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Sorties de la Semaine - Page 103

  • Grand écran: "Ad Astra", la folle odyssée spatiale de James Gray. Avec un impeccable Brad Pitt

    bradpitt2.jpgUn astronaute tombe d’une immense échelle qui s’élève de la Terre jusqu’au-delà de la stratosphère. Une chute qui manque de lui coûter la vie, mais il parvient miraculeusement à en réchapper, même avec son parachute troué. Cela ne l’empêche pas de rester d’une rare placidité. De marbre, il maîtrise son rythme cardiaque qui ne bouge pas d’un battement…

    Cet homme à la force tranquille, c’est Roy McBride (Brad Pitt), qui va voguer jusqu’aux confins de l’univers. Il a pour mission de participer au sauvetage d’un vaisseau qui s’est abîmé sur Neptune bien des années auparavant. Selon un signal émis de la planète en question, un naufragé est vivant. Il n’est autre que le père de Roy, obnubilé par l’inlassable recherche de preuves d’une vie extraterrestre. Ses tentatives scientifiques provoquent des explosions radioactives entraînant des surcharges électriques aux dangereuses conséquences pour les terriens.

    Sur les traces du père

    Après le succès de The Lost City Of Z (2016), le réalisateur américain James Gray se lance à son tour, avec Ad Astra, dans une folle odyssée spatiale aux décors somptueux, sur fond de drame intime, en envoyant Roy dans un voyage initiatique, sur les traces d’un père qui l’a abandonné jeune. Tout comme son géniteur a été absent dans sa vie, Roy se sent seul au monde, lui aussi obsédé par un travail qui le conduit à délaisser les siens.

    Aller se balader à l’autre bout de la galaxie est donc une façon de résoudre son conflit intérieur. Il est parfaitement incarné par Brad Pitt, modèle de l’homme américain, que le réalisateur a exprès choisi pour casser le stéréotype de la masculinité, en créant un anti-héros, un personnage qui tire sa force de sa vulnérabilité, de ses failles, de ses faiblesses et de ses échecs.

    Cette exploration des liens familiaux, du rapport au père doublé d’une quête de soi et d’une réflexion existentielle sur la solitude dans un thriller hypnotique, n’empêchent pas les scènes d’action spectaculaires, dont une course poursuite démente sur la Lune où Roy a fait escale. Et son incroyable infiltration à bord d’une fusée sur la rampe de lancement.

    A cet égard, James Gray en fait d’ailleurs un peu beaucoup, nous poussant à nous poser des questions trivialement terrestres sur la faisabilité des exploits physiques et autres performances, qui viennent fâcheusement parasiter une volonté de lâcher prise pour une envolée sereine vers les étoiles. C’est un peu dommage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

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  • Grand écran: Woody Allen charme avec "A Rainy Day In New York", une comédie pétillante au ton délicieusement désuet

    9e9915ca-bffb-11e9-8f25-9b5536624008_image_hires_033732.jpgRejeté par les Etats-Unis à la suite de la tornade Me Too et par Amazon Studios qui a rompu le contrat qui le liait au réalisateur, lequel a lancé une procédure juridique en réclamant 68 millions de dollars, le dernier film de Woody Allen A Rainy Day In New York (Jour de pluie à New York), a trouvé refuge en Europe. Ce cinquantième opus devrait, nonobstant (ou grâce à) la polémique, faire comme d’habitude un joli parcours sur le Vieux Continent.

    Il le mérite. On craque devant cette pétillante comédie romantique, pimentée d'une légère satire du Manhattan cossu, où le cinéaste renoue avec sa veine légendaire. Elle réunit Timothée Chalamet (qui s’est désolidarisé du projet avec Rebecca Hall, les deux reversant leur salaire à une association venant en aide aux victimes d’abus sexuels) Elle Fanning, Selena Gomez, Jude Law (qui a défendu l’auteur), Diego Luna et Liev Schreiber.

    Deux étudiants, Gatsby (Chalamet) et Ashleigh (Fanning, photo), envisagent de passer un week-end en amoureux dans Big Apple. Ashleigh Enright (allusion au célèbre architecte?) qui écrit pour le journal de son université de province, rêve de faire carrière dans le journalisme et ne tient plus en place à l’idée d’interviewer l’un de ses réalisateurs favoris. Quant à Gatsby Welles (référence bien sûr au héros de Scott Fitzgerald et au grand cinéaste) il veut lui faire découvrir le jazz et la peinture.

