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le blog d'Edmée - Page 249

  • Festival de Locarno: pour Fanny Ardant, transsexuelle dans "Lola Pater", chaque film est une aventure. Interview

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaafnr.jpgElle est belle, grande, mince, sincère, chaleureuse, passionnée. Avec des bagues à chaque doigt... nous rappelant les paroles du Tourbillon de la vie et son interprète qui vient de quitter la scène. Le temps d'un très bref commentaire. De Jeanne Moreau l’insoumise, Fanny Ardant dira sobrement que sa mort la rendue triste.

    Elle lui ressemble. Effrontée, extravagante, non conformiste, elle non plus n’a pas la langue dans sa poche, ne supporte pas la pensée unique, se moque des moralisateurs. Elle se dit peu mondaine sinon carrément asociale. A la tête de quelque 80 films, inoubliable Femme d’a côté de François Truffaut, elle est aussi réalisatrice de trois longs métrages, dont Le divan de Staline avec Gérard Depardieu, et a mis en scène un opéra au Châtelet.

    Douée pour la métamorphose et le mélange des genres, elle a accepté, à 68 ans, de jouer un homme devenu femme dans Lola Pater, le cinquième opus du cinéaste franco-algérien Nadir Moknèche. Fils d’immigrés algériens, Zino a grandi persuadé que Farid, son père, les a abandonnés, sa mère et lui. A la mort de cette dernière, il apprend que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il vit en Camargue.

    Zino part alors à sa recherche et rencontre Lola, professeure de danse orientale. Elle finit par lui avouer qu’elle est Farid. Zino a de la peine à l’accepter. Nadir Moknèche s'est attaqué à un thème délicat qu'il traite avec subtilité et sensibilité, évitant la caricature et le cliché. On en reparlera plus longuement lors de sa sortie le 9 août prochain dans les salles romandes.

    aaaaaaaaaaaaaaaardant.jpg"L'amour est la plus grande histoire de la vie"

    "J’ai beaucoup aimé le scénario ainsi que mon personnage pour la richesse de son caractère, sa vulnérabilité, son insolence, sa fantaisie, son parcours chaotique", raconte Fanny Ardant, de passage à Locarno pour la projection de Lola Pater sur la Piazza Grande. «C’est un être très tourmenté. Il a choisi sa vie quel que soit le prix à payer. Là on est à la dernière épreuve. Il, enfin elle, se demande si son fils va l’aimer. L‘amour est la plus grande histoire de la vie. 

    Est-ce un rôle casse-gueule? Certaines actrices auraient sans doute craint pour leur image?

    Ce n'est pas mon cas, car je n’ai pas d’image à défendre. J’ai une sorte d‘irréductibilité liée à ce que je pense, ce que je suis, à la liberté. Tout en tant très pessimiste, je suis dotée d'une extraordinaire énergie. Ma carte maîtresse. Elle est venue à bout de chagrins qui m’ont presque laissée pour morte.

    Qu’est-ce qui définit le mieux l’être humain selon vous?

    Ce n’est en tout cas ni son sexe, ni son métier, ni sa nationalité, ni sa couleur. Tout cela n'est qu'une enveloppe. Ce qui le définit, c’est sa richesse, sa dualité, ses contradictions. ce moment où on l’a devant soi et où on le découvre dans ses qualités, ses défauts dans les réactions qu'il provoque. Celle de mon fils dans le film, c’est d'abord le rejet. Dès qu’il apprend à me connaître ce n’est plus le cas.

    Comment avez-vous travaillé votre personnage?

    Je l’ai davantage préparé que travaillé. Avec Nadir, nous nous sommes surtout attaché à l'allure générale, aux robes, aux chaussures, à la coiffure, la poitrine, le derrière. Et à la voix. "Plus bas, me répétait-il, plus bas".. Il m’a par ailleurs conseillé de prendre des cours de danse orientale. Pour le reste on se rend disponible. Je n’ai pas rencontré de transsexuelles. Je me serais retrouvée dans une réalité qui ne m’intéresse pas. Ce qui me passionne, c’est la vérité.

    La routine vous ennuie. Vous la cassez en vous montrant très éclectique. Vos choix sont à la fois populaires et auteuristes.

    Chaque film est une aventure. Dépendant de l’invention et de l’intelligence des metteurs en scène qui me proposent des choses différentes. Quand j'ai rencontré Nadir, j'ai été séduite par sa culture, sa façon de parler, de me voir au-delà des apparences. Je n'avais jamais joué ce rôle et je dis toujours oui à quelque chose d’irrésistible.

    Et c’est quoi l'irrésistible ?

