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le blog d'Edmée - Page 252

  • Grand écran: "A Beautiful Day", descente aux enfer de Joaquin Phoenix

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalynne.jpgL’originale, brillante, audacieuse Lynne Ramsay a convoqué le talentueux, imprévisible, impétueux, vénéneux Joaquin Phoenix pour une descente aux enfers dans A Beautiful Day (You Were Never Really Here). Il incarne Joe, un ancien militaire et agent du FBI au mental fracassé par des traumas remontant à son enfance auprès d’un père brutal, et à son passé de soldat qui lui a laissé de sérieuses séquelles.

    Habitant toujours chez une mère possessive, Joe est une vraie bombe à retardement victime de pulsions suicidaires, qui tente d’échapper aux démons qui le dévorent en se fourrant la tête dans un sac en plastique. Reconverti dans de basses besognes, il est chargé de rechercher et sauver la fille d’un sénateur piégée dans un réseau de prostitution.

    Un sujet bien malsain dans la lignée de We Need To Talk About Kevin sorti en 2011, qui disséquait la relation intime et haineuse entre une mère dévastée et son fils qui a commis l’impensable. Ici, la réalisatrice écossaise propose une longue traversée effrayante au bout de la nuit dans un New York glauque et interlope. Un voyage dont la violence augmente au fur et à mesure que son héros s’enfonce dans l’horreur.

    Face au déferlement de vengeance et de corruption, Joe joue du marteau, son arme de prédilection, partie intégrante de son personnage, ou encore du flingue pour éliminer un à un les individus qui gravitent autour de la gamine. Ce récit terriblement anxiogène, sous haute tension permanente, librement adapté d’un roman de Jonathan Ames, frise la caricature, la complaisance, parfois même le ridicule, Il navigue entre le thriller sanglant et l’étude clinique d’un cerveau malade, peuplé de visions cauchemardesques dévoilées à coups de flashbacks. 

    Une œuvre indéniablement maîtrisée. Pourtant, en dépit de sa virtuosité et de son esthétique, on regrette la surenchère, la débauche d’hémoglobine, dans cet opus féministe se situant quelque part entre Taxi Driver de Scorsese et Drive de Nicolas Winding Refn.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaphoenix.jpgPrix d'interprétation à Cannes en mai dernier

    En revanche, on retient la spectaculaire interprétation de Joaquin Phoenix, qui a opéré une bluffante transformation physique.Il est absolument méconnaissable, le corps massif, alourdi, marqué d’impressionnantes cicatrices, la barbe broussailleuse. Sans oublier le catogan, la casquette et la capuche.

    Se mouvant lentement tel un mort vivant dans une ambiance spectrale, farouchement taiseux, ce vétéran torturé et névrosé apparaît halluciné, glaçant dans sa sauvagerie, mais curieusement attachant et émouvant. Sa prestation lui a valu le prix du meilleur acteur au dernier Festival de Cannes, alors que Lynne Ramsay décrochait le prix du scénario. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 novembre.

     

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  • Masters de Londres: David terrasse Goliath!

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaadvid.jpgEn l’absence de Nadal mou du genou et out après son unique match de poule, celles de Djokovic, Murray, Wawrinka, Nishikori, voire Raonic, il était assez ridicule de parler d’un tournoi de maîtres à Londres. Federer était le seul à mériter ce nom. C’est dire si le Suisse, du coup grandissime favori, avait la partie facile face à ses rivaux du moment, pour accrocher un septième titre à son palmarès d’exception.

    Ce que tous les spécialistes pronostiquaient, même si certains, à l’image de Pascal Droz et Marc Rosset, osaient critiquer le king, remarquant un rien cavalièrement qu’il peinait la moindre depuis le début à envoyer ses adversaires au tapis. Un maestro au rabais donc pour régner sur la meute de seconds couteaux. Mais bon, l’essentiel était de passer et il allait fermement se reprendre pour nous écrire un nouveau brillant chapitre. Parce que quand ça compte vraiment, c’est bien connu, le grand Federer se montre intraitable.

    Surtout contre le petit Belge Goffin, qui non seulement n’a pas les armes, mais possède en plus le jeu idéal pour se faire impitoyablement abattre par l'Helvète aux bras noueux, psalmodiait à l'envi le duo de choc de la RTS avant le match. Le premier set rondement mené par l’icône bâloise confortait encore davantage les deux compères dans leurs certitudes.

    Et pourtant, à l’issue d’une rencontre aux accents quasi bibliques, Goliath était à terre. Atomisé par les redoutables coups de David, le Belge survolté au prénom prédestiné, qui a trouvé moyen de jouer le meilleur tennis de sa vie dans la première demi-finale londonienne.

    Une déception, mais pas franchement une surprise, au vu de la vilaine prestation de Rodgeur dans ses duels de poule. De toutes façons, au cas où Sa Grâce, qui en manquait singulièrement sur le court, serait venue à bout de Goffin, je ne l'imaginais pas remporter le trophée face au menaçant Bulgare Grigor Dimitrov.

    Le plus inquiétant toutefois c’est que le mythe stagne désormais à plus de 1000 points de Nadal. Qui peut tranquillement dormir sur ses deux oreilles dans la mesure où son dauphin en aura encore 2000 à défendre à l’Open d’Australie. Et si notre gloire nationale ne retrouve ni ses jambes ni son coup droit d’ici là, je ne vous raconte pas si on a de gros soucis à se faire!

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  • Grand écran: "Téhéran Tabou"dénonce les interdits dans une société schizophrène

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaataboo.jpgAvec ce film ouvertement militant comme l’indique son titre, Téheran Tabou, Ali Soozandeh, Iranien réfugié en Allemagne, nous immerge au sein d’une société schizophrène, dans laquelle le sexe la corruption, la prostitution et la drogue coexistent avec les interdits religieux, juridiques, traditionnels. Il met en scène, dans la capitale de son pays natal, trois femmes, une prostituée une fiancée, une jeune épouse, ainsi qu’un musicien. Tous les quatre tentent de s'affranchir en brisant les tabous minant le quotidien des hommes, et plus encore des femmes.

    Une oeuvre audacieuse tournée en rotoscopie, procédé datant du début du siècle. De nombreux films y ont eu recours, l’un des chefs d’oeuvre du genre étant sans doute le documentaire de l’Israélien Ari Folman Valse avec Bachir (2008). La technique consiste à filmer des comédiens en prises de vue réelles sur fond vert et les retravailler image par image en animation, reproduisant ainsi avec réalisme la dynamique de mouvement des sujets.

    Ali Soozandeh s’y est essayé avec succès dans cet opus à la fois poétique, politique et intime qui, s’il met en scène des personnages aux traits et aux gestes réalistes, permet une distance bienvenue, un décalage avec le réel. Il n’en a pas moins une portée documentaire et une valeur de témoignage avec sa peinture sociale, dérangeante, provocante, choquante. Sinon obscène avec la tendance un rien outrancière du réalisateur à multiplier les scènes de sexe et de drogue.

    Mais le plus important dans ce film choral démonstratif où la noirceur du propos tranche avec un univers bariolé, reste son combat pour l'émancipation, son plaisir gourmand de la dénonciation insolente d’une théocratie hypocrite adepte du «faites ce que je dis, pas ce que je fais». Une maxime illustrée par des représentants corrompus et débauchés de l’élite, peu enclins à s’appliquer la rigueur impitoyable d’une morale qu’ils exigent pour autrui.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 novembre.

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