Grand écran: "Mort sur le Nil", de et avec Kenneth Branagh, un mauvais Poirot (13/02/2022)
Au cours d’une luxueuse croisière sur le Nil, ce qui devait être une lune de miel idyllique se conclut par la mort brutale de la mariée, la jeune et belle héritière Linnet Ridgeway. Elle a piqué son fiancé Simon Doyle à sa meilleure amie Jacqueline de Belfort, qui lui voue désormais une haine farouche. Ce crime sonne la fin des vacances pour le cultissime détective belge Hercule Poirot. A bord en tant que passager, il se voit confier l’enquête par le capitaine du bateau.
Et dans cette sombre affaire d’amour obsessionnel aux conséquences meurtrières, ce ne sont pas les suspects qui manquent, à commencer par l’inquiétante Jacqueline. Sauf qu’elle est la seule à avoir un solide alibi parmi les nombreuses personnes présentes, qui ont eux aussi des comptes à régler avec Linnet. S’ensuivent alors une série de rebondissements et de retournements de situation jusqu’à l’incroyable dénouement!
Question fondamentale face à cette nouvelle adaptation de Mort sur le Nil, l’un des meilleurs policiers de la célèbre d’Agatha Christie, publié en 1937. Pourquoi Kenneth Branagh a-t-il jugé utile de se lancer dans l’aventure ? Certes il ne s’agit que d’une deuxième version cinématographique après celle de John Guillermin en 1978 , contrairement aux nombreuses vues au théâtre ou à la télévision. Mais au sortir de la projection, il est hélas clair que rien ou presque ne justifie cette mouture. Un gâchis de pellicule encore plus désolant que pour Le crime de l’Orient-Express, du même réalisateur il y a cinq ans.
Personnaliser ou moderniser une œuvre, pourquoi pas ? Sauf que Kenneth Branagh, derrière et devant la caméra, se montre particulièrement maladroit dans son entreprise. Non seulement il se montre absurdement infidèle au roman, ajoutant ou transformant notamment certains personnages, mais se révèle mauvais en campant un Poirot ridicule, faisant de cet homme fier de ses capacités intellectuelles une sorte d'homme d’action inadéquat. Par ailleurs, si Branagh nous gratifie de quelques paysages somptueux, on n’aime pas sa mise en scène tapageuse, artificielle, traînant en longueur avant de précipiter fâcheusement le dénouement, sacrifiant une sulfureuse atmosphère et un brin d'humour à un vulgaire et lourd étalage de luxe.
On retiendra curieusement le prologue, flashback en noir et blanc qui nous ramène en 1914, et où le jeune Poirot qui se bat dans les tranchées sauve ses camarades de la mort en utilisant déjà ses petites cellules grises. Ainsi que le prologue où on est censé découvrir l’origine de sa fameuse moustache. Ce qui nous fait une belle jambe...
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 9 janvier.
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