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le blog d'Edmée - Page 273

  • Grand écran: avec "Baccalauréat", Cristian Mungiu se livre à l'examen impitoyable de nos sociétés

    abaccalau.jpgRoméo n’a pas vraimentle physique que son prénom suggère... Médecin quinquagénaire massif et enrobé ruminant son échec, il exerce dans une bourgade de Transylvanie. Convaincu qu’il n’y a plus d’avenir en Roumanie après y être revenu plein d’espoir en 1991, il s’est démené pour que sa fille Eliza, la prunelle de ses yeux, soit acceptée à l’Université de Cambridge. Il ne lui reste qu’à passer son bac, une formalité pour cette élève modèle.

    Rien ne va pourtant se dérouler comme prévu dans Baccalauréat du Roumain Cristian Mungiu. Eliza est agressée sexuellement à quelques jours des épreuves. Elle est blessée et le drame risque de peser sur ses résultats et remettre en cause sa bourse pour l’Angleterre, ainsi que toute la vie de Roméo. Sa réussite sociale par procuration est une telle obsession qu’il est devenu pratiquement insensible à tout le reste. Et notamment à sa femme qui s’apprête à le quitter, et pour qui les mots devoir et honneur ont encore de l’importance.

    Dangereuses magouilles

    Intensément frustré, Roméo oublie tous les principes qu’il a inculqués à sa fille et cherche n’importe quel moyen pour qu’elle réussisse. Il finit par se lancer dans de dangereuses magouilles, en acceptant l’aide d’un malade influent en vue de corrompre le correcteur des copies. Le piège se referme, c’est l’engrenage.

    Centré sur les rapports sur les rapports père/fille, Baccalauréat, filmé en longs plans-séquences, est une critique sociale virant au film noir, où Cristian Mungiu part du singulier pour viser l’universel. Roméo personnifie la Roumanie d’aujourd’hui, hantée par les fantômes du passé, minée par les compromis "nécessaires", les compromissions et le trafic d’influence auxquels s’initie un honnête homme.

    Entre culpabilité et rédemption, ses thèmes de prédilection, le réalisateur se livre à un examen passionnant et impitoyable concernant toutes nos sociétés. On regrettera juste le dénouement de l’opus, porté par d’excellents comédien dont l’interprète principal Adrian Titieni. Dans une scène plate, Cristian Mungiu montre de façon assez mièvre que le salut passera par la jeunesse. Ou peut-être pas...

    Rappelons que Cristian Munigiu, habitué du Festival de Cannes, avait obtenu en 2007 la Palme d'or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. En mai dernier, il remportait avec Baccalauréat le prix de la mise en scène, à égalité avec Personal Shopper du Français Olivier Assayas. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 décembre. 

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  • Grand écran: " L'idée d'un lac", chronique poétique sur une femme enceinte à la recherche de son passé

    alac.jpgEn 2011, la réalisatrice helvético-argentine Milagros Mumenthaler déjouait tous les pronostics en raflant le Léopard d’or au festival de Locarno pour son premier film Abrir puertas y ventanas.

    A nouveau sélectionnée en compétition en août dernier, elle ne connaissait pas le même succès avec le second La idea de un lago (L’idée d’un lac), chronique intime et poétique sur une femme enceinte qui part à la recherche de son passé.

    Photographe professionnelle, Inès se décide à terminer un livre avant la naissance de son enfant. Son travail la renvoie à la maison des grands-parents située au bord d’un lac dans le sud de l’Argentine, où se réunit la famille pour les vacances d'été. C’est là qu’a été prise la seule photo qu’elle conserve d’elle et de son père avant qu’il disparaisse, victime de la dictature militaire.

    Milagros Mumenthaler s'est librement inspirée d’un livre de photos et de poèmes autobiographiques de Guadalupe Gaona Pozo de aire, pour lequel elle eu un coup de cœur. Il a provoqué dans sa tête des images fortes qui lui ont donné envie de réaliser son film, dont on retient avant tout une certaine émotion et de très belles images.

    Elles flirtent par ailleurs parfois avec le fantastique lorsqu’elle imagine son père sous l’apparence de la petite Renault verte qu’il conduisait et avec laquelle elle se baigne dans le lac… On reprochera malgré tout au film un côté peu abouti en ce qui concerne la mise en scène et la direction des personnages.

    A ‘affiche dans les salles de Suisse romande dès le 30 novembre

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  • Grand écran: thriller médical, "La fille de Brest" revient sur les ravages du Mediator

    abrest.jpgAprès La tête haute qui avait ouvert le Festival de Cannes en 2015, Emmanuelle Bercot revient avec un thriller médical rappelant le combat d’Irène Frachon, une pneumologue du CHU de Brest. En 2008, elle découvre un lien direct entre des morts suspectes et la prise d’un médicament coupe-faim commercialisé depuis 30 ans, le Mediator. Elle cherche alors à le faire interdire avec autant d’obstination et de courage.

    Médecin et mère de famille, cette justicière avant tout est incarnée par la Danoise Sidse Babett Knudsen. En brossant le portrait d’une femme décidée à faire triompher la vérité, La fille de Brest, raconté du point de vue d’Irène Frachon, fait inévitablement penser à Erin Brockovich de Steven Soderbergh. Une juriste américaine jouée par Julia Roberts partait guerroyer contre l'arrogance de puissantes industries qui avaient pollué l’eau d’une petite ville californienne.

    La croisade exemplaire, nécessaire de la lanceuse d’alerte investie d’une mission pour dénoncer le scandale du Mediator, qui aurait causé 1800 morts méritait d’être portée à l’écran. Pour ne pas oublier ses ravages et pour rendre hommage à une battante qui, façon David contre Goliath, a fait trembler les Laboratoires Servier. Et poursuit sa lutte pour que les victimes obtiennent réparation.

    Des réserves sur la forme et les comédiens 

    On a pourtant quelques réserves en ce qui concerne la forme simpliste, notamment des scènes d'autopsie éprouvantes voire complaisantes où la caméra s'attarde longuement sur des corps découpés par des légistes. Même si la réalisatrice veut forcer de cette manière violente les spectateurs à se rendre compte dans leur chair ce qu’implique la prise du Mediator.

    Par ailleurs, les comédiens (photo) ne sont pas toujours à la hauteur Formidable en Premier ministre dans la série Borgen, lumineuse aux côtés de Fabrice Lucchini dans L’herrmine, Sisdse Babette Knudsen déçoit un peu dans le rôle de la Bretonne Irène Frachon. Emmanuelle Bercot en fait une sorte de double, en la montrant débordante d’une énergie virant parfois à l’hystérie avec ses crises de nerf à la limite du grotesque.

    On n’est pas non plus très fan de la prestation fade d’un Benoît Magimel bedonnant, chercheur dépassé par l’ampleur de l’affaire et tentant laborieusement de suivre une collègue à la pétulance manquant de naturel.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 novembre

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