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Sorties de la Semaine - Page 98

  • Grand écran: "Demain est à nous", l'édifiant combat de jeunes héros pour améliorer leur avenir

    3H2NY47S4QJ63QI5F34XKWI5J4.jpgIls sont jeunes, très jeunes, comme José Alfonso, 7 ans, baptisé "le petit génie écologique" du Pérou et récompensé en Suède du prix  Children For Climate. Mais il n’est pas le seul. Il y a aussi Aïssatou, Heena, Arthur, Peter, Kevin et Jocelyn... Ils viennent de Bolivie, de Guinée, d’Inde, des Etats-Unis, de France et s’engagent sur tous les fronts.

    Jamais ils ne se sont dit qu’ils étaient trop petits pour agir. Au contraire, victimes ou témoins d’injustice, de violence, ils ont décidé de se battre contre, les inégalités, la pauvreté, la violence, l’exploitation d’êtres humains, les mariages forcés, la destruction de la planète. 

    Dans son documentaire Demain est à nous Gilles de Maistre, notamment auteur de Mia et le lion blanc, évoque les solutions que proposent ces gamins, animés d'une force de caractère ed'un courage peu communs pour améliorer leur avenir.

    Comme quoi il n’y a pas que Greta Thunberg au monde. Oubliant de crier aux dirigeants de la planète qu’on leur a volé leur enfance, ces héros miniatures pleins d’imagination et d’énergie, proposent de belles initiatives, originales, utiles, certaines plus ou moins convaincantes, voire parfois utopiques, mais toutes résolument destinées à redonner de l’espoir.

    Parti à la rencontre de ces héros miniatures particulièrement entreprenants, le réalisateur en brosse des portraits touchants. On peut regretter que la forme ne soit pas toujours à la hauteur du fond. Sa démarche pédagogique n’en est pas moins aussi positive que louable.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 novembre.

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  • Grand écran: "Les éblouis" montre l'embrigadement et les dérives sectaires. Intelligent, émouvant, pudique

    les-éblouis-7-620x407.jpgCamille Lourmel, 12 ans (Céleste Brunnquell), passionnée de cirque, est l’aînée d’une famille de quatre enfants. Un jour ses parents (Camille Cottin et Eric Caravaca), traversant une période difficile,  lui annoncent qu’ils vont intégrer une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité, menée par un prêtre surnommé "le berger" par ses membres.

    Ils s’y s’investissent au point que leur vie change radicalement.  A contrecœur, Camille est contrainte de se sacrifier, en acceptant un nouveau mode de vie remettant en cause ses projets, ses aspirations, ses envies.

    Privée de ses cours de cirque, cette activité étant incompatible avec la relation que ses fidèles doivent avoir avec le Christ selon le "berger", elle ne tarde pas à découvrir que la communauté en question est en réalité une secte.  

    La question du libre arbitre

    Dans un conflit de loyauté envers ses parents, l’adolescente va devoir lutter pour se retourner contre eux, affirmer sa liberté, protéger ses frères et sœur de leurs mauvais choix et les sauver seule d’une dérive à connotation sexuelle. La question du libre arbitre est ainsi au cœur du film.

    Coécrit avec le réalisateur Nicolas Silhol, Les éblouis, premier long métrage de Sarah Suco, est un film de combat intelligent, critique, émouvant, pudique. La cinéaste analyse parfaitement, à travers le regard d’une ado  forcée d'agir, les rouages des sectes, leurs techniques d’embrigadement, d’enfermement d'êtres souvent fragiles.

    B9721639057Z.1_20191119125712_000+GDMEU7HN5.1-0.jpgOn voit les Lourmel, parents vulnérables, manipulés, mettre en danger leurs enfants, prêts à suivre aveuglément ce "berger" avide de pouvoir et d'argent, brillamment interprété par un Jean-Pierre Darroussin colérique et faussement bienveillant.

    Les autres comédiens participent aussi largement à la réussite du film. A commencer par la jeune Céleste Brunnquell, saisissante dans le rôle de Camille. Eric Caravaca très convaincant en père aimant mais trop ébloui pour voir ce qui se passe, tout comme Camille Cottin, à contre-emploi en mère fragile et instable.

