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le blog d'Edmée - Page 277

  • Grand écran: "Dans la forêt", le thriller fantastico-anxiogène de Gilles Marchand

    aaaaforet.jpegNotamment inspiré de l'enfance de l'auteur, ce huis-clos familial en pleine nature met en scène Tom et Benjamin, deux garçons de 8 et 11 ans, qui rejoignent leur père vivant à Stockholm, pour passer les vacances d'été avec lui.

    Ils l’ont à peine vu depuis qu’il a divorcé de leur mère, plus particulièrement Tom, qui ne connaît pratiquement pas cet homme à la fois bizarre, mystérieux, solitaire et autoritaire, qui semble ne jamais avoir besoin de dormir. C’est en tout cas ce qu’il lui affirme. Il est en plus convaincu que le gamin voit des choses invisibles pour les autres. A la suite d’incidents étranges, il décide brusquement d’aller dans le nord du pays et de séjourner dans une cabane au milieu d’une immense forêt.

    Les deux gamins trouvent l’idée excitante, mais déchantent assez rapidement en découvrant un endroit certes magnifique, mais beaucoup plus isolé qu’ils l’avaient imaginé, privé d’électricité de surcroît, ce qui les empêche de recharger leur portable. Le malaise s’installe au fil des jours et leur inquiétude s’accroît quand ils comprennent que leur père, heureux d’être coupé du monde avec ses fils, envisage de moins en moins un retour à la civilisation. Sans compter qu'il manifeste à leur égard un comportement de plus en plus étrange et menaçant, qui accentue leurs angoisses et leurs peurs.

    Un côté maléfique rappelant un peu Shining

    Egalement connu pour ses scénarios dont Ressources humaines de Laurent Cantet, Un ami qui vous veut du bien de Dominik Moll, ou encore Main dans la main de Valérie Donzelli, Gilles Marchand est adepte du thriller aux accents fantastiques depuis ses premiers longs-métrages. Dans Qui a tué Bambi (2003), il évoquait les obsessions d’une jeune infirmière se débattant entre rêve et cauchemar. Dans L’Autre monde (2010), il utilisait le phénomène des jeux vidéo en ligne pour développer des relations troubles et malsaines entre des personnages à la dérive.

    aaaforet.jpgDans la forêt, le côté diabolique du père se retournant contre sa progéniture, rappelant un peu la folie de Jack Nicholson dans Shining, l’emporte. Cet opus anxiogène le serait d'ailleurs davantage si son réalisateur n’avait pas décidé de distiller l’angoisse dès les premières images.

    Du coup, on n’est jamais véritablement surpris par les agissements alarmants du père. Ni saisi par les visions de monstrueuses créatures démoniaques du petit Tom, véritable héros de l'histoire. Doué de télépathie, il révélait en effet d’entrée à une pédopsychiatre qu’il avait un mauvais pressentiment à l’idée d’aller retrouver l’auteur de ses jours en Suède.

    Cela n'enlève toutefois rien à la prestation des comédiens. Jérémie Elkaïm dans le rôle sombre et maléfique du père, Timothé Vom Dorp (photo) et Théo Van de Voorde dans celui des enfants à l'imaginaire foisonnant, se montrent tous les trois excellents.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 février.

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  • Grand écran: Avec "Silence", Martin Scorsese livre sa "Passion" en évoquant ses doutes de croyant

    aaasorsese.jpgMartin Scorsese quitte la haute finance du Loup De Wall Street pour aborder le thème de la foi, prépondérante dans sa vie et sa carrière. L'homme qui voulait devenir prêtre a fait de la religion l’un des  moteurs de son cinéma, confrontant ses obsessions (culpabilité, rédemption, expiation) à ses démons dont les addictions et la violence.  
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    Avec Silence, qu’il rêvait de tourner depuis plus de vingt-cinq ans, l’auteur de La dernière tentation du Christ ou de Kundun (sur la vie du Dalaï-lama) livre ainsi sa "Passion", évoquant sa propre histoire, ses doutes, ses contradictions au cours d’une réflexion métaphysique complexe qui attire par sa recherche du mystère de la foi et ses interrogations philosophiques.

    Adapté du roman éponyme de Shusaku Endo, Silence se déroule dans le Japon du XVIIème siècle, une période sombre, où les chrétiens fraîchement convertis sont massacrés, combattus pour des raisons religieuses et culturelles. Des résonances évidentes avec les atrocités commises aujourd’hui au nom de la foi (djihadisme, guerre aux mécréants, massacre des chrétiens d’Orient).

    Un vrai chemin de croix

    Scorsese suit les Pères portugais Sebastiao Rodrigues (Andrew Garfield) et Francisco Garupe ( Adam Driver) , missionnaires jésuites lancés à la recherche de leur mentor le Père Ferreira, porté disparu après être parti propager la bonne parole à l'autre bout du monde. Leur périple se muera en vrai chemin de croix, mettant sans cesse leur foi à l’épreuve.

