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Sorties de la Semaine - Page 100

  • Grand écran: "Seules les bêtes", un polar rural inquiétant, tortueux et mystérieux

    CHANSON-4_960x500_acf_cropped.jpgUne femme disparaît. Le lendemain d’une tempête de neige, sa voiture est retrouvée sur une route conduisant au plateau où subsistent quelques fermes isolées. Les gendarmes n'ont aucune piste, mais cinq personnes sont liées à cette disparition. Chacune a son secret, mais personne ne se doute que cette histoire a commencé́ loin de cette froide montagne venteuse, sur un continent où la chaleur règne. Mais où certains se débrouillent pour rendre la pauvreté moins pénible au soleil…

    Vingt ans après Harry, un ami qui vous veut du bien, où il nous emportait par son art de la manipulation et de la perversion, Dominik Moll, confirmant son talent de conteur et de metteur en scène, récidive dans le genre avec Seules les bêtes, adapté du roman éponyme de Colin Niel et chapitré selon les prénoms des cinq personnages. 

    Dans ce polar rural noir, inquiétant et tortueux qui se mue petit à petit en drame psycho-pathétique, Il livre un récit troublant, aussi mystérieux, complexe et fascinant que ses personnages en quête de bonheur, mais aux curieuses motivations. Qu’il s’agisse du paysan collé à son ordinateur ou souffrant d’abandon, de la bourgeoise évanouie dans la nature ou de la jeune fille se remettant d'une peine de cœur dans les bras de cette dernière (photo).

    Cette glaçante, grinçante et énigmatique intrigue avance par couches et indices successifs, le cinéaste adoptant tour à tour les points de vue des personnages principaux. Du plateau de Causse enneigé, il nous emmène en Côte d’Ivoire où de jeunes hackers, les Brouteurs, piègent des hommes en mal d’amour en fabriquant de faux profils féminins pour leur piquer leur argent. Réaliste et convaincant, Dominik Moll explore la solitude contemporaine, les dégâts de la misère affective, en traitant de l’illusion aux effets dramatiques des réseaux sociaux sur des proies faciles.

    Si le sixième long métrage en forme de puzzle de Dominik Moll est une réussite, en dépit de retournements et d’un dénouement plus ou moins extravagants mais peu importe en l’occurrence, il le doit évidemment aussi à ses comédiens. Ils sont tous formidables à l’image de Denis Ménochet confondant de naïveté, de l’intense Laure Calamy, du taiseux Damien Bonnard, ou encore de la cruelle Valeria Bruni Tedeschi, bobo qui surprend par une dureté inhabituelle.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 décembre.

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  • Grand écran: "La Vérité" réunit pour la première fois Catherine Deneuve et Juliette Binoche

    LA_VERITE_01_mood-0cfc98a784c4.jpgAprès sa Palme d’or en 2018 pour Une affaire de famille, le Japonais Hirokazu Kore-eda s’est plus ou moins fourvoyé dans un tournage en français. Certes, il ne quitte pas son terrain favori des liens familiaux où il excelle en général, mais ce n’est pas le cas dans La Vérité. Un opus sentimental assez décevant au service d’une histoire anodine, où le talentueux réalisateur perd de son pouvoir dramatique et émotionnel en usant d’une langue qu’il maîtrise mal. 

    Dans ce nouveau long métrage qui avait fait l’ouverture de la Mostra de Venise en septembre dernier, il a choisi de développer les rapports complexes entre Fabienne, arrogante icône du cinéma français au caractère de chien et sa fille Lumir, personnage réservé, scénariste à New York. La publication des mémoires largement inventées de Fabienne qui se donne le beau rôle, ramène Lumir et sa famille dans la maison de son enfance.

    Mais les retrouvailles entre les deux femmes vont rapidement tourner à l’aigre entre non-dits, mensonges, rancunes inavouées et amours impossibles. Parallèlement, Fabienne tourne un film de science-fiction (séquences assez laborieuses) où, réduite à un rôle secondaire, le seul qu’on lui ait proposé, elle incarne la fille âgée d’une mère éternellement jeune.

    Au-delà de l'intrigue, l’idée de Kore-Eda était évidemment de mettre face-à-face Deneuve et Binoche qui n’avaient jamais joué ensemble. Le duel est pourtant inégal. Dans son rôle de star vieillissante, méchante, sarcastique, égocentrique et vaniteuse, la grande Catherine domine les débats. Même si elle n’est pas à son meilleur, elle laisse Juliette en retrait. Quant aux autres acteurs, ils doivent se contenter de servir la reine. A commencer par le malheureux Ethan Hawke en ingrat et inutile mari américain de Binoche. Véritable pièce rapportée, il ne fait qu'errer dans le film comme une âme en peine.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 décembre.

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  • Grand écran: "It Must Be Heaven" raconte l'absurdité du monde et ses folles dérives

    maxresdefault.jpgPalestinien de nationalité israélienne, le cinéaste Elia Suleiman à la recherche d’une nouvelle terre d’accueil, fuit son pays avant de réaliser qu’il le suit comme une ombre. Car où qu’il s’envole, de New York à Paris en passant par Nazareth où il est né et où il a grandi, quelque chose lui rappelle toujours sa patrie.

    La promesse d’une vie nouvelle se transforme ainsi rapidement en une séduisante comédie de l’absurde. Dans une succession de saynètes en forme de conte existentiel, burlesque, Elia Suleiman, personnage muet, joueur et pince-sans-rire, clown triste à lunettes coiffé d’un chapeau, souvent comparé à Buster Keaton ou Jacques Tati, explore l’identité, la nationalité, l’appartenance.

    It Must Be Heaven, film en trois actes et un épilogue, non dépourvu de clichés et de gags faciles il faut le dire, brosse ainsi dans l’ensemble un portrait à la fois désabusé, poétique, satirique, désespéré et humoristique des folles dérives d’un monde gangréné par la violence, l’oppression, la ségrégation, l’exclusion. Un monde dont l’auteur critique vivement la marche aberrante et où il tente de trouver un endroit où se sentir «chez soi». Mais derrière le pessimisme, se cache toutefois l’espoir d’un futur meilleur, notamment symbolisé par la jeunesse palestinienne.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 décembre. 

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