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le blog d'Edmée - Page 475

  • Festival de Locarno: Le Léopard d'or à "Historia de la meva mort". Pauvre Casanova...

    1417253_pic_970x641[1].jpgSelon le directeur artistique Carlo Chatrian, l’urgent, pour la prochaine édition, c’est de changer les chaises de la Piazza Grande! A mon humble avis, il serait plus pressant de se préoccuper d’une meilleure qualité des films, notamment en compétition. Par exemple pour primer un Léopard d’or réellement digne du précieux métal.

    Ce n’est pas le cas du lauréat surprise 2013 Historia de la meva mort (Histoire de ma mort), une oeuvrette mineure qui illustre un concours bien loin de ses promesses… sur le papier. Son auteur, l’Espagnol Albert Serra (photo) nous conte les derniers jours de Casanova, dont est témoin son nouveau serviteur. 

    Finies la légèreté, les mondanités, l’ambiance libertine très 18e du château français qu’il vient de quitter pour passer ses ultimes moments dans la pauvreté de l’Europe septentrionale. Où il doit faire face au pouvoir de Dracula. Et nous voici partis pour un opus à l’ancienne interminable (2h30) aussi poseur et prétentieux que lourdement crépusculaire avec référence à ce qui se passe aujourd’hui sur le Vieux Continent.

    Une mention à "Tableau noir" d'Yves Yersin

    Reprenant ses esprits, le jury a décerné son prix spécial à E Agora? Lembra-me du Portugais Joaquim Pinto. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il propose une réflexion sur la survie, l’amour et l’amitié. Par ailleurs, alors qu’il a attribué le prix du meilleur réalisateur au Sud-Coréen Hong Sangsoo pour U ri Sunhi, sauvant ainsi l’honneur de l’Asie, il a eu la bonne idée de se fendre de deux mentions spéciales.

    L’une va à Tableau noir d‘Yves Yersin, qui a ému aux larmes les festivaliers avec son documentaire touchant sur une école neuchâteloise condamnée à fermer, et où un instituteur pas comme les autres transforme l’enseignement en un jeu doublé d’une leçon de vie.

    short-larson-stanfield[1].jpgLa seconde mention récompense Short Term 12 de l’Américain Destin Cretton, où la jeune Grace,  s’occupant d’ados à problèmes, est rattrapée par sa propre enfance douloureuse. Sa protagoniste Brie Larson (photo) a par ailleurs été sacrée meilleure actrice. Côté masculin, le trophée a été remporté par le Mexicain Fernando Bacilio, qui porte sur ses épaules l’œuvre plutôt alambiquée des frères Daniel et Diego Vega.

    Du souci pour la Piazza Grande

    Que la compétition demeure le parent pauvre n’est pas un scoop. En revanche on se fait du souci pour la Piazza Grande qui passe pour l’une des armes maîtresses du festival. Sur les quatorze nouveautés proposées, on n’en retient véritablement que cinq, Gabrielle, Gloria, Mr Morgan’s Last Love, avec un très craquant Michael Caine, ainsi que les films des deux Romands, Lionel Baier avec Les Grandes Ondes (à l’Ouest) et Jean-Stéphane Bron, qui a fait le buzz avec L’expérience Blocher

    Pour le reste, si l’on excepte bien sûr Fitzcarraldo de Werner Herzog ou Rich And Famous de George Cukor, on s’est retrouvé avec une programmation presque aussi calamiteuse que l’an passé, entre quelques daubes américaines, une série B italienne ou encore une romance sirupeuse belgo-germanique.

    Glamour et rétrospective en guise de piment

    -a_star_is_born[1].jpgComme son prédécesseur Olivier Père, Carlo Chatrian a battu le rappel des stars et misé sur la rétrospective pour pimenter son édition. Bien lui en a pris, même si ce sont des arbres qui cachent la forêt. A l’image d’Otto Preminger l’an dernier, George Cukor, le maître de la comédie hollywoodienne, justifiait à lui seul le voyage au Tessin.

