Grand écran: " Sage-femme" réunit Deneuve et Frot, les deux grandes Catherine du cinéma français (21/03/2017)
Claire, sage-femme au sens propre et figuré, a voué son existence aux autres. Alors que la fermeture proche de la maternité où elle travaille la préoccupe, son quotidien est de surcroît chamboulée par l’irruption, au bout de 40 ans, de Béatrice, ancienne maîtresse passionnée de son père qu’elle a poussé au suicide après l’avoir quitté sans explication.
Dans Sage-femme, à la base un hommage à la sage-femme qui l’a sauvé à sa naissance en lui donnant son sang, Martin Provost met en scène des retrouvailles étonnantes entre deux femmes que tout sépare.
D’un côté le personnage interprété par Catherine Frot, raide, buté, rigoureux, cultivant son petit jardin au bord de l’eau entre deux accouchements, menant une existence dédiée à son fils étudiant en médecine et à son métier au point d’oublier de vivre. De l’autre Catherine Deneuve, alias Béatrice, flambeuse fantasque, excentrique, menteuse, tricheuse, égoïste, qui a brûlé la chandelle par les deux bouts.
Sa réapparition brutale ravive les blessures du passé. Mais les rancoeurs, la désapprobation ou le mépris de l’une pour la vie de l’autre, s’effacent petit à petit entre celle qui a brûlé la chandelle par les deux bouts et son exact contraire pour laisser place à une relation quasi filiale. D’autant que Béatrice annonce à Claire qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau
Fable rappelant celle de La cigale et la fourmi, comparaison qu’il assume totalement, ce film est à l’image de Martin Provost, à la fois joyeux et désespéré. Un film où il évoque la transmission tout en livrant une opposition constante entre la vie et la mort.
Pourtant, après ses magnifiques portraits, Séraphine en 2008 et Violette en 2013, le réalisateur déçoit un peu avec Sage-femme, un opus certes touchant mais où, dans une mise en scène illustrative, il privilégie une opposition finalement assez banale de deux caractères à la folie de ses héroïnes précédentes.
Et cela bien qu''il nous propose un duo inédit avec les deux grandes Catherine de la pellicule française. Un jeu de miroirs où Frot l’emporte sur Deneuve qui, manquant de naturel, se complaît trop dans ce rôle de dame indigne exubérante, aimant les hommes, l’alcool, et le tabac pour convaincre.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 mars.
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