    Les éblouis, c’est l’histoire de Sarah Suco, actrice de théâtre et de cinéma née à Montpellier en 1981. Elle a vécu avec sa famille dans une communauté charismatique pendant dix ans et rappelle qu’il y a quelque 80.000 enfants victimes chaque année de dérives sectaires en France. Raconter cette expérience était devenu un besoin, comme elle nous le dit lors d’une interview.

    "Je voulais que le spectateur réalise ce que cela signifie que de tomber dans une secte. Mais en prenant de la distance, en transcendant le sujet. J’ai choisi de l’enrober dans du romanesque, en évitant le côté sensationnaliste, en montrant aussi que malgré les dérapages, tout n’est pas entièrement négatif. J’en ai même quelques bons souvenirs."

    Vous décrivez en effet une emprise qui se manifeste petit à petit, par étapes. Il y a une sorte de glissement.

    Oui. C’est d’ailleurs ce qui fait la complexité de la chose. On ne se rend pas compte de la dérive. Les sectes fonctionnent toutes de la même manière. Les règles deviennent de plus en plus strictes. Au début par exemple, les Lourmel sont déroutés par les rituels, mais ils s’y plient rapidement sans broncher. Sans voir la folie.

    La folie et le ridicule. On pense à ces scènes d’exorcisme, et surtout celles où les fidèles bêlent comme des agneaux pour appeler le berger. On a de la peine à y croire.

    Et pourtant c’est en-dessous de la réalité. A l’image de tout ce que je montre dans le film. Nous n’avions pas de radio, de télévision ou de portable. Je pourrais vous donner une foule d’autres exemples dont j’ai décidé de ne pas parler et qui n’empêchent pas les personnes de rester dans la communauté. On pourrait croire qu’ils sont stupides, ignorants. Ce n’est de loin pas le cas. La plupart sont cultivés, à l’image de mes parents, des gens brillants. Mais ils ont des fêlures et les responsables savent justement répondre à leurs manques, valoriser leurs compétences.

    Comment avez-vous choisi la jeune Céleste Brunnquell pour incarner votre héroïne?

    J’ai eu une immense chance de la trouver. J’ai auditionné quelques perles, mais elle était spéciale. Elle devait grandir de 12 à 15 ans et elle s'est révélée toujours juste. Elle a la grâce, l’intelligence, la force, l’écoute. Elle est à la fois enfantine et déjà femme, belle, étrange, mystérieuse et intuitive.

    Et en ce qui concerne ses parents et le "berger"?

    Pour le "berger", j’ai tout de suite pensé à Jean-Pierre Darroussin en écrivant. Il me fallait quelqu’un de charismatique et a priori sympathique. Eric Caravaca m’a tout simplement bouleversée et je l’imaginais bien en père gentil et affectueux, dont on espère qu’il va finir par ouvrir les yeux. Quant à Camille Cottin, on ne l’avait jamais vue dans ce genre de rôle, mais j’ai trouvé qu’elle était à la fois joyeuse, douce et délicate. Pourtant, quand elle a lu le scénario, elle disait qu'elle ne pourrait pas jouer cette femme car elle ne la comprenait pas. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 novembre.

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  • Grand écran: "Les Misérables", un brûlot social sur la banlieue qui vous scotche au fauteuil

    2340883.jpgAvec Les Misérables, son premier long métrage coup de poing, véritable brûlot social, Ladj Ly qui avait logiquement décroché le prix du jury à Cannes en mai dernier, vous scotche au fauteuil. Il livre un film choc, impressionnant sur la forme et le fond évoquant les tensions dans les cités avec une population en colère. Un tour de force pour ce débutant, qui a déjà gagné ses galons de réalisateur confirmé.

