février 2003. 

    La  tâche est dantesque dans la mesure où chaque mot est pesé dans des phrases remaniées à l'envi par le ministre jamais satisfait. Et où "la plume", humiliée plus souvent qu’à son tour doit on seulement remettre sans relâche son ouvrage méprisé sur le métier, mais également composer avec les susceptibilités, les hypocrisies, les coups fourrés et les ambitions de chacun, au sein d’une équipe constamment sous stress. 

    Cette comédie du pouvoir est emmenée tambour battant par un bluffant Thierry Lhermitte, qui ne craint ni l’outrance ni l’exubérance en enfilant le costume de l’extravagant, théâtral, séduisant et agaçant maître des lieux, inspiré par de Dominique de Villepin. Evitant de tomber dans le piège de l'imitation, mais se délectant à l’évidence de son personnage aux tics de langage, citant Héraclite et vouant une passion immodérée au Stabilo Boss jaune, il s’amuse comme un petit fou.

    Le contraste est saisissant entre son énergie débordante et la placidité de Niels Arestrup, excellent dans son rôle le de directeur de cabinet à la voix douce et traînante, tentant d’apaiser les tensions avec un détachement et calme qui confinent à l’apathie.

    Un film intelligent, tourbillonnant, bien maîtrisé, en dépit de son côté un peu caricatural. On regrette par ailleurs quelques scènes débordant du cadre en nous emmenant dans l’intimité de la "plume".   Alourdissant l’intrigue, elles parasitent inutilement un univers dingue, dont les protagonistes dévoués corps et âme à leur fonction vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sont censés n’avoir aucune vie privée. (Photo: Bertrand Tavernier au centre entre Thierry Lhermitte et Raphaël Personnaz).

    Film à l’affiche dans les salles romands dès mercredi 6 novembre.   

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