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le blog d'Edmée - Page 338

  • Grand écran: "Le fils de Saul", quête insensée d'un homme dans l'innommable

    Le-Fils-de-Saul-la-critique[1].jpgOctobre 1944, camp de la mort d'Auschwitz. Juif hongrois, Saul Ausländer est membre d'un des Sonderkommandos, formés de déportés plus costauds que les autres, recrutés par les nazis et forcés de les assister dans la macabre mise en œuvre de la solution finale. Avant, ce qu'ils savent parfaitement, d'être liquidés eux aussi.

    Avec d'autres prisonniers, Saul vit des expériences effrayantes dans des conditions épouvantables. Inlassablement, il est chargé de faire descendre les juifs des convois, les oblige à se déshabiller, à laisser leurs vêtements suspendus à un clou puis à entrer dans les chambres à gaz où il les pousse pour en entasser un maximum.

    Puis il doit déblayer les «pièces» selon le vocabulaire allemand et les transporter jusqu'aux fours. Ces gestes, il les exécute mécaniquement, imperméable à l'horreur qui l'entoure.

    Il est en train de travailler dans un crématorium quand, au milieu d'innombrables cadavres, il croit reconnaître celui de son fils. Tandis que son Sonderkommando prépare une révolte (qui a réellement eu lieu), il est obsédé par l'idée de sauver l'enfant des flammes, de préserver son corps, et de trouver un rabbin pour lui offrir une sépulture digne.

    L'atrocité du quotidien

    Cette quête a priori dérisoire en des circonstances aussi atroces représente pourtant un acte ultime de résistance dans cet univers concentrationnaire. Une petite lueur d'humanité dans la nuit la plus noire.

    Innovant dans la forme, pour approcher au près l'enfer d'un camp d'extermination, Laszlo Nemes, 38 ans, héritier du maître Béla Tarr, a choisi la fiction pour plonger le spectateur dans l'innommable quotidien de son héros, remarquablement interprété par l'impressionnant Réza Röhrig (photo), New-Yorkais d'origine hongroise.

    En même temps, ce n'est pas un film sur l'Holocauste qu'il a décidé de ne pas représenter. Mais sur la brève existence de ces Sonderkommandos obligés de conduire les leurs, jusqu'à 400.000 en trois ou quatre mois, à la mort avant d'y passer eux-mêmes. Car c'est exclusivement de cela qu'il s'agit. Comme il le dit lui-même, il s'agit d'un film sur la réalité, la mort, l'absence totale d'espoir. Contrairement aux fictions traitant de la Shoah de façon insatisfaisante à son avis, parlant de survie, d'entraide, avec surcharge émotionnelle et dramatique. 

    Suggérer est plus fort que montrer

    Filmant son héros vidé de toute émotion en plan serré, le réalisateur ne donne à voir que ce qu'il voit, prenant soin d'éviter toute complaisance, tout voyeurisme. S'arrêtant aux portes des chambres à gaz, il laisse l'horreur des exécutions massives hors champ ou la suggère, ce qui est plus fort que la montrer, par des images floues.

    D'un bout à l'autre, s'en tenant au seul point de vue de Saul, excluant tout ce qui n'est pas essentiel à son histoire, il s'applique à suivre en continu pendant une journée et demie les déplacements de cet homme  entre les fours et les fosses communes, exécutant ses gestes, mécaniquement, imperméable à l'horreur qui l'entoure. Porté par une foi inébranlable, il est uniquement préoccupé par sa mission insensée. 

    Laszlo Nemes, dont une partie de la famille a été assassinée à Auschwitz, a décidé de traiter ce sujet après avoir trouvé un incroyable recueil de textes Des voix sous la cendre écrit en secret et enterré par des membres du Sonderkommando. 

    Un travail de mémoire pour les générations futures que ce film choc étouffant, au traitement radical, à l'esthétique sépulcrale, rythmé par des sons mous, des cris, des ordres, des grincements de chariots. Et une immersion dans l'insoutenable qui vous secoue, vous touche d'une manière viscérale, vous laisse complètement sonné à l'issue de la projection. Il a gagné le Grand Prix du jury au dernier festival de Cannes, mais aurait mérité la Palme d'Or.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 4 novembre.

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  • Federer s'offre Nadal à Bâle: normal pour une légende croisée avec un mythe dans un ATP 500...