    Rappel pour ceux qui auraient manqué l’événement, trente-cinq films de l’intégrale sont programmés du 29 août au 31 octobre à  la Cinémathèque suisse à Lausanne. De leur côté, les Cinémas du Grütli en proposent une vingtaine à Genève du 21 août au 10 septembre. A vos agendas!

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  • Festival de Locarno: A qui le Léopard d'or pour ce cru 2013... qui n'en vaut pas le métal?

    224916527_640[1].jpgEt voilà, les jeux sont quasiment faits pour la course au Léopard d'or 2013. Il ne reste plus qu’un film taïwanais en compétition A Time in Quchi. De quoi espérer encore... Je parlais en effet du côté languissant de la compétition à une ou deux exceptions près, jusqu’à l’émouvante réussite de Tableau noir d’Yves Yersin. Depuis, le concours n’a pas franchement décollé, comptant hélas davantage de bas que de hauts.

    Des hauts qui n’atteignent de surcrfoît pas des sommets… Parmi ces derniers, Tonnerre de Guillaume Brac (photo). Le réalisateur français nous raconte l’histoire d’un rocker à la dérive pas très gâté par la nature. Revenu chez son vieux père (étonnant et fantasque Bernard Menez) dans sa ville natale de Tonnerre, il tombe amoureux raide dingue de la ravissante Mélodie, stagiaire dans le journal du coin. Mais la passion se transforme en une jalousie à deux doigts de la folie meurtrière lorsqu’elle le rejette pour retourner auprès d’un jeune et beau footballeur.

    Filmbild_gross1[1].jpgHonorable également Mary Queen Of Scots, film en costumes du Suisse Thomas Imbach fasciné par cette figure historique. S’inspirant de Stephan Zweig, il revisite l’aventure tragique de celle dont l’ennemie mortelle, sa cousine Elisabeth, ordonna l’emprisonnement pendant dix-neuf ans avant de lui faire couper la tête. Le cinéaste qui procède par voie de lettres lues en voie off que Mary (Camille Rutherford, photo) écrit à sa rivale, compare les deux femmes à deux lionnes se battant pour le même trône. Le tout sur fond de guerres de religion renvoyant à ce qui se passe aujourd’hui.

    Dans le genre boyscout et bondieusard sur les bords, à signaler Short Term 12 de l’Américain né à Hawai Destin Cretton. Particulièrement apprécié du public, il met en scène Grace, 20 ans. Elle s’occupe d’ados à problèmes dans un centre, mais est rattrapée par la violence et les abus qu’elle a  subis dans sa propre enfance.

    De leur côté, les Asiatiques se contentent eux aussi de donner dans le respectable sans génie. Comme les Japonais Kiyoshi Kurosawa  avec Real et Shinji Aoyama avec Tomogui. Je n’ai pas été emballée non plus par Sangue, production italo-helvétique de Pippo Delbono, qui met en vedette Giovanni Senzani, un ancien leader des Brigades rouges récemment sorti de prison. Ensemble ils évoquent leur rapport à la mort, à la violence, aux rêves de révolution et à l’Italie en ruines.

    90181[1].jpgLe choix de faire parler l’ex-terroriste a déplu au gouvernement tessinois mais a été bien applaudi par les critiques. Tout comme Educaçao Sentimental du Portugais Julio Bressane, un objet cinématographique pourtant assez plombant. Je lui préfère nettement E Agora? Lembra-me de son compatriote Joaquim Pinto (photo), dont je vous avais déjà parlé. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il se livre à une réflexion sur la survie, l'amour et l'amitié à la fois douloureuse et pleine d'espoir. 

    Reste un film roumain dédié au septième art, dont le titre peut se traduire en français par Quand le soir tombe sur Bucarest ou Metabolisme. L’œuvre et la vie du cinéaste s’entremêlent dans cet opus qui fait littéralement se pâmer certains. Je vous avouerais que ce n’est pas mon cas.

