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le blog d'Edmée - Page 107

  • Grand écran: "Mon légionnaire", l'attente des femmes face à l'engagement des hommes

    Débarquant du monde entier (152 nationalités) ils rallient la Légion Étrangère, leur nouvelle famille. Avec son deuxième film, Mon Légionnaire, Rachel Lang raconte l’histoire des soldats partis au Mali se battre pour la France et celles des femmes restées à la caserne, en Corse, où l'armée a ses arrières. 

    Evitant le discours politique autour de la grande muette, la réalisatrice a choisi de se pencher plus particulièrement sur la question de l’engagement, du sens du devoir.  C’est ainsi qu’elle nous plonge dans un monde secret formé de militaires aguerris, qui se fondent dans un corps dit d’élite, dont ils ont dû apprendre le plus rapidement possible les règles, les codes, la langue, ou en tout cas ses rudiments pour devenir des frères d’armes . 

    Parallèlement, elle s’intéresse au sort de leurs compagnes, contraintes elles aussi à s’adapter à leur situation, se pliant  aux usages pour intégrer le «club des épouses», dirigé par la femme du commandant. C’est le cas d‘une jeune Ukrainienne dont le fiancé vient de s’enrôler. Elle est engagée comme baby-sitter du petit garçon d’un couple formé d’un lieutenant qui ne semble pas trop sentir bon le sable chaud et d’une avocate qui a du mal à accepter ses obligations (Louis Garrel et Camille Cottin). 

    Prenant en exemple ces deux couples très différents dans leur appartenance et leur statut, l’auteure alterne alors les scènes entre les combats des hommes et les occupations fastidieuses, banales des femmes, testant leur capacité de résistance et d’attente face à une absence parfois très longue. 

    Belle performance des comédiens, dont Louis Garrel

    A l’évidence, Rachel Lang sait de quoi elle parle, étant elle-même réserviste. Pourtant, en dépit de sa justesse, de sa précision, de son réalisme, de son hommage à Beau travail de Claire Denis, on regrette le manque d’émotion qui se dégage d'un récit qui se veut intime, au plus près de ses protagonistes.  L'opus ressemble du coup davantage à un documentaire froid qu’à une fiction censée nous faire ressentir l’ennui, la tristesse de la séparation, la crainte de la mort.

    En revanche les comédiens tiennent la route, à commencer par un surprenant Louis Garrel, qu’on découvre en uniforme au début du film, fier de rejoindre son nouveau régiment. Et on n'oubliera pas la performance d'Ina Marija Bartaité, jeune actrice lituanienne de 25 ans, morte en avril dernier d'un accident de la route. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 6 octobre.

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  • Grand écran: "Gaza mon amour", tragi-comédie poétique, romantique et porteuse d'espoir

    Pêcheur sexagénaire, Issa vit à Gaza, qu’il n’a pas l’intention de quitter en dépit des conseils d’un ami. Ce qu’il veut, c’est se marier. Pas avec n’importe quelle femme en revanche et surtout pas avec l’une des nombreuses candidates avides de lui plaire que sa sœur Manal ne cesse de lui présenter. Car ce célibataire prétendument endurci est secrètement amoureux de Siham, une couturière veuve qui envisage elle aussi de retrouver un compagnon 

    Mais il est timide et tout en usant de petites ruses pour rencontrer l’élue de son cœur,  il travaille dur à attraper du poisson. C’est ainsi qu’il ramène dans ses filets une statue antique, se dressant dans une position très avantageuse... Il s’agit du fameux Apollon de Gaza, qu’on avait par ailleurs découvert en 2018 dans le documentaire au titre éponyme du Genevois Nicolas Wadimoff. 

    Sans misérabilisme

    Issa décide de cacher chez lui, le mystérieux trésor. Mais quand les autorités locales mettent la main dessus, ses ennuis commencent. Parviendra-t-il enfin à déclarer son amour à Siham? L’opus est signé des jumeaux Arab et Tarzan Nasser, 33 ans, découverts à Cannes avec leur film choral Dégradé. Gaza mon amour est leur deuxième long métrage, où ils nous montrent la vie dans leur ville natale. 

    Evitant tout misérabilisme, ils tendent à se détacher d’un contexte politique complexe. Sans cependant oublier la pauvreté, les fréquentes coupures d’électricité, le risque constant d’une explosion de roquette, ils proposent une comédie poétique, romantique et tragique, porteuse d’un espoir à la fois personnel et social.

    Excellents comédiens

    Entre sentimentalité, candeur et gravité, ce Roméo et Juliette du troisième âge ne manque en outre pas d'un humour le disputant au burlesque,  la mythique sculpture permettant notamment aux frères Nasser de se moquer du Hamas, de critiquer une morale chancelante face à la perspective d’une vente juteuse de la statue. 

    Mais ce qui contribue à donner tout son sel à Gaza mon amour, c’est la réunion de ses deux interprètes, le très convaincant, parfois irrésistible Salim Daw, acteur arabe israélien et la magnifique Hiam Abbas, remarquable de retenue, de simplicité et de modestie.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 6 octobre.

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  • Grand écran: "Le traducteur", thriller au coeur de la révolution syrienne de 2011

    En 2000, Sami (Ziad Bakri) officie comme traducteur de l’équipe de Syrie aux JO de Sydney, Quand un reporter demande à un boxeur sa réaction sur la mort du président Hafez-el Assad et le fait que son fils Bachar, 35 ans, ophtalmologue, lui ait succédé, le sportif répète ce que le superviseur officiel syrien lui souffle à l’oreille. 

    Cependant, Sami commet un léger lapsus qui le contraint à demander l’asile en Australie, où il obtient le statut de réfugié politique, se marie et s’adapte à sa nouvelle situation. Mais en 2011, au début de la révolution syrienne, il reçoit une vidéo qui remet cette existence tranquille en question. Elle montre son frère arrêté pendant une manifestation pacifique et ce tragique événement fait remonter les souvenirs douloureux de l’arrestation de son père par le régime trente ans auparavant. 

    Hanté par les images de violence dans sa ville natale, ne se pardonnant pas d’avoir laissé les siens derrière lui sous une menace constante tandis qu’il vit un quotidien douillet en Australie, Sami veut réparer le passé. Malgré les dangers, il décide de retourner en Syrie pour retrouver son frère. Sur place, de plus en plus conscient de sa responsabilité envers sa famille et son pays, il est à son tour amené à tout risquer pour la liberté.

    Dix ans après le soulèvement contre Assad, Rana Kazkaz et Anas Khalaf, qui ont eux-mêmes choisi de fuir la Syrie, proposent un thriller dense à la Costa-Gavras. et non un documentaire, ce qui est le plus souvent le cas pour évoquer les printemps arabes.  Il est centré sur l’exil, la culpabilité, mais surtout sur le poids, le pouvoir des mots, la façon dont on traite l’information, la nécessité de rapporter la vérité. 

    Porté par d’excellents comédiens, ce premier long-métrage raconte les aspirations d’une population au respect des Droits de l’Homme. Entre manifestations de rues réprimées dans le sang  et coups de théâtre, il nous laisse ressentir la confusion, l’angoisse, mais aussi l’espoir régnant dans ce pays qui vit dans la terreur d’un régime basé sur le culte de la personnalité, celle d’un dictateur barbare. A découvrir sans tarder.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande, depuis mercredi 29 septembre.   

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