    Mais la pluie s'en mêle. Séparés, ils enchaînent bientôt, chacun de leur côté, les quiproquos, les rencontres fortuites et les situations insolites. Ce qui donne un film particulièrement divertissant, gracieusement porté par Timothée Chalamet et Elle Fanning (vraiment excellente). L'oeuvre se révèle à la fois charmante, piquante, frivole, loufoque, émouvante, jubilatoire. Délicieusement désuète et anachronique aussi avec ses dialogues ciselés, Woody Allen se projetant à l’évidence dans le rôle masculin principal.

    A signaler que la rupture du contrat avec Amazon n’a pas empêché le prolifique artiste de trouver d’autres partenaires. Il a même déjà tourné son prochain film en Espagne avec un casting majoritairement européen, dont Christoph Waltz, Louis Garrel et Sergi Lopez.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

     

     

     

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  • Grand écran: "Portrait de la jeune fille en feu", envoûtant récit d'un amour interdit

    portrait-de-la-jeune-fille-en-feu-critique.jpgAprès Naissance des pieuvres, Tomboy et Bande de filles, Céline Sciamma livre son quatrième long métrage Portrait de la jeune fille en feu, qui avait...enflammé Cannes et valu à son auteur le prix du scénario en mai dernier. ainsi que la Queer Palm. Spécialiste de l’enfance et de l’adolescence, elle change de temps et de décor. Et explore, dans ce film fascinant sur le regard, les sentiments et le désir, l'idylle impossible entre deux femmes, la brune Marianne (Noémie Merlant) et la blonde Héloïse (Adèle Haenel). Un superbe duo d'actrices.

    On est en 1770. Artiste peintre farouchement indépendante, la première débarque  sur une île bretonne isolée à l’appel  d’une riche propriétaire qui lui a commandé le portrait de mariage de la seconde, à peine sortie du couvent. Mais Héloïse résiste à cette union forcée en refusant de poser. Jouant la dame de compagnie sur commande, Marianne, l’observant pour mieux mémoriser sa beauté, sa gestuelle, va la peindre en secret. D’abord hiératique, distante et rétive, Héloïse succombe bientôt à son charme.

    Des dialogues ciselés

    Entre beauté et douceur, Céline Sciamma filme avec sensualité, finesse, pudeur et sobriété l’éveil de l’amour conduisant à une éphémère relation passionnée. Excellentes, les deux comédiennes évoluent en parfaite harmonie, contournant audacieusement la loi des hommes à une époque où la liberté des femmes était des plus limitées. Comme pour mieux s’affirmer et s’affranchir, elles se livrent à des joutes verbales de haut vol  grâce à des dialogues ciselés, qui subliment cet envoûtant et fiévreux récit d’un amour interdit, où peinture et cinéma se rejoignent dans un acte de création.
     

    «Le film a été construit pour Adèle, en pensant à ses possibles, à ce que je sais d’elle, avec le projet d’une artiste neuve. Je voulais chroniquer la naissance d’un désir, l’amplitude d’une histoire d’amour, ce que c’est de tomber amoureux, d’aimer», explique Céline Sciamma. «Il s’agit aussi d’une réflexion sur le regard, le fruit d’une somme d’entre eux, de l’abandon et de la confiance dans celui de l’autre.»

    « On voit Héloïse et Marianne penser en direct »

    Elle évoque l’analogie évidente entre la peinture et le cinéma. «Je me sers de l’une pour parler de l’autre. Notre travail est fait de couches. J’aurais pu m’inspirer d’artistes célèbres. Mais pour montrer le travail, il fallait se détacher du biopic. C’est mon film le plus dialogué, avec des échanges intellectuels. On voit Marianne et Héloïse penser en direct. Il y a là quelque chose de l’ordre de l’humour, du plaisir.»

    «Avec Céline, j’ai une complicité intellectuelle et artistique. Je l’accompagne dans la mise en scène. Ça me plaît vachement d’explorer tous les jeux», raconte de son côté Adèle Haenel. «Comme de construire un personnage Picasso en trois phases. La phase Japon (avec une sorte de masque), la phase dégel (le masque se craquèle) et la phase vraiment chaude. Elle ajoute: «Le film dit aussi ce qu’on fait d’une histoire d’amour au passé qui continue à nous habiter...»

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

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