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le blog d'Edmée - Page 405

  • Cinéma: "Des lendemains qui chantent", mais manquent de punch

    images[5].jpgDans l’isoloir, Léon hésite. On est en 2002. Seul de son petit groupe d’amis, il finit par opter pour Lionel Jospin, le candidat socialiste à la présidence. Le 21 avril, l’impensable se produit avec Jean-Marie Le Pen au second tour…

    Retour alors en 1981 et la victoire de François Mitterrand le 10 mai. A Saint-Etienne, Léon et son frère Olivier font la fête comme tous les socialistes en liesse. Mais bientôt, les choses changent. Ex-trotskyste monté à Paris, Olivier se coule dans le moule du communicant ambitieux, opportuniste et cynique. De son côté, se voulant un journaliste sans concessions, Léon erre d’une rédaction de gauche à une autre, pour se retrouver à la télévision, pistonné par son frérot.

    Ils se partagent en outre la jolie Noémie que Léon a rencontrée le grand soir. Devenue conseillère présidentielle, elle n'arrive pas à choisir entre les deux. Il y a encore Sylvain, un ami d’enfance qui a fait fortune dans le Minitel rose.

    Issu du documentaire, Nicolas Castro  propose son premier long-métrage de fiction avec Des lendemains qui chantent où il se plaît à revisiter, sur une période de 20 ans, l'histoire récente de la France et du socialisme, notamment à l'aide d'archives télévises parfois savoureuses. Il évoque l’évolution des mœurs, de la classe politique et des médias, se moquant de Libération et de Serge July, du Nouvel-Observateur et de ses dossiers saisonniers, de Globe l'hebdo branché jusqu'au grotesque.

    A travers sa bande de potes typés dont il brosse le portrait, le réalisateur veut dresser une sorte de bilan de la génération Mitterrand, montrant le basculement d’utopistes naïfs vers le libéralisme et le capitalisme. Profitant de l’occasion il tente de tacler tous azimuts, s'appliquant à se payer la gauche caviar, les opportunistes façon Tapie, ou la droite avec son appât du gain.

    Vaste sujet. Pas facile pourtant de résumer vingt ans dont deux septennats de gauche en à peine plus d’une heure trente. Nicolas Castro ne fait ainsi qu’effleurer son sujet dans une mini-fresque à vocation comique, qui peine à s’élever à la hauteur de ses ambitions même si elle se veut sans prétention. Il reste dans le gentillet et la caricature, qu’il s’agisse de son scénario ou de ses trois principaux personnages pareillement superficiels, incarnés par Pio Marmai, Laetitia Casta (photo) et Gaspard Proust. Du coup, ça manque de punch. Dommage. 

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 août. 

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  • Cinéma: "Le procès de Viviane Amsalem", kafkaïen divorce à l'israélienne

    images[5].jpgAprès Prendre femme en 2004 inspiré de leurs parents et de leur enfance, puis  Les 7  jours en 2007, sur comment vivre ensemble en famille, Shlomi et Ronit Elkabetz proposent Le procès de Viviane Amsalem, dernier volet de la trilogie.

    Frère et sœur qui s'adorent se penchent sur le douloureux problème du divorce en Israël, uniquement  prononcé par les rabbins en vertu de la législation talmudique. Pour autant que le mari, détenant plus de pouvoir que les juges en la matière, donne son accord.

    Un huis-clos étouffant

    C’est ainsi que depuis trois ans, Viviane lutte farouchement pour conquérir une liberté qu’ Elisha lui refuse obstinément pour ne pas devenir la honte du lieu. Cela donne lieu à un huis-clos  étouffant en forme de guerre de tranchées entre les deux conjoints dans un petit tribunal austère aux murs blancs, où les deux réalisateurs dénoncent l’absurdité d’une situation kafkaïenne.

    Au tragique de plus en plus grotesque se mêlent quelques touches d’humour, notamment amenées par un pittoresque défilé de témoins. Des protagonistes qui semblent sortis d’une comédie italienne, voisines à l'évidence compatissantes et compréhensives, mais contraintes dans leurs déclarations, compagnons de synagogue d’Elisha et spectateurs acquis à la cause masculine.