    Tout cela pour vous dire qu’il m’est difficile de dénicher un Léopard véritablement digne de décrocher l’or. Et que s’il ne tenait qu’à moi, je le remballerais jusqu’à l’année prochaine. Mais évidemment, comme toujours, le journaliste propose et le jury dispose. Et tout peut arriver à Locarno, y compris un prix d'interprétation à Carla Juri, l'héroïne du dégoûtant Zones humides! Verdict samedi soir sur la Piazza Grande.

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  • Locarno: ces coups qui font cavaler le festivalier...

    images[3].jpgQu’est-ce qui fait beaucoup courir les festivaliers? Les stars, une daube américaine, une romance à sangloter dans les chaumières... et surtout le sexe, avec un sulfureux parfum de scandale à la clé. A Locarno cela fait belle lurette que les directeurs artistiques aiment miser sur la chose pour qu'on en cause. Avec succès, la preuve!

    En 2000, Marco Muller avait réussi un bon  coup en sélectionnant en compétition Baise-moi de Virginie Despentes. Classé X en France, il avait rameuté la foule au triple galop. Pour sa première année Olivier Père, moins inspiré, avait appâté le client en 2010 avec  L. A. Zombie de Bruce LaBruce, lui aussi en lice pour le Léopard d’Or. Sous prétexte d’art, il nous fourguait tout bêtement un porno gore homo, mettant en scène une créature à la libido exacerbé, qui fouillait les blessures des morts de sa grotesque queue fourchue, histoire de les ramener à la vie. 

    Pour ce cru 2013, le nouveau ponte Carlo Chatrian s’est sans doute dit qu’il se devait lui aussi de programmer du croustillant sous la ceinture. Il a ainsi choisi de mettre  en concours Zones humides de l’Allemand David Wnendt, adapté du best seller éponyme de sa compatriote Charlotte Roche et qui avait provoqué des remous dans le pays lors de sa sortie en 2008.

    La vertu des odeurs, fluides et sécrétions

    Dénonçant l’emprise pudique, hygiéniste et avilissante de la société sur les fondamentaux de l’être humain, la romancière décrit les aventures, qui se passent exclusivement à l’hôpital, d’une jeune fille  bisexuelle, adepte de pratiques anales et de plaisirs sales, prônant la vertu des odeurs, laideurs et disgrâces, le tout sur fond de fluides et de sécrétions diverses.

    Si ce manifeste féministe se veut notamment un pied de nez à la mode et à notre obsession pour l’esthétique, ce n’est pas le cas du film qui s'est principalement distingué en faisant souffler un vent de cul sur le festival. Il n’en fallait pas davantage pour que l’objet fasse salle comble, tout comme la conférence de presse qui a suivi la projection. Et cela d’autant plus que l’héroïne n’est autre que la Tessinoise Carla Juri (photo), comédienne par ailleurs pleine de charme et de caractère.

    Elle enfile le costume d’Helen qui entretient une relation conflictuelle avec ses parents divorcés. Espérant les réconcilier, elle utilise le sexe pour régler son problème existentiel, jouant les anticonformistes en compagnie de son amie Corinna. Evitant de trop se laver, elle écume aussi des toilettes publiques hyper crades. Souffrant d’hémorroïdes, elle ne cesse de se gratter le derrière en faisant du skate. Elle finit par se retrouver à l’hôpital après un malencontreux accident de rasage intime et tombe amoureuse de son infirmier.

    Divagation parfois onirique autour des parties du corps qui puent, le film se targue prétentieusement de briser des tabous. Emmené par une rebelle bidon, il se révèle hélas faussement transgressif, faussement provocateur, minablement exhibitionniste et totalement dépourvu d’érotisme. Du pipi caca culminant dans un échange de tampons ensanglantés entre les deux copines ou dans l’histoire d’une commande de pizza copieusement assaisonnée au sperme. En bref, c’est juste dégueu!

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