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le blog d'Edmée - Page 380

  • Grand écran: le triomphe cannois de Vincent Lindon avec "La loi du marché"

     

    7778474659_vincent-lindon-montre-sa-recompense[2].jpgAvec La loi du marché, Stéphane Brizé figurait parmi les dix-neuf concurrents en lice pour la Palme d’or cannoise. Un prétendant très sérieux. encensé par la critique internationale. Les Français le plaçaient même en seconde position derrière leur favori Mia Madre de Nanni Moretti.

    Le jury, on le sait depuis dimanche soir, en a décidé autrement. Mais s'il a complètement négligé le film italien, il a tout de même réservé une reconnaissance de taille au français, en décernant à son héros Vincent Lindon le prix de l’interprétation masculine.

    Bouleversant dans l'opus, l’acteur pleurant de bonheur l’a également été en recevant sa prestigieuse médaille. Avec des gestes et des mots qui marquent. Embrassant les présidents Coen et leurs jurés, Lindon a eu cette phrase d'une rare modestie: "C’est la première fois que je reçois un prix dans ma vie". De quoi chambouler le cœur des gens dans la salle, devant les télévisions et sur la toile.

    Une émotion à la hauteur de ce sacre amplement mérité et conquis de haute lutte par ce comédien  nommé à cinq reprises aux Oscars. Il est tout simplement grand dans La loi du marché, Un rôle sur mesure, l’un des meilleurs, sinon le meilleur. Seul comédien professionnel face à des amateurs exerçant en principe leur propre métier, il atteint le haut niveau en naviguant dans leur univers avec une rare aisance.

    Il s'agit de sa troisième collaboration avec Stéphane Brizé, suite à Mademoiselle Chambon et Quelques heures de printemps. "Il est à moi", a d’ailleurs déclaré Vincent Lindon en parlant de son réalisateur. "Je vous le prête mais il est à moi… " 

    Fiction sociale au froid réalisme documentaire

    On comprend qu'il veuille garder le talentueux cinéaste pour lui. Entre chômage, précarité, lutte et humiliations, Brizé se fait le formidable témoin des difficultés dans lesquelles se débattent nombre de ses contemporains. Thierry, quinqua sans emploi, marié et père d’un enfant handicapé, galère depuis vingt mois. Il finit par retrouver un travail dans un supermarché. D’abord comme vigile puis comme auxiliaire de sécurité, chargé d’espionner les clients chapardeurs potentiels de bricoles et ses malheureux collègues mal payés éventuellement tentés d’en faire autant.

    Une façon de les licencier en toute bonne conscience, la confiance étant rompue… Thierry tente de jouer le jeu. Mais trop c’est trop et ce job le met rapidement face à un dilemme moral. Jusqu’où peut-il aller pour conserver son poste, même décroché grâce à un vrai parcours du combattant?

    Dans cette fiction sociale au froid réalisme documentaire et au filmage particulier qui laisse par exemple une assez large place aux caméras de surveillance de l’établissement, Stéphane Brizé raconte l’histoire de la défaite programmée des exclus. En évoquant la brutalité du marché pour les pauvres qui deviennent toujours plus pauvres, face à l’indécence des gros qui ne cessent de s’engraisser sur leur dos.
    Plongée dans un quotidien âpre

    Opérant une plongée dans ce quotidien âpre, il dissèque, entre rendez-vous stériles, entretiens d’embauche inutiles ou séances de formation plus ou moins dégradantes, les dérives d’une société dépourvue de solidarité, où l’absence d’état d’âme et l’inhumanité le disputent à la mesquinerie et à la cruauté ordinaire de petits chefs avides de plaire au patron.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 mai.

     

     

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  • Festival de Cannes: Palme d'Or convenue et décevante pour "Dheepan" de Jacques Audiard

    ba0558c725abc380f9ec1eea7883d4364b0a9cb4[2].jpgJe suis déçue. Forcément. Ma Palme c’était Carol, Mais bon, ce n’est pas trop grave! Ce qui l’est davantage, c’est le choix absurde du jury. Il y a comme un défaut à décerner l’or à Jacques  Audiard (photo AFP) pour Dheepan et le Grand Prix à Lazslo Nemes pour Le fils de Saul. Alors qu’à l’évidence c’eût dû pour le moins être l'inverse.

    Certes si les qualités de son film permettaient à Audiard de figurer dans un coin du palmarès, il y a un monde entre sa proposition convenue de chronique socio-politique virant au film de genre sur le parcours d’un émigré tamoul en compagnie de sa famille recomposée, et celle extraordinairement puissante, inédite, radicale, à l’esthétique sépulcrale du Hongrois Nemes qui nous plonge sans complaisance au cœur de l’enfer d’Auschwitz.

    La part du lion pour le cinéma français

    Absurde aussi cette décision de remettre un double prix d’interprétation féminine récompensant Emmanuelle Bercot, avocate éperdument amoureuse dans Mon roi, le film hystérique et bobo de Maïwenn, et Rooney Mara, la jeune vendeuse succombant au charme sulfureux de la sublime Cate Blanchett dans Carol. Pourquoi ne pas l’attribuer aux deux héroïnes de Todd Haynes ?

    b3cea272d225152495ce2a951d012bf0-1432219232[1].jpgEn revanche je suis particulièrement heureuse de voir un très grand Vincent Lindon ému aux lames, sacré meilleur acteur pour son rôle de vigile dans La loi du marché de Stéphane Brizé. A noter qu’avec ces trois médailles majeures, la pellicule hexagonale se taille la part du lion dans ce palmarès. Vous avez dit bizarre?

