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le blog d'Edmée - Page 111

  • Grand écran: avec "Cinq nouvelles du cerveau", Jean-Stéphane Bron nous emmène dans un passionnant voyage

    Pas très appétissant un cerveau sorti de sa boîte. Mais évidemment, avec ses 70 milliards de neurones, il en impose. Et surtout il captive. Les chercheurs bien sûr, mais également les cinéastes à l’image de Jean-Stéphane Bron. Dans Cinq nouvelles du cerveau, il nous propose une plongée vertigineuse dans les méandres mystérieux  de cet organe au look de noix croisée avec un spaghetti. 

    Alternant visions scientifique et humaine, il évoque les progrès spectaculaires de l'intelligence artificielle et interroge l’hypothétique réplique du cerveau sur ordinateur, la possibilité de le connecter à des machines, d’envoyer des robots coloniser l’univers.  

    Ce documentaire surprenant, passionnant, plus profond que complexe dans la mesure où il aborde des questions que tout le monde se pose comme la mort, l’esprit, la conscience, raconte, en compagnie de pointures dans le domaine des neurosciences, cinq histoires qui dessinent la carte d’un avenir à la fois fascinant et effrayant. . 

    Tout commence comme un thriller de science-fiction, nous renvoyant à Kubrick, Spielberg, ou Cronenberg. Certes, on est encore loin aujourd’hui loin d’un véritable scénario du genre, mais la bande de sommités n’en ouvre pas moins des pistes pouvant y conduire. Plus particulièrement Alexandre Pouget, professeur à l’Université de Genève. Convaincu que l’on pourra répliquer l’intelligence et la conscience sur des systèmes artificiels, il se confronte à son fils Hadrien, jeune chercheur en IA à Oxford. Ce dernier craint les conséquences d’un tel projet. Pour lui il serait sage d’arrêter de foncer aveuglément.  

    À Seattle, Christof Koch, une star dans son champ de prédilection, s’oppose à Pouget. Il veut percer le mystère de la conscience, qui selon lui ne peut être modélisée mathématiquement. Il souffre, alors que son chien est sur le point de mourir. Entre Munich et Venise, grâce à des interfaces cerveau-machine, Niels Birbaumer entre en contact avec la conscience de patients totalement paralysés.

    À Genève, David Rudrauf, un jeune chercheur transhumaniste, bientôt papa, rêve d’insuffler la vie dans des machines en développant une conscience artificielle, et dialogue avec le psychiatre Serge Tisseron, observateur des liens affectifs entre les humains et les robots. De son côté, Aude Billard, une roboticienne qui veut libérer les hommes des machines, tente de répliquer une main humaine. Une entreprise compliquée. 

    Jean-Stéphane Bron, rencontré à Genève, nous en dit plus sur son audacieux et ambitieux opus. "Dans mes films, Le génie helvétique, Cleveland contre Wall Street, ou L’expérience Blocher je me suis toujours intéressé aux cercles de pouvoir. Et la science. alliée à de grandes compagnies privées, est un enjeu de pouvoir. Elle débouche sur des techniques, des technologies, qui provoquent des transformations chez l’homme J’étais titillé par l’envie d’aller voir ce qui se passait dans les laboratoires. Et j’ai construit un petit chemin de fer, avec des scientifiques qui expriment des points de vue différents sur l’intelligence artificielle".    

    Alexandre Pouget, le premier, fait peur. Il y a chez lui une sorte d’acharnement à laisser des machines prendre le contrôle, nous dominer, voire nous éliminer!

    Il est certes radical avec une conviction rationnelle. Pour lui l’humanité est inéluctablement vouée à la disparition. Il voit cela comme une évolution, un stade qui peut être dépassé. C’est une question très ancienne, présente dans les mythes grecs, les histoires bibliques. La différence c’est qu’aujourd’hui, on peut le faire. Mais d’ci à ce qu’une machine ait des blessures narcissique ou des troubles du comportement il y a du chemin. On pourra imiter les émotions, mais la conscience n’est pas reproductible. Cela dit, J’avoue que je suis moins inquiet à l’idée de machines qui pourraient nous détruire que par notre propre robotisation.

    A l’autre bout, il y a la vision d’Aude Billard qui, tout en nous ramenant sur terre en travaillant sur la main humaine, voit les machines comme une libération et qu'il est temps que les hommes puissent vaquer à des occupations plus nobles et agréables. C’est séduisant, mais cela ne va-t-il pas créer du chômage ?

    On peut le craindre, puisqu’elles vont de plus en plus se  consacrer à des tâches humaines. Mais  l’idée, c’est de créer un autre monde. Les robots diront ce qu’il nous faudra. Plus besoin d’argent. Et on pourra se cultiver, lire, aller au théâtre, au musée, à l’opéra.

    Et au cinéma pour voir "Cinq nouvelles du cerveau". Mais pour ça, il n’y a pas besoin d’attendre. Le film est à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 1er septembre.