    Après une première partie où Scorsese évoque notamment d’une manière assez incongrue le choc des cultures, les deux hommes  partageront l’horrible destin des Japonais catholiques, contraints d’abjurer en piétinant une représentation du Christ, suppliciés puis trucidés par les sbires d’Inoue Masashige. Un redoutable inquisiteur dont Scorsese montre la cruauté et le sadisme en multipliant les scènes de torture et de mise à mort par le feu, la noyade, la décapitation.

    Evitant tout prosélytisme, Scorsese propose un film épuré, austère, aride, au rythme lent, privilégiant la contemplation à l'action. Tout en reconnaissant et en admirant la virtuosité du réalisateur, la splendeur visuelle de l’opus (tourné à Taïwan) étiqueté chef d'oeuvre par beaucoup, on n’adhère pas complètement à ce duel spirituel opposant les croyances d’un Japon médiéval à une religion catholique qui se prétend universelle..

    Des comédiens peinant à émouvoir

    On n’est pas non plus conquis par la distribution. Andrew Garfield, qu’on vient de voir dans Tu ne tueras point de Mel Gibson et Adam Driver, le conducteur de bus poète de Jim Jarmush dans Paterson, n’éblouissent pas par leur charisme.

    Bien qu’ils se soient totalement investi dans leur rôle, leur performance peine à émouvoir. Andrew Garfield se révèle peu inspiré dans ses incantations et Adam Driver a tellement maigri, qu’il effraye plus qu’il ne bouleverse. Dommage enfin que Liam Neeson, le mentor finalement retrouvé, soit réduit à de trop brèves apparitions dans cet opus de deux heures quarante.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 février.

     

     

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  • Grand écran: "Manchester by the Sea", un grand mélodrame avec un formidable Casey Affleck

    aaaafleck.jpgHomme à tout faire dans une plomberie de Boston, Lee Chandler (Casey Affleck impressionnant) passe ses journées à régler les problèmes des locataires de l’immeuble dont il s’occupe. Mais les choses ne vont pas sans mal. Lee est un garçon solitaire, irritable, qui n’aime pas les gens et a des difficultés à communiquer.  Toujours à fleur de peau, il noie son mal-être dans la bière et déclenche de stupides bagarres dans les bars pour se défouler.

    Et puis un jour il, reçoit un coup de fil, rompant brutalement la routine de son morne quotidien et lui apprenant la mort soudaine de son grand-frère Joe (Kyle Chandler). Désigné tuteur légal de son neveu adolescent, Patrick (Lucas Hedges). Il doit alors retourner dans sa ville natale de Manchester by the Sea et y affronter un passé tragique qui l’avait forcé à fuir, se séparant de sa femme (Michelle Williams).

    Ce drame poignant qui séduit par son scénario, sa mise en scène, ses dialogues, sa photographie, est signé Kenneth Lonergan, dramaturge et scénariste de Mafia Blues qui l’a révélé en 2000 et de Gangs Of New York de Scorsese (2011), qu’il a co-écrit. Il s’agit de son troisième film comme réalisateur après Tu peux compter sur moi et Margaret qu’on regrette de ne pas avoir vus.

    Avec Manchester by the Sea, Kenneth Lonergan nous entraîne dans une forme de suspense, qui tient à la structure narrative de l’intrigue, moins simple qu’il n’y paraît. Prenant son temps, l’auteur la nourrit habilement de flashbacks permettant de mieux saisir les différentes situations, les motivations et les comportements des protagonistes, A commencer par celui de Lee, en nous laissant découvrir la raison de ses fêlures, de ses blessures, sa réticence à revenir Manchester, pour dévoiler petit à petit à l’origine du mal qui le ronge.

    Forte puissance émotionnelle

    Tout en évoquant le deuil, l’abandon, la résilience, l’auteur se concentre sur la relation complexe, touchante, entre l’oncle et le neveu qui se cherchent, chacun essayant maladroitement d’atteindre l’autre pour tenter de retisser un lien. Kenneth Lonergan livre ainsi un grand mélodrame intimiste à forte puissance émotionnelle, mais sans pathos et tire-larmes souvent inhérents au genre.

    Une magnifique réussite qui tient bien sûr aussi à l’interprétation. Casey Affleck, qui tient un de ses meilleurs rôles avec celui du fascinant Gerry de Gus Van Sant apparaît comme un favori à l’Oscar. Il donne de l’épaisseur à son personnage qui lutte contre le spectre d’un passé impactant le présent. Fragile, renfermé, brisé mais aussi endurci par le chagrin, il donne la réplique à Lucas Hedges, remarquable dans le rôle de cet ado renfrogné, faussement cynique et insensible, occupé à satisfaire ses pulsions sexuelles avec diverses copines qui succombent à son charme. A leurs côtés, Michelle Williams et Kyle Chandler se montrent à la hauteur dans des rôles secondaires.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er février .

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