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le blog d'Edmée - Page 265

  • Grand écran: Fanny Ardant en "Lola Pater", une évidence pour le réalisateur Nadir Moknèche

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafanettew.jpgFils d’immigrés algériens, Zino a grandi persuadé que Farid, son père, les a abandonnés, sa mère et lui. A la mort de cette dernière, il apprend que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il vit en Camargue. Zino part alors à sa recherche dans le sud de la France et rencontre Lola, professeure de danse orientale. Elle finit par lui avouer qu’elle est Farid. Zino a de la peine à l’accepter. Toujours prête à tout, Fanny Ardant n’a pas hésité à se couler dans le rôle de Lola, donnant la réplique à Tewfik Jallab (photo

    Nadir Moknèche s'est attaqué à un thème délicat qu'il traite avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. "L’idée du film vient de loin. Dans les années 80, j‘habitais Pigalle et j’avais deux voisines transsexuelles qui se prostituaient en bas de chez moi. Le 11 mai 1987, alors qu’Antenne 2 retransmettait l’ouverture du procès de Klaus Barbie l’une d’elles m’a demandé si elle pouvait venir voir la télévision chez moi. J’ai d’abord pris un air condescendant du haut de mes 22 ans. Ensuite nous avons sympathisé Avec le temps, je suis entré dans ce monde et j’ai découvert une autre vie".

    Pourquoi avoir choisi Fanny Ardant.

    Je l’avais vue dans Vivement dimanche et j’avais cru alors qu’elle était italienne. Je suis dingue des actrices italiennes. Et puis, lors d’un déjeuner chez ma mère, on parlait du scénario, du personnage. Tout à coup, elle m’a dit comme un oracle  "Ne cherche pas, il y a une seule actrice qui peut jouer ce rôle. Fanny Ardant". On s’est rencontré et tout s’est enchaîné.

    On pourrait vous reprocher de ne pas avoir choisi une vraie transsexuelle, comme l’a fait par exemple Sebastian Lelio pour "Una mujer fantastica".

    Le cinéma est un métier et j’aime travailler avec les acteurs. Actuellement il n’y a pas de comédienne transsexuelle. Peut-être sera-ce le cas dans vingt ans. mais j’espère qu’elles ne seront pas cantonnées à ce genre de rôle. Le choix de Fanny Ardant s’est imposé de lui-même. Elle et moi nous sommes investis corps et âme dans ce personnage de Lola. (C’est aussi l’avis de l’intéressée. Voir notre interview de Fanny Ardant du 4 août dernier).

    Si vous vous mettez dans la situation du fils, comment auriez-vous réagi ?

    J’aurais également été dans le rejet a priori. Et puis j’aurais essayé de comprendre pourquoi c’est si douloureux d’être dans le mauvais corps. Personnellement je n’ai pas connu mon père. Il est mort alors que j’avais trois ans. Plus tard je me suis demandé comment je me serais entendu avec lui. Et je me suis aussi dit, si le cas s’était présenté, qu’il était préférable d’avoir un père vivant, en femme ,qu’un père mort, en homme.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 août.

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  • Festival de Locarno: avec "Chien", Samuel Benchetrit dénonce une société déshumanisée. Interview

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabenvan.jpgChienne de vie que celle de Jacques Blanchot! Sa femme le flanque à la porte sous prétexte qu’elle est atteinte de blanchoïte aiguë, une maladie qui la pousse à se gratter lorsqu’il s’approche d’elle. Son fils profite de lui et il est exploité par son patron. Pour retrouver un peu d’amour il décide, en passant devant une animalerie, de s’acheter un chien. Avec niche, croquettes, laisse et dix leçons de dressage, le tout au prix fort exigé par un maître-chien fascisant.

    Mais le chiot, qui en plus ressemble à Hitler, en ne va pas tarder à passer sous les roues d’un bus. Bouleversé, Blanchot s’installe à l’hôtel, mange les croquettes, dort dans la niche et va jusqu’à prendre les leçons qu’il a payées, se coulant dans le rôle du chien en acceptant les pires humiliations.

    Un ton burlesque et décalé qui vire au noir

    Signé Samuel Benchetrit, qui l’a adapté de son propre roman, Chien, interprété par Vincent Macaigne, Bouli Lanners et Vanessa Paradis commence sur un ton burlesque et décalé qui vire rapidement à l’humour noir. Très noir. Pathétique, gênant, limite malsain, cette comédie plus pathétique que drôle divise, provoquant la détestation totale ou une adhésion plus ou moins forte. 

    Invité à la présenter sur la Piazza Grande l’écrivain réalisateur explique que son livre, un exutoire, est né suite à un état dépressif et de doutes, où il se demandait pourquoi gagner de l’argent, rester dans le mouvement, avoir tant de préoccupations ridicules alors que la vie est si courte. 

    «C’est une histoire simple qui raconte quelque chose d’universel, être quelque chose ici-bas. Je dresse un état des lieux, je parle de dystopie, de cynisme à propos d’un personnage qui en est totalement dépourvu, qui va sortir de ce monde pour en découvrir un autre ». Cela m’intéresse de traiter un personnage sans ambition qui rend fou les autres par sa passivité, Une passivité qui les conduit à une violence extrême. Du coup c’est lui qui gagne».

    Et tandis qu’il s’humanise en chien, vous dénoncez la déshumanisation de la société. Une prise de position politique?

