Blonde, les yeux bleus, la peau diaphane, elle aurait pu avoir tout d'un ange. Mais Benni (Helena Zengel) est une fille de neuf ans sauvage, dangereuse. Elle se bat violemment avec les enfants qui ne la comprennent pas et elle fait peur aux adultes. Traumatisée toute petite, ne supportant pas qu’on lui touche le visage, elle est sujette à des crises de panique qui la mettent dans des colères noires et la rendent terriblement agressive. Elle devient alors ingérable.
Benni est prise en charge par les services sociaux et médicaux, mais tout ce qu’elle veut, c’est retourner vivre chez sa mère, célibataire, qu’elle adore. Fragile, instable avec deux enfants plus jeunes à élever de surcroît, celle-ci, incapable de s’occuper de Benni, se voit forcée de l’abandonner. Ce qui n’est pas de nature à calmer la rage de sa fille.
Madame Bafané, directrice de centre et Micha, éducateur spécialisé dans les ados à problèmes, tous deux manifestant une rare bienveillance doublée d’une patience à toute épreuve, prêts même à enfreindre le protocole pour le bien de Benni, tentent de lui trouver un cadre bénéfique.
En vain. Refusée par de nombreuses familles d’accueil, la gamine se voit également expulsée de tous les foyers où elle est placée, personne ne résistant à ses explosions de fureur. Benni a besoin de beaucoup plus de soutien que le système actuel a à lui offrir. Le titre original, System Crasher/Systemspenger, exprime parfaitement cette impuissance, cette désolante absence de solution à long terme.
Au-delà du portrait saisissant de la fillette irrécupérable, le premier long métrage de Nora Fingscheidt est aussi un hommage au dévouement et l’empathie sans faille des travailleurs sociaux, symbolisés par Madame Bafané et Micha.
La réalisatrice allemande met par ailleurs les nerfs et les oreilles des spectateurs à rude épreuve pendant deux heures. A chaque fois qu’un élément positif semble se dessiner, comme la belle relation qui s’installe entre Benni et Micha, c’est un nouvel échec avec un brutal et frustrant retour en arrière.
Ce drame social pédagogique, émouvant, au scénario intelligent, très éclairant sur la pathologie dont souffre Benni, est porté de bout en bout par la jeune Helena Zengler, qui livre une prestation impressionnante. Les rôles secondaires de l’assistante sociale, de l’éducateur et de la mère sont eux aussi très convaincants.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 mars.
Dans ce long métrage qui commence par un baptème et se termine par un enterrement, symbole de la fin d’un cycle et du début d’un autre, Basil Da Cunha suit les déambulations du jeune Spira (le beau Michael Spencer). Après avoir passé huit ans dans un centre pour mineurs, il retrouve sa famille et ses potes en revenant à Reboleiria un bidonville de la banlieue de Lisbonne voué à la démolition, où le réalisateur vaudois d'origine portugaise vit depuis dix ans.
Effie Alexandra, Söan et Logan sont nés dans le mauvais corps. Avec des attributs qui ne correspondent pas à ce qu’ils sont. Obsédés par ce qui leur manque ou ce qu’ils ont en trop, par le regard de l’autre, par le dire ou le cacher. Pendant plus de deux ans, le Genevois Robin Harsh, se mettant à la place du spectateur, du parent ou du jeune qui se pose une foule de questions, a suivi ces trois adolescents sur le long et douloureux chemin de la transition, le grand bouleversement qu’elle provoque chez eux, leurs parents, les difficultés qu’elle entraîne à l’école et dans la société.
Robin Harsch, 42 ans, auteur de plusieurs courts métrages et de documentaires pour la télévision, s’est lancé dans l’aventure par hasard. « En 2015, une amie me parle de la création du Refuge à Genève, un centre qui permettra à des adolescents LGBTIQ+ de venir parler de leurs problèmes en lien avec leur préférences sexuelles ou leur identité de genre. Je me suis dit que cela ferait un bon thème de documentaire.»