    La malheureuse héroïne, à qui la remarquable, belle et sauvage Ronit Elkabetz, considérée comme la Magnani israélienne prête son visage, a évidemment le plus grand mal à se faire entendre face aux trois rabbins juchés sur une estrade. Hypocrites et sentencieux, ils cherchent à gagner du temps en repoussant sans cesse leur décision sous de fallacieux prétextes, pour éviter la nuisance que causerait l’éclatement d’un foyer.

    Le procès d'un pays

    Au-delà du Procès de Viviane Amsalem, ce film passionnant, tendu et plein d’émotion, métaphore de la condition des femmes dans le monde, fait aussi celui d’un pays où il n’existe pas de séparation entre les lois civiles et religieuses, Et où l’inégalité règne à tous les niveaux.

    Avec en l’occurrence deux chiffres éloquents. «Si les femmes peuvent aussi refuser le divorce à leur mari, elles sont 200.000 en attente d’une séparation contre… trois hommes», nous apprenait Shlomi Elkabetz de passage à Genève.

    images[6].jpg«C’est ce que nous avons voulu montrer à travers ce cas exemplaire. Exposer aux yeux du monde la situation terrible dans laquelle elles se trouvent, attendant parfois pendant vingt ans qu’on les libère enfin d’un mariage dont elles ne veulent plus, d’un homme qu’elles ne supportent plus, qu’elles n’aiment plus.» A l'image d'Elisha dans l'opus, interprété par l'excellent Simon Abkarian (photo).

    Peut-être que grâce à ce film, les choses pourraient éventuellement commencer à bouger. Par exemple en créant le débat. Du moins Shlomi l’espère-t-il avec sa sœur Ronit. Tous deux savent pourtant que le chemin est encore long dans ce pays considéré comme le plus démocratique du Moyen-Orient, mais qui se révèle identique aux autres en continuant à appliquer des règles vieilles de 4000 ans ».

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 août

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  • Festival de Locarno: Le Léopard d'Or au réalisateur philippin Lav Diaz

    fullsizephoto99687[1].jpgA Locarno comme à Cannes en mai dernier, le plus long film de la compétition a produit sur le jury l’effet de la cape rouge sur le taureau…  Tandis que le Turc Nuri Bilge Ceylan remportait la Palme sur la Croisette avec Winter Sleep (3h16) le Philippin Lav Diaz (photo) a fait encore mieux, en raflant le Léopard d’Or avec Mula sa kung ano ang soon (5h38).

    Une durée qui n’a pas rebuté le président Gianfranco Rosi et ses petits camarades, tant ils ont vécu avec ce «chef d’oeuvre», une «intense expérience de cinéma». Ils admettent toutefois s’être accordé une «pause pipi» avant de reprendre la cours de l’œuvre.

    Filmée en noir et blanc, elle se déroule en 1972 dans un petit village isolé théâtre de mystérieux événements, avant que le président Ferdinand Marcos ne promulgue la loi martiale. Le début d’une période sanglante.

    Dans le PardoLive, le journal du festival, Lav Diaz manifeste sa joie. «C’est incroyable, merci Locarno, je reste sans voix». L’auteur, qui part du particulier pour atteindre l’universel, explique que son film est basé sur ses propres souvenirs d’enfance, «tout est réel, j’ai juste changé les noms», deux ans avant «la période la plus noire de notre histoire »

    Il dédie ce film historique à son père, un cinéphile fou qui lui a transmis le virus, au peuple philippin pour sa lutte et à tous les cinéastes sérieux de ce monde, notamment Pedro Costa, «mon frère dont j’adore le travail».

    Pedro Costa meilleur réalisateur

    Le Portugais figure  d’ailleurs aussi au palmarès. Il a reçu le prix du meilleur réalisateur pour son oppressant Cavalo Dinheiro dont le format carré ajoute encore à la sensation d’étouffement. On y suit Ventura, maçon de Lisbonne né au Cap Vert dans d’étranges souterrains, tandis que de jeunes capitaines mènent la révolution des Œillets dans la rue.