    Oui, je revendique modestement cet aspect. On est encore dans un fascisme incroyable. Rien n’est réglé, notamment en ce qui concerne les femmes. Là le fascisme est représenté par Bouli Lanners dans le rôle du dresseur. J’en ai rencontré et ils ne m’ont pas plu.

    Ce qu’il fait subir à Jacques Blanchot va vraiment très, voire trop loin. N’y a-t-il pas de la complaisance dans votre façon de gommer tout ce qu’il pourrait y avoir d’humain chez lui?

    Il faut aller au bout de son sujet. Mais il n’y a ni complaisance ni manipulation . Je ne veux pas plaire et j’imagine bien que les agissements du dresseur peuvent provoquer le malaise. Personnellement, en tant que spectateur, j’aime être bousculé.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavincent.jpegEn tout cas vous bousculez drôlement Vincent Macaigne, votre acteur principal. Assimilé à une maladie, il est quitté, frappé, obligé de se mettre à quatre pattes, de chercher la balle. On l'enferme dans une cage!

    Aucun autre que lui n'aurait accepté ce genre d'avilissement, c'est certain.Il encaisse encore et encore. Vincent est un comédien incroyable. Il fait ce qu'on lui demande et reste complètement concentré sur l’humanité du personnage. Il connaît l'enjeu. Dans ses mises en scène de théâtre, il n'hésite pas à pousser également ses acteurs. Il a d'ailleurs fait beaucoup de propositions. En réalité, c’est un vrai rebelle, un révolutionnaire en avance sur son temps. Dans le film, c'est le plus heureux.  Il n’attend rien des autres. Il comprend tout.

    Alors finalement, est-ce mieux d’être un chien pour vous?

    Non c’est mieux d’être un homme. Cela dépend de la façon dont je me lève le matin. L’humain est une race magnifique. Mais il oublie la nature, ne vit pas assez le moment. En ce qui me concerne, je suis par exemple très encombré par mon passé…

     

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  • Festival de Locarno: boxeur dans "Sparring", Mathieu Kassovitz décroche un Léopard pour sa carrière

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamat.jpgAprès Adrien Brody, lauréat du Leopard Club Award, honorant une personnalité du cinéma qui a marqué l’imaginaire collectif, c’était au tour du talentueux Mathieu Kassovitz de décrocher l’Excellence Award Moët & Chandon pour sa carrière devant et derrière la caméra.

    César du meilleur espoir masculin en 1994 pour sa prestation dans Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard, il avait raflé le prix de la mise en scène à Cannes en 1995 pour La Haine, devenu culte. Il a notamment i collaboré avec de grands réalisateurs comme Costa-Gavras (Amen, 2002), Steven Spielberg (Munich, 2005) et le dernier Michael Haneke (Happy End, Cannes 2017).

    L’hommage, complété par une sélection de ses films, lui a été rendu sur la Piazza Grande qu’il découvrait pour la première fois et où était projeté Sparring, de l’acteur Samuel Jouy. «C’est un beau moment pour mon ego», avait déclaré Mathieu Kassovitz, qui tient le rôle principal, à l’occasion d’une conférence de presse où il s’est surtout amusé à jouer les potaches avec les autres protagonistes.

    Cette première réalisation raconte l’histoire de Steve Landry, 45 ans, un boxeur qui a perdu plus de combat qu’il n’en a gagné, comme en témoigne son visage amoché. Avant de raccrocher les gants, il accepte de devenir le sparring partner d’un champion. Et se voit offrir une dernière occasion de briller auprès de sa femme et de ses enfants, plus particulièrement de sa fille qui lui voue une admiration sans borne.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaapat.jpgUne oeuvre mineure, à l‘image de la programmation de la Piazza Grande jusqu'ici. A une ou deux exceptions près. On mettra évidemment à part le captivant Good Time de Josh et Benny Safdie, présenté à Cannes en compétition en mai dernier. Dans ce polar noir, un homme cherche à faire sortir de prison son frère arrêté au cours d’un braquage qui a mal tourné. Une dérive déglinguée entre désespoir et violence frôlant parfois l’absurde dans les bas-fonds newyorkais. Le héros Robert Pattinson y est méconnaissable (photo).

    On a aussi aimé Lola Pater, cinquième long métrage du cinéaste franco-algérien Nadir Moknèche. Il s'est attaqué au thème délicat de la transsexualité et réussi à le traiter avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. Avec Fanny Ardant. (Voir notre interview dans notre chronique du 4 août).

    En revanche Noémie Lvovsky n’a pas convaincu avec Demain et tous les autres jours. Une mère, qu'interprète elle-même la réalisatrice, s'enfonce dans la folie, tandis que sa fille de 9 ans, certes turbulente mais plus adulte qu’elle, essaie de la protéger. Mathilde est aidée dans sa tâche par une étonnante chouette parlante… Noémie Lvovsky nous entraîne dans un univers intimiste et secret saupoudré de surnaturel. Dommage qu’elle ait trop tendance à nous perdre en route.

    Mais c’est moins grave que Drei Zinnen de l’Allemand Jan Zabeil, qui exploite maladroitement l’animosité permanente, voire pire, d’un jeune garçon à l’égard du nouveau compagnon de sa mère. Un film à l’ambiance faussement anxiogène et aux invraisemblances plombantes. Mais qu’est donc allée faire Bérénice Bejo dans cette galère ?

    Enfin, on évitera de s’étendre sur le regrettable ratage de Amori che non sanno stare al mondo (Des histoires d’amour qui n’appartiennent pas à ce monde) de Francesca Comencini. Le film avait  été refusé paraît-il l’an dernier à la Mostra de Venise.

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