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le blog d'Edmée - Page 269

  • Grand écran: "The Birth of a Nation", épisode sanglant d'une révolte d'esclaves dans la Virginie de 1830

    aaaaabirth.jpgDésireux de donner une réponse morale et historique à Naissance d’une nation de D.W. Griffith (1915) film muet illustrant la pensée raciste en glorifiant le Ku Klux Klan, Nate Parker, 36 ans, acteur afro-américain méconnu, passe derrière la caméra pour livrer son propre Birth of a Nation. Un sulfureux biopic où il se réserve également le rôle principal. Coécrit avec Jean Celestin, il est récompensé par le Grand Prix du jury et celui du public au Festival de Sundance l’an dernier.

    Pour sa première réalisation, Parker remonte 30 ans avant la guerre de Sécession, en Virginie, et propose une adaptation très libre de la vie du légendaire Nat Turner, qu’il voit comme son alter ego messianique. Esclave cultivé, c’est un prédicateur très écouté, Son propriétaire, Samuel Turner, se débattant dans des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour soumettre des esclaves indisciplinés.

    Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat passe à l'action et conduit la rébellion contre les propriétaires. Tuée dans l'oeuf, ce fut un bain de sang de part et d’autre, suivi par des lois particulièrement restrictives à l’endroit des Noirs dans plusieurs états, qui ont changé le cours de l’Histoire américaine.

    Parker rattrapé par son passé

    Cette sombre page fondatrice de la révolte anti-esclavagiste dans le sud des Etats-Unis, a soulevé de vives passions outre-Atlantique où, entaché d'un scandale hors pellicule, le film a été boudé, tndis qu'il a été privé de sortie dans divers pays. Selon la version de Parker, Turner décide de se révolter après le viol collectif de deux femmes esclaves, dont la sienne. Or il faut savoir que fin août 2016, le réalisateur, heureux vendeur de son film pour plus de 17 millions de dollars et favori précoce pour les Oscars après ses trophées de Sundance, est rattrapé par son passé.

    Suivant des cours à la Pennsylvania State University, il avait en effet été accusé de viol, 17 ans auparavant, avec son ami Jean Celestin par une étudiante de 18 ans. Ils sont jugés en 2001. Parker est acquitté, Celestin condamné. Ce dernier fait appel mais la jeune fille refuse de revenir témoigner. L’affaire est classée en 2005. La victime se suicide en 2012. D’où l’éternel et complexe débat: doit-on dissocier l’homme de son œuvre? Voir les affaires Roman Polanski ou Woody Allen...

    Un film qui divise

    Dans son aspect purement cinématographique, l'opus divise logiquement. Militant, radical, porté par des comédiens plutôt convaincants, c'est un cri de colère vengeur efficace contre l'esclavage. Une œuvre choc, édifiante, à la fois poignante et brutale, d’une cruauté souvent insoutenable, affirmant avec force et rage que la barbarie ne fait qu’engendrer la barbarie.

    Mais on lui reprochera aussi son manichéisme, un côté démonstratif, peu subtil sinon lourdaud, des scènes complaisantes dans la représentation de la violence ou n'évitant pas les clichés. Pour résumer, arrivant trois ans après le triplement oscarisé Twelve Years A Slave de Steve McQueen, The Birtlh of a Nation souffre tout simplement de la comparaison sur les plans du récit et de la mise en scène.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

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  • Grand écran: "Noces", le poids terrible de la tradition. Un film bouleversant signé Stephan Streker

    aaaaanoces.jpgD’origine pakistanaise Zahira vit en Belgique. Lycéenne de son temps, elle mène la vie des filles de son âge. Un jour, ses parents lui annoncent qu’elle doit se marier avec l’un des trois prétendants qu’ils ont choisi pour elle, de lointains cousins qu’on lui présente par Skype.  Mais sa soif d’émancipation est plus forte que l’impératif familial et elle refuse de se plier au poids terrible de la tradition. Venue de Barcelone, sa sœur aînée obligée de se marier quelques années plus tôt, tente de lui faire entendre raison.

    Zahira, qui aime beaucoup son père et sa mère, compte énormément sur son grand frère Amir, son confident de toujours pour qu’il la soutienne et leur fasse comprendre qu’elle ne se mariera qu’avec un homme dont elle tombera amoureuse. Elle rencontre Pierre. Le drame couve, inéluctable...

    Le réalisateur Stephan Streker s’inspire d’un fait divers qui s’était déroulé à Charleroi en 2007 pour nous plonger au sein de cette famille pakistanaise établie depuis longtemps en Belgique et qui semble parfaitement intégrée.

    Il en fait un film bouleversant, passionnant, intelligent, subtil, qui fait particulièrement écho à ce qui se passe actuellement.  Une tragédie grecque, selon ses propres mots, où sans juger, sans dénoncer, évitant le manichéisme et le pathos, il suit l’itinéraire funeste de Zahira. Une héroïne sacrificielle écartelée entre deux cultures, entre son aspiration à l’indépendance et l’amour des siens.

    Excellents, les comédiens contribuent grandement à cette réussite. A commencer par Lina El Arabi, dans le rôle de Zahira (photo). Magnétique, lumineuse en rebelle douce mais déterminée, c’est une révélation aux côtés de son partenaire Sébastien Houbani, en frère qui adore sa sœur, mais en même temps gardien de l’honneur …

    aaaaastreker.jpg"J'ai gardé ma liberté créatrice"

    Le Belge Stephan Streker,  53 ans, ancien journaliste, fan de foot et consultant à la RTBF pour tous les matches des Diables rouges, l’équipe nationale,  nous en révèle plus sur son troisième long métrage lors d’une rencontre à Genève. Attiré par le thème du mariage forcé, il n’en fait pas pour autant un documentaire.