    La découverte, la curiosité, le plaisir de jouer. Mais j’ai besoin d’avoir des affinités. Vous savez, je suis misanthrope. J’aime les êtres humains un par un. Je déteste le groupe. Je n’ai par exemple jamais appartenu à un parti politique. Je ne fais pas non plus partie de la "grande famille" du cinéma. Je veux la liberté chez un acteur. J’ai été très heureuse sur le tournage de Lola, où j’ai rencontré des gens formidables.

    Enfreindre c’est mieux que suivre. Votre devise de rebelle en somme. 

    Je revendique ma liberté de parole et celle de changer d’avis. J’ai de la difficulté à entrer dans l’ordre établi, j’ai du mal avec la loi, avec l’autorité, sauf si elle est bienveillante. Tout cela vient du  fait que très tôt, on a essayé de me faire peur. Or une vie ne peut pas être dictée par la peur.

    Vous avez le sens de la formule. Vous dites par exemple que le cinéma c’est comme le prêt à porter. En gros il en faut pour chacun. Une fois vous m'aviez confié que vous étiez comme une valise sur un tapis roulant. Est-ce toujours le cas?

    Oui, j’attends qu’on m’emporte. Les gens ont pris leur valise et il n’y en a plus qu’une sur le tapis, qui patiente. C’est moi. Et je suis prête à tout!

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  • Festival de Locarno: des stars et des nouveautés pour la 70e édition

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaafestival loc.jpgTradition et innovation, regards sur le passé et paris sur l’avenir, le tout sur fond glamour avec de nombreuses stars présentes pour la 70e édition du Festival de Locarno, qui débute mercredi 2 août. Ce cru 2017 concocté par le directeur artistique Carlo Chatrian comprend comme d’habitude plusieurs volets, de la compétition internationale à la Piazza grande, en passant par les Léopards de demain, les Cinéastes du présents,la Semaine de la critique et la rétrospective.

    aaaaaaaaaaaaaaaaahuppert.jpgZoom sur les trois principaux. Et tout d‘abord le concours, fort de dix-huit œuvres en provenance de douze pays. Les Etats-Unis se taillent la part du lion dans cette chasse au Léopard d’or, en proposant cinq longs métrages dont Lucky de John Carrol Lynch. La France en présente deux, dont Madame Hyde, de Serge Bozon avec Isabelle Huppert (photo). Deux également pour la Chine, le documentariste Wang Bing signant pour sa part Mrs Fang, le portrait d’une sexagénaire atteinte d’Alzheimer dans le sud du pays.

    On retiendra par ailleurs La Telenova errante, cosigné par le Franco-Chilien Raul Ruiz (mort en 2011) et sa compagne d’alors Valeria Sarmiento, ou encore Ta peau si lisse du Canadien Denis Côté, un habitué de l’endroit. Les autres films en lice viennent du Brésil, d’Italie, d’Allemagne, de Roumanie, d’Islande, de Palestine et enfin de Suisse avec Goliath de Dominik Loscher.

    Piazza Grande et tapis rouge

    Point fort du festival la célèbre et magique Piazza Grande où le public peut découvrir 14 films. En ouverture Demain et tous les autres jours, une comédie de la Française Noémie Lvovsky et en clôture Gotthard-One Life, One Soul de Kevin Merz consacré au groupe helvétique.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaalolap.jpgEntre les deux, l’Italienne Francesca Comencini propose Amori che non sanno stare al mondo (Des histoires d’amour qui ne peuvent appartenir à ce monde), le Franco-Algérien Nadir Moknèche Lola Pater (photo), où un fils veut retrouver son père, avec Fanny Ardant. De son côté l’Américain Michael Showalter dévoile The Big Sick, romance sur un couple aux différences culturelles et son compatriote David Leitch Atomic Blonde, film d’espionnage avec Charlize Theron.

    Côté tapis rouge, cette 70e édition verra d’autres quelques autres invités de marque comme Mathieu Amalric, Vanessa Paradis, Vincent Macaigne, Adrien Brody, qui doit recevoir le Leopard Club Award, tandis que Nastassja Kinsky, muse de grands cinéastes, est l’hôte d’honneur du Festival.

    La rétrospective Jacques Tourneur

    Troisième pilier de la manifestation tessinoise, sa traditionnelle rétrospective. Elle est consacrée cette année au réalisateur français Jacques Tourneur, né à Paris en 1904 et mort en 1977. Western, polars, films noirs, de cape et d’épée, de guerre, d’espionnage, d’aventure, sans oublier le mélodrame, Jacques Tourneur s’est exprimé dans tous les registres, un éclectisme hérité de sa double identité européenne et américaine.

    Conçue par Roberto Turigliatto et Rinaldo Censi en collaboration avec les Cinémathèques suisse et française, la rétrospective a lieu à l’historique GranRex, entièrement restauré. C’est aussi l’occasion d’évoquer, sur le plan des infrastrutures, le Palacinema, un nouveau lieu offrant une salle de 500 places et deux de 150.