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    Je ne vous cacherais pas que j’ai encore eu les pires craintes en écoutant Rosset. «On n’avait pas vu le meilleur Federer. En indoor c’est du solide, il réussit tout ce qu’il entreprend, rien ne vient dérégler la machine, je suis serein car il sert tellement bien… »

    Autrement dit, pour Big Marc la chose était entendue après quelques jeux. Sa Grâce allait l’emporter en deux sets les doigts dans le nez. Sauf que rebelote. A l’instar de ses matches contre Kohlschreiber et Goffin, le king flageolait des gambettes et peinait ferme à boucler la seconde manche, laissant le soin au pitbull de terminer le tricot.

    Mais finalement c’est l’Ibère qui a eu un coup de mou. Et le rêve est ainsi devenu réalité pour notre gloire nationale, qui a raflé son septième titre à Bâle à la barbe de l’Espagnol. Rien de plus naturel en somme pour une légende croisée avec un mythe dans un tournoi 500 où, contrairement à Wawrinka qui avait hérité d'un tableau d'enfer, il n’a eu de surcroît qu’un seul véritable rival à abattre. En l’occurrence Nadal, un chouia moins saignant qu’imaginé.  

    Du coup, les choses risquent de se compliquer à Bercy, où Rodgeur fait évidemment figure de favori pour les afficionados. Car s’il a de nouveau davantage de chance au tirage que le malheureux Stan, l’opposition sera quand même plus relevée. Il pourrait rencontrer Isner en huitièmes, Ferrer en quarts, Murray ou Nishikori en demies et, s’il a la chance d’arriver jusque là, Djokovic en finale.

    Une toute autre histoire que d’affronter Dracula, comme je l’ai lu en résumé dans un commentaire laissé sur mon blog précédent. J'approuve. Seule consolation en cas d’élimination prématurée, le tournoi parisien ne lui réussissant guère, le maestro perdra peu de points vu qu’il s’est arrêté en quarts l’an passé.  

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  • Tournoi de Bâle: finale de rêve Federer-Nadal. Cauchemar en vue pour la légende?

    topelement[1].jpgIl est agressif conquérant, enfonce le clou, ne laisse pas respirer ses adversaires, les force à visiter sans cesse le court et ses environs…  Mais qui  est donc ce personnage hors du commun, ce redoutable Barbe bleue, cet Attila sauvage qui épuise ses rivaux, les use et finit par les achever sans pitié...

    Mais c’est l’ogre de l’ocre bien sûr, porté soudainement aux nues par ceux-là mêmes qui le vilipendaient au début du tournoi. Je veux parler du tandem infernal Dupuis-Rosset, qui n’avait pas de mots assez durs et condescendants pour fustiger cette quasi nullité espagnole en indoor...

    D’ailleurs c’est assez simple. Si vous voulez avoir une petite idée du déroulement des hostilités, sinon de qui va l’emporter, vous écoutez les deux rigolos au début de leur commentaire et vous êtes pratiquement certains de voir le contraire se produire.

    Avec eux, ça marche en effet presque à tous les coups. Quelques exemples selon nos experts Plainpalais:  Wawrinka devait forcément  l’emporter après un set et un break, il a lamentablement perdu. Nadal risquait de ne pas passer le premier tour pour la raison invoquée plus haut, il est en finale. Kohlschreiber et Goffin, bien que très bons joueurs, n’avaient pas les armes et ne faisaient naturellement pas le poids face au mythe dans «son» tournoi bâlois.

    Les rencontres allaient ainsi être une formalité pour Rodgeur contre ces seconds couteau, certes doués mais pas assez affûtés. Pourtant tous les deux, plus particulièrement le premier, ont rarement donné autant de sueurs froides au maestro et à ses fans en lui prenant un set. Ce qui en soi n’est pas franchement dangereux. Le problème, c’est que le Suisse, sans cesse sur le fil du rasoir, ne parvenait pas à rassurer.  

    En fait la seule fois où le duo s’est montré vraiment impeccable, c’était dans sa certitude absolue que Jack Sock ne poserait pas de gros problèmes à la légende dans la seconde demi-finale du jour. Formidable analyse. Sauf que quiconque regardant un match de tennis pour la  première fois de sa vie n’aurait pas mis longtemps à constater l’inexistence du malheureux Américain.

    Pour résumer, les amoureux de la raquette auront leur choc Federer-Nadal. Sauf que cette finale de rêve va forcément se terminer en cauchemar pour l’un des deux. Et à moins que Federer ne se reprenne enfin sérieusement, je ne vois pas comment le maître des lieux pourrait empêcher Rafa, qui semble avoir à nouveau tout du pitbull férocement accroché à son nonosse, de lui faire passer un sale quart d’heure.

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