    "Evidemment, je me suis beaucoup renseigné, en voyant des membres de la communauté belgo-pakistanaise pour ne pas trahir les fondamentaux d'une culture qui n'est pas la mienne. Mais au-delà du sujet que je traite, bien sûr, je m'intéressais avant tout à la possibilité de raconter une histoire exceptionnelle, en me penchant sur l'intime des protagonistes".

    Stephan Streker a voulu garder sa liberté créatrice, par exemple en introduisant un personnage important, la sœur de Barcelone, qui n’existe pas dans la réalité. "En revanche, précise-t-il, certaines choses en sont très proches, dont le mariage par Skype. Il s'agit dune vraie cérémonie, qui n'a jamais été montrée au cinéma. C'est une chance et  j'en suis fier". 

    En parlant de Noces , vous mentionnez une tragédie grecque.

    Absolument, c'en est une, intemporelle, universelle. Elle fait appel à de puissants enjeux moraux.  Je ne voudrais pas me vanter, mais aujourd’hui Sophocle raconterait Zahira.

    Vous évoquez une affaire de tradition, pas de religion.

    J’ai cru que c’était religieux, mais  je suis persuadé du contraire. Zahira reste musulmane jusqu’au bout. Même en rupture totale avec la tradition et ses valeurs, elle prie. Elle n’est pas en crise par rapport à l’islam. Plus important que la tradition toutefois, c’est l’honneur. Et encore au-dessus de l’honneur, comme me l’a confié une jeune fille, il s’agit de sauver les apparences. Finalement, l’honneur n’est  que de l’ego mal géré.

    Pourtant vous ne condamnez pas. Tous personnages ont leurs raisons d’agir et du coup on se retrouve pratiquement dans tous. 

    Je pense qu'il est important de comprendre les motivations. Cela ne signifie pas  les justifier. Par ailleurs,  chacun son travail. Je crois au regard, au point de vue de l'artiste. Le jugement moral dépend du spectateur, lui appartient. Il en dira d'ailleurs plus sur lui que sur le film.

    Vous apportez également une réponse aux menaces obscurantistes pesant notamment sur la condition féminine

    Je vais vous dire. Je suis intégralement féministe. Ne pas l’être est inacceptable, incompréhensible, anormal. Il est fou, délirant, monstrueux de couper l’humanité en deux et de considérer qu’une partie est inférieure  à l’autre.  Mais je trouverais dommage de réduire une œuvre d’art à sa fonction.  

    Un mot sur les deux comédiens principaux pas ou très peu connus qui portent formidablement votre œuvre.

    Ce sont en effet les merveilles du film.  Je souhaitais des vierges à l’écran. Certes, Sebastien Houbani, très crédible en grand frère, j'estime,  l’est moins que  Lina El Arabi, une ultra débutante. Je l’ai choisie pour son port de tête haut, alors que les actrices françaises la baissent souvent.  En réalité, je voulais Elisabeth Taylor, une immense tragédienne… Je l’adore pour son côté indomptable. Il suffit de la voir dans Une chatte sur un toit brûlant. Lina a ce tempérament.

    On découvre aussi Olivier Gourmet,  avec qui vous avez déjà collaboré dans votre précédent long métrage Le monde nous appartient.

    Pour moi, c’est le meilleur du monde.  Il sera dans mon prochain film Libre, un drame d’aventure et dans tous ceux à venir

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 19 avril.

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  • Grand écran: "Life" recycle les meilleurs films de l'espace sans convaincre

    aaaaalife.jpgUne touche d’Alien, un poil de Gravity, un rien d’Interstellar, un soupçon d’Odyssée 2001. Autant dire que Life s’inspire du meilleur dans le genre pour son huis-clos multiculturel en apesanteur. Malheureusement, à force d’emprunts tous azimuts, ce film de science-fiction saupoudré de gore signé Daniel Espinosa, qui ne posséde pas la virtuosité de ses prédécesseurs, trouve difficilement sa propre identité.

    Il promettait cependant beaucoup en nous dévoilant l’une des plus importantes découvertes de l’histoire de l’humanité. A savoir la première preuve d’une vie sur Mars, résultat des recherches des six membres d’équipage voyageant à bord de la Station Spatiale internationale. Mais alors qu’ils approfondissent leurs expériences, celles-ci vont avoir des conséquences inattendues, la minuscule chose inconnue se révélant bien plus intelligente que son côté informe ne le laissait supposer.

    Voilà qui nous donne une première partie haletante, où on suit avec angoisse le développement de cette bestiole, surnommée Calvin, qui a pourtant l’air plutôt inoffensive au début. Certes moche, elle n’apparaît en outre pas si extraterrestre quand lui poussent une tête, des pattes et une queue! 

    Un look peu imaginatif pour une suite téléphonée. Dès l’instant où on découvre les instincts meurtriers de la créature dévastatrice, le film est pour ainsi dire terminé. Toute la deuxième partie consiste en une resucée lassante de ses attaques de plus en plus mortelles. Ultra-rapide, Calvin ne cesse de se développer méchamment, évitant les pires ripostes des humains pris au piège et luttant pour leur survie. Pour finir par s'offrir en sacrifice. 

    Dommage par ailleurs que l'action l'emporte le plus souvent sur les personnages, dont les rôles a priori intéressants sont trop peu exploités. A l'image de celui de Jake Gyllenhaal, astronaute mélancolique et un rien contemplatif, de son contraire Ryan Reynolds ou encore de Rebecca Ferguson, qui fait l’effet d’une Ripley au rabais. Restent la magie de l’espace, les effets spéciaux et une magnifique photographie. Cela ne suffit pas à emporter le moreau.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 avril.

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