    453389864[1].jpgCes deux choix convenus se justifient certes sur le plan cinématographique, même si je ne partage pas le fol enthousiasme du jury et des fans présents. Comme imaginé donc dans mon précédent billet, pas de Léopard d’Or pour Durak (Le fou) du Russe Yury Bykov, mon favori et celui d’une grande partie des critiques, 

    Sa dénonciation de la corruption en Russie est toutefois un peu récompensée par l’attribution du prix masculin d’interprétation à son héros Artem  Bystrov (photo), excellent en plombier d’une rare intégrité, se lançant au péril de sa vie à l'assaut des bureaucrates pourris. Côté féminin, la Française Ariane Labed est sacrée meilleure actrice dans le médiocre Fidelio, l’odyssée d’Alice de sa compatriote Lucie  Borleteau. Plus pour ses charmes dont elle abuse en mer que pour son talent…

    Le prix spécial du jury est allé au banal et verbeux Listen Up Philip de l’Américain Alex Ross Perry et une mention à Ventos de Agosto du Brésilien Gabriel Mascaro. Quant au Vaudois Fernand  Melgar, auteur de L’Abri, évoquant le quotidien sordide de SDF dans un centre d’hébergement d’urgence à Lausanne,  il est hélas à nouveau reparti les mains vides. Mais moins n’a-t-il pas été insulté comme pour Vol spécial par le président du cru 2011, Paulo Branco...

    La Piazza Grande en chute libre

    get[3].jpgS’il a fallu racler les fonds de tiroir pour dénicher six prix dans la grisaille d’un concours languissant réunissant dix-sept prétendants dont la majorité distillait un rare ennui, que dire de la programmation d’une Piazza Grande en chute libre... si l’on excepte les films vus et revus de Luchino Visconti ou Agnès Varda, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski et Sils Maria d'Oliver Assayas (avec Juliette Binoche, photo), tous deux rescapés de Cannes

    A sauver également Marie Heurtin de Jean Améris, l’histoire vraie d’une adolescente de 14 ans sourde muette et aveugle qu’une religieuse sort de son obscurité,  Dancing Arabs, d’Eran Riklis évoquant un garçon israélo-palestinien déchiré entre deux cultures. Un mot encore sur Pause du Lausannois Mathieu Urfer, un premier film prometteur dont on aura l’occasion de reparler lors de sa sortie en salles.

    A part ça, ce n’était pas loin du petit musée des horreurs. Pêle-mêle on a vu le décervelé Lucy de Luc Besson, le calamiteux Love Island de Jasmila Zbanic, le laborieux Hundred-Foot Journey de Lasse Hallström ou encore l’écoeurant A la vie de Jean-Jacques Zielbermann. Moins navrant, ce n'était pas difficile, mais téléphoné en diable, Schweizer Helden lauréat du Prix du public.

    Sauvé par les stars et la rétrospective

    rocco-e-i-suoi-fratelli[1].jpgComme toujours le festival, un rien perturbé par la pluie qui a découragé quelques spectateurs et l’annulation de la visite de Roman Polanski mal vécue par ses admirateurs, a surtout été en partie par une pléiade de stars qui, de Melanie Griffith à Juliette Binoche en passant par Mia Farrow et Agnès Varda, se sont gracieusement pliées aux traditionnelles conversations au Spazio Cinema.

    Il a surtout séduit par son excellente rétrospective, forte d’une cinquantaine d’œuvres, consacrée à la plus ancienne maison de production italienne Titanus fondée en  1904. Merci aux Fellini, Rossellini, Visconti, De Sica, Commencini, Monicelli, Lattuada, que les cinéphiles retrouveront aux Cinémas du Grütli à Genève du 20 août au 2  septembre et à la Cinémathèque suisse à Lausanne, du 28 août au 4 octobre.

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