    Pour le reste, à part le prix du scénario curieusement attribué à Chronic du Mexicain Michel Franco, évoquant un aide-soignant qui noue des liens serrés avec ses patients en phase terminale, les autres sont logiques. Yorgos Lanthimos rafle justement celui du jury pour The Lobster et Hou Hsiao-Hsien celui de la mise en scène pour The Assassin.

    Avec des célibataires menacés d’être changés en animaux faute de trouver l’âme sœur en 45 jours, le cjnéaste grec proposait le film le plus délirant de la compétition. Et son homologue chinois le plus magnifique visuellement. Mais quelque part, ce n’est pas très enthousiasmant.

    Une édition un poil vilipendée

    Quelques critiques n'hésitaient d’ailleurs pas à tirer à boulets rouges sur ce cru 2015, à la fois placé sous le signe de l'amour et du politico-social. Exagéré vu qu’il n’est pas très différent des autres années avec le nombre habituel de métrages sortant du lot. Différence peut-être, il y en avait davantage de médiocres sinon de mauvais que d’ordinaire. A commencer par Gus Van Van Sant et son Sea Of Trees.

    Sans oublier les Tricolores. Sur les cinq en lice pour la Palme, trois ne le méritaient pas: Mon roi de Maïwenn, nonobstant le prix d’interprétation à Emmanuelle Bercot, Marguerite et Julien de Valérie Donzelli. Et surtout The Valley Of Love de Guillaume Nicloux sombrant carrément dans le grotesque avec ce rendez-vous d‘outre-tombe dans la vallée de la mort, sur fond de pliants et de parasols emmenés par les deux héros. 

    Certains estiment pourtant que la simple réunion du tandem mythique Isabelle Huppert/Gérard Depardieu 35 ans après Loulou de Maurice Pialat était largement suffisante. Faux ne leur en déplaise, car elle a privé de sélection deux excellents représentants de la pellicule hexagonale Philippe Garrel avec L’ombre des femmes et Arnaud Depleschin, l’auteur de Trois souvenirs de ma jeunesse.  Pour les voir, il fallait courir à la Quinzaine des réalisateurs. Du coup, avec quelques œuvres du même tonneau, elle s’est révélée presque plus prestigieuse que le concours officie...

    Retrouvez toutes mes chroniques du festival avec Cannes dans Chassé-Croisette. 

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  • Festival de Cannes: à qui la Palme d'Or? Verdict dimanche soir

    Jury2015_zpsqy2mvd0w[1].jpgEt voilà, les jeux sont faits pour cette 68e édition. Aux présidents Coen et à ses jurés (photo) de se mettre d’accord pour désigner la crème de la crème parmi les 19 films en compétition. Quelques mots sur les derniers proposés, dont Chronic du Mexicain Michel Franco qui suit David (Tim Roth), un aide-soignant bizarroïde, travaillant auprès de malades en phase terminale.

    Le réalisateur ne cache rien des corps misérables de ces patients et des liens que David noue avec eux. Au point apparemment de franchir la limite. Franco nous avait bluffés avec Despuez, primé dans Un certain regard en 2012. Là, il nous flanque le cafard entre sida, cancer, attaque cérébrale et euthanasie.

    Difficile de se remettre avec MacBeth, adaptation de la plus célèbre tragédie de Shakespeare, à laquelle s’est attaqué l’Australien Justin Kurzel après Orson Welles et Roman Polanski. L’obsession de devenir roi,  entretenue par sa femme encore plus ambitieuse que lui, va causer la perte d’un chef de guerre écossais. Marion Cotillard et Michael Fassbender se partagent l’affiche dans ce drame bruyant à la mise en scène ampoulée, que n’arrangent pas une musique pompeuse et un flot d’images rouges.

    Chaque film ayant toutefois ses fans, ces deux-là vont-ils changer la donne chez les journalistes qui décernent chaque jour leurs étoiles, notamment dans Le Film français et Screen ? Mystère. Pour l’heure les Hexagonaux donnent leur préférence à Mia Madre de l’Italien Nanni Moretti. Suit leur compatriote Stéphane Brizé avec La loi du marché. Carol de l‘Américain Todd Haynes, Youth de l’Italien Paolo Sorrentino et Le fils de Saul du Hongrois Lazslo Nemes se retrouvent pratiquement à égalité sur la troisième marche.

    images[5].jpg"Carol", ma Palme d’Or

    Côté presse internationale, c’est Carol qui tient la corde devant Le fils de Saul et Mia Madre. Unanimité en revanche en ce qui concerne The Sea Of Trees de Gus Van Sant, considéré par les deux magazines comme le plus mauvais film de la compétition.

    Je plébiscite également le superbe mélo à la Douglas Sirk de Todd Haynes et ses magnifiques interprètes Cate Blanchett et Rooney Mara. J’aimerais aussi beaucoup voir au palmarès mon autre coup de cœur Mountains May Depart de Jia Zhang-Ke,  The Assassin de Hou Hsiao-Hsien, Mia Madre de Nanni Moretti, Le Fils de Saul de Laszlo Nemes, The Lobster, de Yorgos Lanthumos ou encore La loi du marché de Stéphane Brizé.

    Mais comme on ne cesse de le dire dans ces cas-là,  le critique propose, le jury dispose. Verdict dimanche soir dès 19h sur Canal +.

     

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