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le blog d'Edmée - Page 406

  • Coupe Davis: le Saladier d'argent aux Suisses, c'est la moindre des choses!

    5157145[1].jpgUn retour sur cet exploit, en partie facilité par des Français obnubilés, obsédés, hantés depuis septembre dernier par l'idée de décrocher le Graal du Graal, s'impose.  

    Tandis que les Fedrinka s’en allaient disputer quelques tournois majeurs pour se maintenir à flot, les Bleus repliés au camp de base se contentaient de nourrir des rêves orgasmiques de dixième Coupe, notamment illustrés par cette affiche ridicule (photo ci-dessous) où les mousquetaires et leur entraineur posent la gueule grande ouverte. Un rugissement guerrier complété par ce titre sans ambiguïté: l’ultime combat.

    Autant dire que pour nos chers voisins, c’était quasiment fait. Sondages à l’appui, tout était prétexte à servir du petit suisse à chaque repas, chacun y allant de son analyse pointue pour mieux le boulotter. Et puis dimanche dernier, voilà que tombait l’info qui décoiffe, justifiant pleinement ces actes de foi: Federer était contraint de déclarer forfait en finale des Masters de Londres pour cause de dos en capilotade.

    Entre sanglots déchirants et larmes de crocodile

    Tandis que cela sanglotait dans les chaumières helvétiques face à ce tragique coup du sort, la nation traumatisée n’ayant plus que la prière pour implorer le Dieu du tennis d’épargner la meilleure de ses brebis, les Tricolores se lamentaient en versant des larmes de crocodile. Déclarant urbi et orbi que sans le king ce ne serait pas pareil, sans pourtant cacher que dans le fond une victoire est une victoire. Et qu’on oublierait vite son échine douloureuse dans les statistiques.

    e5713286b42884f19bf02d086f542[1].jpgIl n’y eut d’ailleurs pas besoin d’attendre longtemps, si on se réfère aux commentaires déments qui suivirent le succès de Monfils sur la légende diminuée en deuxième partie de programme le premier jour.

    La Monf’ en feu a atomisé, pulvérisé, émietté, terrassé assommé, dévasté, brûlé le mythe, pouvait-on lire un peu partout. Bien sûr on concédait ici et là qu'il n'était pas entièrement remis à neuf, mais bon, quoi. Le mérite de cette démolition en règle n’en revenait pas moins au stratosphérique Gaël.

    Tsonga ayant auparavant pathétiquement plié devant Stan plus animal que jamais au cours de la rencontre précédente, Monfils ce héros remettait donc les coucous suisses à l’heure frenchie. Car vu la déculottée du phénix, les Hexagonaux ne l’imaginaient pas se rhabiller illico presto (moi non plus je l'avoue), se pensant dès lors avec le double en poche. Et mieux évidemment ensuite si entente…

    Toujours experts varient

    Mais funérailles, les choses basculaient soudain avec le résultat final que l’on sait, ce premier triomphe mondial helvétique devenant brutalement d’une évidence aveuglante pour tous ceux qui la veille pariaient carrément sur l’inverse. Souvent, sinon toujours, experts varient... Et c’est ainsi qu’on assistait à un retournement spectaculaire avec cette phrase: pourquoi gagner était mission impossible pour la France.

    Certains spécialistes mettant subrepticement en doute le fait que Federer en ait eu «plein le dos» en le relevant avec amertume, la plupart s’acharnait à nous expliquer l’implacable logique de l’affaire. La marche était trop haute pour leurs poulains végétant au-delà du top 10, face aux numéros 2 et 4 mondiaux. Une sacrée découverte quand même au bout d’une soixantaine d’heures…

    Côté helvétique, inutile de revenir sur la déferlante, le typhon, le tsunami de louanges. Une euphorie à la hauteur de l'exploit, me rétorquerez-vous. Certes. Sauf qu'il serait bien de relativiser dorénavant. Car si l'événement fut extraordinaire pour Stan The Man, las de porter sa croix depuis dix ans pour des prunes, trop s'ébaubir risque de devenir un poil offensant pour le maestro. Voir le meilleur joueur non seulement du monde mais de l'histoire du tennis contribuer enfin à la conquête du fameux Saladier d'argent, c'est franchement la moindre des choses

     

     

     

     

     


     

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  • Cinéma: "Un illustre inconnu" ou la folie du double, avec Mathieu Kassovitz

    images[4].jpgAprès le gros succès du Prénom, Matthieu Delaporte et son complice Alexandre De La Patellière se sont attaqués au registre bien différent du phénomène de la dépersonnalisation dans Un illustre inconnu. Ils évoquent la quête effrénée d’identité d'un curieux individu prêt à tout pour exister.

