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Sorties de la Semaine - Page 101

  • Grand écran: "Fahim", l'histoire vraie d'un jeune prodige des échecs bengali émigré en France

    925480.jpgPierre-François Laval, alias Pef, ex-Robin des Bois, acteur, scénariste et réalisateur de comédies potaches comme Les Profs ou Gaston Lagaffe, change de registre.. Il s'est lancé dans le drame social, en se penchant sur l'incroyable histoire vraie de Fahim Mohammad, forcé de quitter son Bangladesh natal à 8 ans  avec son père, pour la France.

    Dès leur arrivée à Paris, ils se démènent  pour obtenir l'asile politique, avec la crainte d'être expulsés à tout moment. Génie des échecs, Fahim, (Assad Ahmed), peut heureusement entrer dans l'équipe de Créteil dirigée par Sylvain (Gérard Depardieu).. Excellent coach, l'un des meilleurs du pays, assisté de l'humaniste Mathilde (Isabelle  Nanty), il cache sa tendresse et son empathie sous des airs de prof grognon, bourru et intransigeant.

    Suite à quelques prises de bec, cet ogre imposant et cet insolent gamin  qui ne se laisse pas impressionner, vont se lier d’amitié, le premier ayant rapidement flairé  le prodigieux talent du second. Alors que le Championnat de France commence, la menace d’expulsion se précise et le petit as des échecs n’a plus qu’une seule chance pour éviter d’être mat: gagner la sélection.des moins de 12 ans..

    Fahim est adapté d’Un roi clandestin de Sophie Le Callenec et Xavier Parmentier qui se basent sur des faits réels. Au-delà de l’exil, du déracinement et des embûches dans le traitement des candidats à l’asile, Pef raconte le courage du jeune garçon en quête d’une intégration passant par sa  ténacité dans son l’entrainement aux échecs. Avec l’espoir d’une vie meilleure.

    Ce modeste récit d’une volonté farouche de réussite envers et contre tout donne un feel good movie susceptible de plaire à tous les publics. Certes lisse, plein de bons sentiments et sans surprise, il n'évite pas les clichés. Mais Gérard Depardieu et le jeune Assad Ahmed pourraient faire des miracles....

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 16 octobre.

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  • Grand écran: "Papicha", les insoumises contre l'intégrisme dans l'Algérie des années 90

    maxresdefault.jpgAlger, années 90. La décennie noire, qui a fait près de 200.000 victimes sur fond de terrorisme islamique. Ce  contexte politico-social d’une rare violence a inspiré à Mounia Meddour, son premier film de fiction Papicha. Interdit de projection en Algérie, il la représentera tout de même aux Oscars en février prochain.

    Nedjma,18 ans, insolente, rebelle et farouchement indépendante, habite la cité universitaire et rêve de devenir styliste. A la nuit tombée, elle fait le mur pour rejoindre une boîte de nuit où elle vend ses créations aux «papichas», un mot utilisé en ce temps-là pour désigner les jolies et coquettes Algéroises.

    Mais cela ne suffit pas à l’insoumise. Malgré la pression des intégristes qui tentent de museler les femmes et de contrôler leur corps en le cachant, Nedjma décide, avec ses meilleures amies dont Wassila, de se battre pour leur liberté en organisant un défilé de mode. Rejetant les carcans sociaux, l’obscurantisme religieux et le bagne traditionaliste, ces jeunes femmes follement courageuses bravent ainsi  tous les interdits.

    Vouloir être belles, transgression suprême

    On pourrait reprocher à cette ode à l’émancipation des femmes à travers la mode quelques petites maladresses dans le récit, un côté un peu attendu, parfois trop démonstratif. Mais ce sont des réserves mineures en regard de la vitalité et de l’énergie que l’opus dégage. On est séduit par la passion, la sensualité, la rage de vivre et d’aimer de ces résistantes avides de modernité, de vouloir être belles, de libérer, transgression suprême, leur corps au lieu de l’enfermer. Et cela en dépit d’une oppression fondamentaliste qui se manifeste partout, chaque jour.

    Magnifiquement porté par ses comédiennes, plus particulièrement par la lumineuse Lyna Koudri (Nedjma)et l’attachante Shirine Boutella (Wassila), deux révélations, ce plaidoyer intense, aussi émouvant que nécessaire, repose sur des faits réels, monstrueux. Il salue les femmes qui n'ont cessé d'avancer malgré le danger. Et qui l’ont parfois payé de leur vie.

    000_1gj8ry.jpg«J’ai vécu un temps comme les filles du film»

    Cette reconstitution à la fois déchirante et stimulante de l’Algérie a une résonance autobiographique. Dans les années 90, sa réalisatrice Mounia Meddour y a vécu. «J’avais 18 ans et je résidais dans une cité universitaire. J’ai vécu un temps comme les filles du film », nous raconte-elle lors d’une rencontre au Festival Arte Mare de Bastia où Papicha a reçu le Prix du public. «J’ai vu la montée du radicalisme à la télévision pendant que j’étais à Alger. Mais à un moment donné, j’ai dû fuir avec ma famille, des intellos de gauche, à Paris».

