Nous sommes dans l’Ohio. Deux Afro-Américains, Queen, brillante avocate, et Slim, employé de magasin, rentrent en voiture après un premier rendez-vous amoureux. Ils sont alors arrêtés par un policier blanc pour une infraction mineure. La situation dégénère aussi soudainement que tragiquement et Slim, en état de légitime défense, tue le flic raciste qui vient de tirer sur Queen, la blessant à la jambe.
Suite à cet évident contrôle au faciès qui tourne au drame, les deux jeunes gens traqués par les forces de l’ordre, sont fatalement poussés à la fuite pour éviter la prison à vie. Sinon pire. Cette cavale désespérée et mortelle leur fera traverser l’Amérique pendant six jours. Six jours au cours desquels ils vont se découvrir et s’aimer, tout en devenant les héros de la population noire, un symbole de sa lutte contre les violences policières et les discriminations dont elle est sans cesse victime.
Si cette histoire d’amour et de mort laisse penser au mythe Bonnie and Clyde revisité, cette illustration tragique du racisme institutionnalisé fait surtout écho au meurtre de George Floyd, qui a mis le feu aux Etats-Unis. Avant de provoquer une série de grandes manifestations contre le racisme un peu partout, plus particulièrement en France.
Un vrai regard de cinéaste
Cette folle épopée romantico-politique est le premier long métrage de la réalisatrice afro-américaine Melina Matsoukas sur un scénario de Lena Waithe. Engagée, elle a un vrai regard d’auteur, tout en délivrant un message antiraciste fort dans ce thriller prometteur. Porté de surcroît par deux comédiens charismatiques, Jodie Turner-Smith et Daniel Kaluuya.
Néanmoins, en dépit du suspense, de l’émotion et de l’énergie que Queen & Slim dégage, on regrette la longueur de ce road-movie au final convenu. Esthétisant, privilégiant la forme au fond, trop démonstratif, il est aussi parfois desservi par certaines incohérences et lourdeurs d’un scénario peu subtil.
A l’affiche du Grütli à Genève depuis le 10 juin.
Sélectionnée en février dernier dans la section Panorama de la Berlinale, Andrea Staka avait pu présenter son long métrage Mare, alors que le coronavirus commençait déjà à circuler en Europe. Le film sort peu après le festival en Suisse alémanique, mais trois jours plus tard, c’est le confinement et la fermeture des salles.
Tenir sa maison avec abnégation, se plier au devoir conjugal sans moufter, ne jamais se laisser aller, veiller à l’économie, bref respecter les piliers indispensables pour devenir des épouses et des mères parfaitement soumises, le rêve de l’homme: c’est ce qu’enseigne Paulette Van der Beck (Juliette Binoche) dans l’école ménagère qu’elle dirige avec son mari (François Berléand) en Alsace.