    Solitaire, terne, taiseux, peu gâté par la nature, passant inaperçu sinon invisible, Sébastien Nicolas a une obsession: être un autre.

    Agent immobilier quelconque mais au grand talent de maquilleur, il profite des visites d’appartements qu’il organise pour entrer dans la vie de ses acheteurs et se l’approprier pour un temps. Mais comme il manque d’imagination, il recherche l’imitation parfaite avant tout, suivant ses «proies», les observant, s’exerçant à la copie vocale et physique bluffante.

    Car ce qui l’intéresse, ce sont ces existences par procuration qui lui donnent du plaisir. Une usurpation méthodique, minutieuse, ingénieuse, sans la moindre motivation criminelle, comme par exemple la falsification des papiers, le vol, ou pire, le meurtre. Du moins au début.

    C’est donc ce qui rend le personnage de Sébastien Nicolas à la fois fascinant et inquiétant. Jusqu’au jour où il croise un vieux violoniste autrefois célèbre. L'artiste déchu devient son chef d'œuvre, mais le film bascule dans le mélodrame, la police s’en mêle, et l'intrigue perd son côté machiavélique. En même temps on déplore quelques incohérences, quelques longueurs, ainsi que des approximations malencontreuses dans le grimage du héros. 

    Pas facile de surfer de bout en bout sans accroc sur le thème du double qui passionne le cinéma depuis toujours. A relever en revanche la performance d’acteur de Mathieu Kassovitz, (photo) excellent dans le rôle de cet illustre inconnu trouble, mythomane, schizophrène, pathologique et psychopathe.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 novembre.

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  • Cinéma: "Der Kreis", exception gay dans le Zurich des années 50

    2348_230512_the-circle46[1].jpgAprès un Teddy Award et le prix du public à la Berlinale, le docu-fiction de Stefan Haupt a été choisi par la Suisse pour la course à l’Oscar du meilleur film étranger. 

    Der Kreis se déroule dans le Zurich des années 50. Tout en nous laissant pénétrer dans l’une des premières communautés de libération des homosexuels, le film est centré sur le couple formé dans la vraie vie par Röbi Rapp, garçon extraverti coiffeur le jour, artiste travesti la nuit, et Ernst Ostertag, issu d’une famille psychorigide, enseignant dans une école de filles et redoutant de s’assumer. 

    Ces deux hommes de milieux différents tombent fous amoureux lors de leur rencontre au sein de la revue gay trilingue «Der Kreis-¬Le Cercle- The Circle», publication unique au monde et seul réseau du genre fondé en 1940 à avoir survécu au régime nazi.

    N’ayant pas l’équivalent du redoutable paragraphe 175 allemand et ne pénalisant donc pas les relations homosexuelles adultes, la  Suisse constituait une exception en Europe, sinon une sorte d'Eldorado pour le milieu. Le cercle était distribué anonymement à quelque 2000 abonnés, dont 700 à l’étranger, avec l’accord de la censure helvétique.

    Mais cette terre de liberté même relative, s’est brutalement heurtée au durcissement conservateur, trouvant un écho au niveau fédéral. En 1957, un meurtre sordide déclenche une campagne médiatique homophobe. Acharnement policier, humiliations, menaces et dénonciations finisssent par avoir la peau du magazine dix ans plus tard, tandis que les homosexuels zurichois ou soupçonnés tels, devinrent les victimes d’une répression violente.

    Apogée et déclin de la revue

    Tout en luttant avec force et courage pour vivre leur passion, Röbi et Ernst assistent à l’apogée et au déclin du Kreis, dont les membres organisaient de grandes soirées de danse et de chansons dans un club underground, le Theater Neumarkt, attirant les gays d'Europe, voire d’Outre-Atlantique.

    images[2].jpgEntre fiction et documentaire, l’opus rendant compte d’une dure bataille pour les droits humains, est émaillé de passionnants documents d’époque et de témoignages des deux principaux protagonistes (photo) qui furent, dans les années 1990, le premier couple homo suisse officiellement marié.

    La  réussite du film, qui tient surtout à son sujet mais également au jeu des deux comédiens jouant Röbi et Ernst (Sven Schelker et Mathias Hungerbühler), renvoie aux progrès réalisée n Occident dans l'ouverture des esprits mais également à ce qui se passe aujourd'hui dans de nombreux pays, où les choses virent à la tragédie. Il montre également qu’il faut toujours se battre pour conserver des libertés jamais définitivement acquises. 

    Les membres du Cercle se trompaient lourdement en imaginant que la société des fifties était mûre pour octroyer les mêmes droits aux couples de même sexe. Il suffit de penser à la « Manif pour tous » qui continue à mobiliser en France en dépit de la loi Taubira.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 novembre.

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