    Mounia Meddour a voulu transmettre cette période. «Il m’a fallu quinze ans de maturation, cinq ans d’écriture et cinq semaines de tournage à Alger. Mais je le fais en choisissant un angle particulier. «Comme on veut couvrir le corps des femmes, la mode dévoile la féminité. C’est un exutoire, un élément révélateur, fédérateur. Les filles se retrouvent autour de ce défilé avec énormément de courage».

    Un film de résistance 

    Féministe et universel, Papicha, cri de colère, est surtout un film de résistance. «Tout était très compliqué, très dur pour elles d’exister dans l’espace public. En fait elles n’existaient pas du tout. C’était une période terriblement sombre. Certaines étaient attaquées à l’acide ou ont été tuées parce qu’elles refusaient de mettre le voile. C’est à toutes celles qui se battaient, qui ne s’avouaient pas vaincues, que je rends hommage »

    Sélectionné dans la section Un Certain regard au dernier Festival de Cannes, Papicha, qui a été ovationné («c’était énorme!») figure, comme on l'a déjà dit plus haut, sur la liste pour l’Oscar du film étranger. Mounia Meddour ne se fait toutefois guère d’illusions. «Cela flatte l’ego, mais la concurrence est trop rude. Je ne cours pas dans la même catégorie que Parasite. Et ce n’est qu’un exemple».

    Voilà qui n’empêche pas la réalisatrice de réfléchir à un prochain film sur le milieu de la danse à Alger, dans le contexte politique actuel cette fois. «Ce sera très proche du réel».   

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 octobre.

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  • Grand écran: "La fameuse invasion des ours en Sicile", une perle graphique pleine de magie et de poésie

    Projection-Lorenzo-Mattoti.pngTonio, le fils de Léonce, le roi des ours, est enlevé par des chasseurs dans les montagnes siciliennes et vit désormais chez les humains. Alors que la rigueur de l'hiver menace son peuple de famine, Léonce part à sa recherche et décide d’envahir le territoire des hommes. Avec l’aide de son armée et d’un magicien, il réussit à vaincre et finit par retrouver Tonio. Mais tout n'est pas gagné pour autant. 

    Ce film très personnel, qui ne doit rien à  l’animation américaine ou japonaise, est signé par le génial illustrateur italien Lorenzo Mattoti. Coécrit avec Jean-Luc Fromental et Thomas Bidegain, il est tiré de La fameuse invasion des ours en Sicile de Dino Buzzati, un roman pour enfants publié en 1945. Le réalisateur livre une  perle graphique, pleine de naïveté, de magie, de poésie, de féérie, sublimée par  de flamboyantes couleurs.

    Dans cette fable écologique et métaphorique, un peu pessimiste, racontée par une petite fille et un ménestrel et où il s’est fait plaisir en interprétant un ogre, Lorenzo Mattoti évoque à la fois l’obsession du pouvoir, la corruption politique, la relation père-fils, l’adaptation à une autre culture, l’acceptation de l’autre et de la différence. Pour un ours, voir son fils grandir comme un homme n’est pas facile…

    Un gros défi

    Grand admirateur de Dino Buzzati, un auteur phare qui l’a toujours influencé dans ses dessins, Lorenzo Mattoti s’est lancé un gros défi pour son premier long-métrage, en adaptant l’œuvre réputée inadaptable de l’écrivain. Il l’évoque dans l’entretien qu’il nous a accordé lors de son passage à Genève.

    «Le livre est  compliqué, particulièrement riche. Il y a une foule de personnages étranges, des fantômes des dragons. Plein de petits poèmes aussi. C’était difficile de respecter la structure, car l’histoire est illogique, part dans tous les sens. On a dû inventer des situations pour la justifier, nettoyer un peu, sacrifier des idées. Le rythme est également singulièrement différent entre la lecture et le cinéma. Comme par exemple la danse des ours qu’il a fallu transposer. Ce n’était pas une mince affaire.»

    Vous aviez envie d’introduire un personnage féminin. Pourquoi ?

    Parce qu’aujourd’hui on ne peut plus raconter une histoire sans femmes! Mais surtout cette petite fille est tellement attachante. Très active de surctoît, elle constitue un lien et rend le récit plus fluide. C'était indispensable.

    Il y a un mélange d’aventure et de commedia dell’arte

    On a travaillé avec des masques. J’ai toujours pensé au théâtre dans la mise en scène.

    L’esthétique est originale, en 2 et 3 D. Cela vous a-t-il posé des problèmes ?

    Non je viens d’un monde d’images. Pour moi, le plus ardu a été le traitement, le découpage. J’y ai passé cinq à six ans. Mais cela valait la peine parce que je désirais réaliser un film à grand spectacle pour les jeunes, tout en provoquant une réflexion, en leur parlant de la complexité des choses. Sans les cacher, mais en les disant de manière poétique.

    La langue originale est française. Pour quelle raison?

    Parce que les producteurs et toute l’équipe sont français. En Italie, cela aurait été beaucoup plus dur. Principalement en raison de l'absence de bonnes écoles et donc de grand savoir-faire dans le domaine -

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 octobre.

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