    Festival de Locarno, du 2 au 12 août.

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  • Cinéma: Jeanne Moreau, la mort d'une icône

    aaaaaaaaaaaaaaamoreauj.jpgFemme libre, incarnation du cinéma, personnalité hors du commun, sensuelle, envoûtante, inoubliable, sublime...Sur les réseaux sociaux les hommages pleuvent et se ressemblent, du président Macron et de sa ministre de la Culture à Brigitte Bardot, de Line Renaud à Jack Lang, de Plantu à Benoît Hamon, de Pierre Lescure à Claude Lelouch, de Jean-Pierre Mocky à Bruno Le Maire.

    Venus du monde politique ou de la culture, ils se sont tous réunis pour saluer l’immense talent de Jeanne Moreau, actrice, chanteuse et réalisatrice, trouvée morte lundi matin 31 juillet à son domicile parisien. Elle avait 89 ans.

    Séductrice  à la voix grave inimitable, héroïne moderne, intelligente et sulfureuse, elle est  née le 23 janvier 1928  à Paris d’une mère danseuse anglaise et d’un père restaurateur, qui la chasse de la maison lorsqu’elle se prend de passion pour le théâtre. Elle fait ses  débuts à la Comédie française  à 19 ans après le Conservatoire. Dans la foulée elle découvre le cinéma en 1949, dont elle deviendra l’icône.  

    aaaaaaaamoreau.jpgUn gage de qualité

    Provocante, avant-gardiste, féministe, éclectique dans ses choix, aussi populaires qu’auteuristes, elle a tourné dans plus de 130 films, rassemblant des millions de spectateurs. Bankable avant l'heure, sa présence était un gage de qualité  Elle a ainsi travaillé avec les plus grands, Louis Malle (Ascenseur pour l’échafaud en 1957, ou Les Amants en 1958), Michelangelo Antonioni  (La Notte 1961) Orson Welles (Le procès en 1962), Luis Bunuel (Le Journal d’une femme de chambre en 1964),  Joseph Losey (Eva en 1962) Jacques Demy ( (La baie des anges en 1968), Bertrand Blier (Les valseuses en 1974, qui  déclenche un scandale).

    aaaaaaaprasis.jpgEt on n’oubliera  évidemment pas sa célèbre collaboration avec François Truffaut pour Jules et Jim (1961), l’histoire d’un triangle amoureux où, maîtresse affranchie,  elle interprète le mémorable Tourbillon de la vie. Une chanson éternelle, reprise en duo avec Vanessa Paradis, dans une scène culte (photos) qui a marqué la cérémonie d’ouverture à Cannes  en 1995.

    Ces longs métrages lui valent ses meilleurs rôles qu’elle incarne auprès d’acteurs magnifiques comme Maurice Ronet, Anthony Perkins,  Marcello Mastroianni, Stanley Baker, Michel Piccoli, Patrick Dewaere, Gérard Depardieu. On peut y ajouter  Touchez pas au grisbi, de Jacques Becker avec Jean Gabin en 1953, Viva Maria de Louis Malle avec Brigitte Bardot en 1965, ou encore La mariée était en noir de François Truffaut en 1968 avec notamment Claude Rich, également décédé récemment.

    Les récompenses

    En 65 ans de carrière Jeanne Moreau, auteure elle-même de Lumière, L’adolescente et Lilian Gish, a collectionné les récompenses.

    aaaaaaaaaamoderatoc.jpgPour son rôle au côté de Jean-Paul Belmondo dans Moderato Cantabile de Peter Brook (photo), elle obtient le prix d’interprétation féminine en 1960 au Festival de Cannes, qu’elle est par ailleurs la seule comédienne à avoir présidé deux fois, en 1975 et 1995. 

    Deux ans plus tard elle reçoit le César de la meilleure actrice pour La Vieille qui marchait dans la mer de Laurent Heynemann. En 1998, Holywood lui remet un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière et en 2008, elle décroche  un  Super César d’honneur.

     

    Les hommes qui ont compté dans sa vie 

    Indépendante, anticonformiste dans sa vie professionnelle, l’actrice l’est pareillement dans sa vie privée. Elle se marie avec l’acteur et réalisateur Jean-Louis Richard dont elle a eu un fils Jérôme, et dont elle divorce en 1951. Em 1977, elle épousé le cinéaste améri­cain William Fried­kin. Ils se quittent au bout de deux ans.

    Parmi les hommes qui ont compté dans sa vie, selon les connaisseurs du sujet, il y a Jean-Louis Trintignant, Sacha Distel, François Truffaut, Louis Malle, George Hamil­ton, Tony Richardson, Georges Moustaki. On lui prête une rela­tion avec Marcello Mastroianni et elle a séduit le grand couturier Pierre Cardin avec qui elle a vécu une histoire d’amour de quatre ans.

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