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  • Grand écran: les hippies de Monte Verità, un lieu mythique chargé d'histoire

    Nous sommes en 1906, et Hanna, femme au foyer incarnée par la comédienne autrichienne Maresi Riegner, veut échapper à son matri, un tyran domestique  mari qui la harcèle, la viole et la confine dans un appartement où elle étouffe. Jusqu’au jour où elle entend parler  d’un endroit mystérieux, le Monte Verità, laissant chacun vivre libre, décomplexé, avec une nouvelle façon de voir les choses.  

    C’est dans ce lieu magique, une colline surplombant Ascona et le lac Majeur qui a accueilli des hôtes aussi illustres que Nietzsche, Bakounine, Isadora Duncan ou Herman Hesse, qu’un  petit groupe fondait, en 1900, une colonie hétérogène, alternative et végétarienne. Rejetant déjà la société de consommation, ces hippies avant la lettre célébraient  la vie en plein air, le nudisme et la théosophie. 

    Hanna (personnage de fiction), qui suit une thérapie avec le psychiatre Otto Gross, décide de le suivre au Monte Verità, abandonnant ses filles et son carcan bourgeois. Elle se découvre alors une passion pour la photographie et, en quête d’une nouvelle approche artistique, pratique son art en s’affranchissant des règles en vigueur à l’époque.   

    Un mouvement très en avance sur son temps

    Dans son film au titre éponyme, le réalisateur helvétique Stefan Jäger se penche sur la révolution personnelle de la jeune femme tout en nous invitant à revisiter cet endroit unique, chargé d’histoire, «C’est drôle de penser que nous, en Suisse avions créé la première communauté hippie», remarque-t-il d’ailleurs. 

    Pour nous emmener au sommet de «la colline de la vérité», l’auteur s’est entouré de nombreux collaborateurs, notamment des historiens, évitant ainsi de se livrer à des approximations et des spéculations sur cette époque légendaire et ce mouvement utopique très en avance sur son temps. Ainsi que ses adeptes, qui prônaient ce dont on parle beaucoup aujourd’hui, comme le véganisme, la connexion à la nature et les droits des femmes. Une oeuvre qui leur est en quelque sorte dédiée, en s’intéressant, à travers Hanna, aussi bien à leur soif d’émancipation qu’à leurs souffrances physiques et psychiques. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 août.

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  • Grand écran: Bruno Dumont flingue la célébrité et la surmédiatisation dans "France". Avec Léa Seydoux bluffante

    Bruno Dumont, change radicalement de registre avec France, satire féroce réussie de la célébrité, où il flingue à la fois joyeusement et gravement une mise en scène télévisuelle obscène d’une actualité misant surtout sur le voyeurisme et le  sensationnalisme.    

    Le cinéaste brosse durement le portrait d’un pays, d’un système médiatique et d’une journaliste iconique de la télévision, France de Meurs (Léa Seydoux). Mariée à un écrivain (Benjamin Biolay), mère épisodique, habillée par les grands couturiers, habitant un appartement dont le luxe le dispute au mauvais goût, elle est au sommet de sa gloire.  

    Au centre de l’attention, se mettant toujours en avant, adulée du grand public, poursuivie par les paparazzi, invitée dans toutes les soirées mondaines, elle est sans cesse poussée dans ses limites par sa délirante, vulgaire et flatteuse assistante (Blanche Gardin). Léa Seydoux se montre bluffante dans le costume de cette superstar cynique de Regard sur le monde, émission phare d’une chaîne d’info en continu, qui donne dans le journalisme d’une rare indécence. 

    Orchestratrice d'événements dont elle est la vedette

    On voit France de Meurs jubiler à l’idée de déstabiliser Macron (un montage jouissif sur des images du chef de l’Etat), danser parmi les bombes, diriger des rebelles sur le terrain des conflits comme au théâtre pour que ça passe mieux à l’écran, ou embarquer faussement sur un bateau de migrants fuyant les guerres dont elle évoque le tragique destin, les larmes aux yeux. Jusqu’au jour où elle renverse Baptiste, un cycliste issu d’un milieu pauvre, ce qui lui ouvre impitoyablement les yeux sur la vanité de son existence...

    Bruno Dumont grossit à plaisir le trait faisant à dessein un spectacle parfois grotesque de sa philippique. Il construit, avec la complicité de Léa Seydoux, un personnage parfait pour le but qu’il s’est fixé. Son héroïne est insupportable, excessive, à la limite de la caricature, responsable et victime d’une structure  dont elle fait partie, avec cette course à l’audimat, au scoop, au buzz, la starification des présentateurs, le culte de la personnalité .

    Tous les deux se heurtent souvent à la mauvaise humeur des critiques hexagonaux et autres, évoquant le plus souvent un ratage du réalisateur dans ce dézingage en forme de farce. En fait, la seule chose qu’on lui reprochera, c’est la présence de Benjamin Biolay, pièce rapportée traînant son spleen dans le rôle mineur et inutile d’un écrivain fantoche. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 août.

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