Son dernier film, ambitieux, le plus difficile, lui a coûté dix ans de sa vie. Avec Iraqi Odyssey, écarté de la course aux Oscars après avoir failli représenter la Suisse, Samir a en effet parcouru le monde pour retrouver ses racines.
Tout en reconstruisant l’histoire de sa famille de classe moyenne, dont les membres forcés à l‘exil sont dispersés entre Auckland, Moscou, Paris, Londres et Buffalo, au Texas, il retrace celle de l’Irak en évoquant ses deux faces.
Le pays d’aujourd’hui, dont les médias nous renvoient des images de guerre, de bombes, de villes détruites, de femmes voilées en larmes et celui des années 50-70, avec des films frivoles à la musique légère, des hommes bien habillés croisant de joyeuses étudiantes nu-tête dans les rues de la capitale, alors une ville moderne.
Un contraste saisissant et pour Samir, né à Bagdad, la volonté de comprendre la cause d’un changement aussi radical en confrontant les souvenirs d’un pays et de quelques-uns de ses habitants.
Après une présentation assez longuette de ses oncles, tantes, cousins, cousines, ou encore d’une sœur de quelque 30 ans sa cadette, il alterne interviews et images d’archives de l’Irak. S’il lui a fallu convaincre ses proches de témoigner, le plus compliqué fut de dénicher les images d'archives. Tout ayant été détruit, pillé, il a dû recourir à Internet.
Samir se révèle intéressant et émouvant quand il se penche sur les siens, surtout pour ces derniers qui ont tous la larme à l’œil comme on peut le voir à la fin du film, lorsqu'ils sont conviés à la projection des rushes. Mais le réalisateur passionne davantage quand il élargit son propos, passant du portrait familial à celui d’un pays dont il laisse découvrir des aspects ignorés.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 février.