    Né à Montfermeil, il avait créé à 17 ans le collectif Kourtrajmé avec notamment le soutien de Costa Gavras. Il a trouvé sa vocation en voyant La Haine de Mathieu Kassovitz. Les Misérables nous fait évidemment penser à ce film qui, en 1995, raflait le prix du jury, révélant par ailleurs un auteur, Mathieu Kassovitz et un acteur, Vincent Cassel.

    On souhaite le même bonheur à Ladj Ly, qui assume la comparaison. Mais si Kassovitz filmait les affrontements entre les jeunes de la banlieue parisienne et les policiers du point de vue des habitants, lui inverse les choses et montre la confrontation à travers le regard des policiers.

    Stéphane (Damien Bonnard), arrivé de Cherbourg, intègre la BAC (Brigade anti-criminalité) de Montfermeil, dans le 93e arrondissement parisien, au lendemain de la victoire des Bleus au Mondial, fédératrice d’une France réunie autour du drapeau et de la Marseillaise. Un état de grâce qui ne va pas durer

    Les tensions entre les différents groupes

    Pour Chris, flic assez naïf, c’est son premier jour et il fait connaissance de ses nouveaux coéquipiers expérimentés, Chris teigneux chef de brigade (Alexis Manenti) et Gwada (Djibril Didier Zonga). Pour le mettre tout de suite dans le bain, ils lui font faire le tour du propriétaire, se vantant de se faire respecter par la force et la peur. Disons-le tout de suite, ils sont excellents, même si le comportement macho-facho de Chris frise parfois la caricature.

    L’histoire se déroule sur une journée. Stéphane ne tarde pas à découvrir les tensions entre les différents groupes. Cela commence très mal entre les habitants et les Tziganes d’un cirque auxquels une petite frappe a volé un lionceau. Rapidement localisé, le gamin est gravement blessé lors d’un tir de LGB. C’est la bavure que Chris veut absolument étouffer, mais elle a été filmée par un drone… Au fil d’actions saisissantes, les choses vont alors crescendo dans un ghetto déjà au bord de l’explosion.

    19300535.jpgUne approche documentaire

    Ladj Ly développe un court métrage réalisé en 2017. Il garde une approche documentaire dans sa description très réaliste de l’univers corrompu de la cité, tout en évitant les clichés et le manichéisme, veillant aussi à ne pas tomber dans le misérabilisme Il ne montre pas de gentils jeunes contre de méchants flics ou l’inverse. Les deux sont des deux côtés

    Comme on le mentionnait plus haut, le cinéaste connaît bien Montfermeil. Il a grandi dans la cité des Bosquets et a réalisé plusieurs documentaires dont «365 jours à Clichy-Montfermeil» qui témoignait de la vie dans le département de la Seine-Saint-Denis confronté aux émeutes de 2005, dont les braises n’ont pas été éteintes quatorze ans après.

    «On se sent toujours abandonné, écarté»

    «Les choses n’ont pas vraiment évolué. J’habite la banlieue depuis trente-huit ans. On se sent toujours abandonné, écarté. Aujourd’hui, j’ai l’impression qu’on essaye de nous mettre dans des cases. Cela fait plus de vingt ans qu’on est des gilets jaunes, qu’on se prend des coups de flashball et on a l’air de découvrir les violences policières» Il précise: «J’ai emprunté le titre à Victor Hugo, parce qu’une partie du roman se déroule à Montfermeil, mais aussi pour rappeler qu’un siècle plus tard, la violence est toujours présente sur le territoire.»

    «Les habitants sont en souffrance. Ils se cherchent sans cesse, avec de grandes gueules toujours avides d’en découdre, des flics qui font chier le monde quand ils veulent un peu d’action, des gamins sans perspective qui se révoltent contre toute forme d’autorité, le maire, les flics. Parce qu’ils en ont ras-le bol.»

    En conférence de presse sur la Croisette, Ladj Ly déclarait: «J’aimerais que le président voie le film. Je lui demande de nous entendre, de nous écouter. C’est un vrai message que je lui adresse. Je suis prêt à lui faire une projection à l’Elysée». Finalement, Emmanuel Macron l’a regardé en DVD. Il s’est dit «bouleversé». Mais on parle de récupération politique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 novembre.

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