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le blog d'Edmée - Page 268

  • Grand écran: "Les initiés", illusoire apprentissage de la virilité en Afrique du Sud

    aaaaaini.jpgXolani est un jeune ouvrier. Taciturne, morose, solitaire, il vit à Queenstown en Afrique du Sud et, chaque année, s’en va dans les montagnes du Cap Oriental. Avec d’autres hommes, il participe, en temps qu’instructeur, à l’ukwaluka, rituel d’initiation commençant par la cérémonie de circoncision imposée aux adolescents. Ils leur sont confiés pour devenir des hommes, de vrais mâles, selon les anciens, capables de perpétuer le nom de la famille.

    Passé par là quelques années plus tôt, Xolani, jugé différent, était mis à l’écart. Issu d’un milieu aisé de Johannesburg, son initié, le capricieux Kwanda lui ressemble. Et ne tarde pas à découvrir un secret inavouable. «Je sais ce que tu es, mais tu ne peux pas l’admettre », lui dit-il…En effet, si Xolani revient dans ces campements isolés, c’est pour revoir son ami Javi, un grand gaillard athlétique qui en impose. Sauf que ce modèle de virilité cache sa vraie nature sous ses muscles. Comme Xolani, qui se sent du coup menacé par les éventuelles révélations de Kwanda

    Sur fond de rite ancestral, d’illusoire apprentissage de la virilité, le Sud-Africain Jonh Trengove analyse les rapports de force, conflictuels, entre initiateurs et initiés, mais raconte surtout une violente et tragique histoire d’amour gay. L’illustrant notamment par des ébats à la fois furtifs et brutaux, il n’en brosse pas moins un portrait émouvant de deux hommes, l’un amoureux fou l’autre davantage soumis à ses pulsions, mais tous deux forcés de se cacher.

    Le titre original The Wound (la blessure) traduit d’ailleurs mieux que son intitulé français, Les initiés, la double souffrance qu’induit le récit. Celle physique de la circoncision et celle psychologique du lourd secret d’une relation interdite dans une société restée attachée à des traditions archaïques. Un premier long métrage courageux, ambitieux, auquel on reprochera toutefois un manque de rythme, des longueurs, et l’ajout de de quelques scènes nuisant à la dramaturgie.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 3 mai.

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  • Grand écran: "Django" raconte un moment méconnu de la carrière du guitariste. Avec Reda Kateb

    aaaaadjango.jpgAvec son titre Django, on s’attendait à une biographie détaillée du célèbre guitariste. Mais pour son premier long métrage, Etienne Comar laisse de côté des épisodes majeurs du parcours de l’artiste pour se concentrer longuement sur deux ans méconnus de sa carrière.

    En 1943, pendant l’Occupation, Django Rheinhardt, génie au sommet de son art, fait vibrer chaque soir le tout Paris aux Folies Bergères alors que ses frères tziganes sont pourchassés et tués en Europe.

    Même s’ils détestent cette musique "dégnérée", Django plaît aux occupants et la propagande allemande veut l’envoyer à Berlin pour une série de concerts. Non seulement la star n’a pas envie de se plier aux exigences ( pas d'impro de plus de cinq secondes et pas de swing) mais, sentant le danger, décide de s’évader en Suisse sur les conseils de sa maîtresse, Louise de Klerk.

    Il se rend à Thonon avec sa femme enceinte, Naguine et sa mère Negros. L'opération se révélant plus compliquée que prévue, Django et ses proches, bloqués pendant trois mois, se retrouvent plongés dans la guerre…

    On peine à adhérer à cet opus un peu bancal, au récit linéaire, à la réalisation paresseuse et au scénario à ellipses semant la confusion, prenant par ailleurs des libertés avec la réalité. A l’image de ces scènes démonstratives devant un aréopage de nazis sous le charme, coïncidant avec l’assassinat d’un vieux chanteur gitan en pleine forêt. Ou, pour le côté romanesque, l’invention de la belle Louise de Klerk interprétée par Cécile de France, héroïne tragique de la Résistance façon femme fatale des films noirs des années 50, et finalement jetée en pâture à l’ennemi.

    Et puis il y a l'importance finale d’un Requiem composé pendant la guerre pour les Roms massacrés, joué une seule fois en 1945 et dont la partition s’est perdue… Des fausses notes en somme, ne rendant pas service à Reda Kateb (photo), qui sauve pourtant les meubles en s'investissant totalement dans le rôle de Django. De chaque plan, il campe un personnage à la fois secret, complexe,dédaigneux, infidèle, joueur.

    Reste enfin, la musique de ce géant du jazz, obsédé par la perfection. Electrisante, elle vaut à elle seule le détour.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

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  • Grand écran: "Le procès du siècle", un sujet passionnant porté par de brillants acteurs

    aaaaaaproces.jpgEn 2000, après cinq ans de procédure, l ‘Américaine Deborah Lipstadt, professeure d’histoire et de littérature juives modernes à l’université d’Atlanta, auteure de Denying The Holocaust (La négation de l’Holocauste) sorti en 1993, se voit confrontée au Britannique David Irving. Cet universitaire extrémiste, historien amateur, écrivain à succès sur la seconde Guerre mondiale et avocat de thèses controversées sur le régime nazi, a sombré dans le révisionnisme.

    Discrédité par Deborah Lipstadt, il la poursuit ainsi que son éditeur Penguin Books, pour diffamation et l’assigne en justice. Comme le veut la loi anglaise, c’est à l’accusé de démontrer son innocence et l’historienne se retrouve dans la situation incroyablement absurde de devoir prouver, à la Cour royale de Londres, l’existence de la Shoah dont elle a toujours farouchement défendu la mémoire. 

    Le réalisateur Mick Jackson (auteur de Bodyguard en 1992) a coécrit Le procès du siècle (Denial) avec David Hare. Scénariste de The Reader (2009) de Stephan Daldry, autre film de prétoire sur l’après-guerre, ce dernier a épluché les archives officielles du procès et scrupuleusement retranscrit les échanges tenus.

    Bien documentée et donc respectueuse dans sa reconstitution des faits réels, l’oeuvre classiquement mise en scène est par ailleurs portée par des comédiens très convaincants. Rachel Weisz (photo) tient le rôle de l’historienne pugnace, obligée de contrôler ses émotions, Tom Wilkinson celui de l’avocat faussement bonhomme mais vraiment retors de Penguin, tandis que Timothy Spall (meilleur acteur à Cannes en 2014 pour Mr Turner de Mike Leigh) enfile celui du négationniste aussi nauséabond que pervers, prêt au pire pour parvenir à ses fins.

    On vous laisse découvrir l’issue de ce long métrage au sujet passionnant, auquel Deborah Lipstadt, aujourd'hui âgée de 69 ans et enseignant toujours, a collaboré en participant activement à la production.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 26 avril.

     

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