Grand écran: avec "Les gardiennes", Xavier Beauvois rend hommage aux femmes et révèle une actrice (05/12/2017)

425602_0.jpgRares sont les films qui ont évoqué le rôle primordial des femmes qui, restées à l'arrière pendant la Première Guerre mondiale, ont continué à faire tourner l’économie française alors que les hommes étaient partis au  front, en assurant le fonctionnement des exploitations agricoles et des usines.

C’est à ces héroïnes que rend hommage Xavier Beauvois, dans son septième long-métrage Les gardiennes, très librement adapté d’un roman oublié d’Ernest Pérochon publié en 1924.

Le film, qui s’inscrit dans la lignée de Des hommes et des dieux, débute en 1915 à la ferme du Paridier, dans le Limousin. Mère de trois enfants, Solange, Constant et Georges, Hortense, travailleuse acharnée, a pris la relève des hommes réquisitionnés, dont ses deux fils et Clovis, le mari de Solange, lui-même père de Marguerite, née d’un premier mariage.

Mais les tâches s’accumulent et Hortense fait de plus en plus difficilement face d’autant que Solange rechigne à l’ouvrage. Elle embauche alors Francine, 20 ans, qui vient de l’assistance publique. Aussi infatigable qu’Hortense, la jeune femme sait tout faire, labourer la terre, moissonner, traire les vaches, s’occuper du potager et du ménage. Très vite, naissent entre elles de l’affection, de la confiance et du respect.

Leur vie est rythmée par les rudes labeurs et le retour des hommes en permission, oubliant pendant quelques jours l'atrocité des combats. A l’image de Georges, dont Marguerite est follement amoureuse. Mais c’est avec Francine qu’il va échanger des lettres, de plus en plus passionnées. Xavier Beauvois, qui s’était beaucoup focalisé dans une première partie sur la dure routine quotidienne aux champs et à la ferme, donne alors à l’histoire une dimension plus romanesque, plus intime, où se mêlent jalousie, injustice et manipulation. Le drame familial couve.

Xavier Beauvois prend le temps d’installer son récit et de laisser exister ses personnages dans ce film de guerre où on ne voit pas la guerre sinon dans les cauchemars des permissionnaires, le nom des morts égrenés à l’église, la disparition d’un fils, d’un mari, sobrement annoncé par le maire du village à une mère qui s’effondre, la présence de soldats américains qui serrent d’un peu trop près les jolies campagnardes…

 aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaairis.jpgPorté par d’excellents comédiens

De bonne facture classique, proposant une mise en scène et une photographie soignées ce portrait sensible de vaillantes résistantes, gardiennes d’un bout de patrimoine, est porté par d’excellents comédiens.

Vieillie, dure à la tâche, stricte et sévère dans son comportement, son allure (on regrette toutefois une redoutable perruque grise comme plaquée à la hâte !), Nathalie Baye se révèle très convaincante. Elle rencontre pour la première fois sur grand écran sa fille Laura Smet, avec qui elle avait déjà joué dans la série Dix pour cent.

Mais la révélation, c’est la lumineuse Iris Bry, magnifique dans le rôle parfaitement incarné, de cette jeune femme courageuse, sacrifiée au nom de l’honneur familial. Elle a sans surprise été présélectionnée pour le César du meilleur espoir féminin. A signaler également la belle présence de Cyril Descours, Nicolas Giraud et Olivier Rabourdin.

A l'affiche dans les salles de Suisse rmande dès mercredi 6 décembre.

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