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Sorties de la Semaine - Page 106

  • Grand écran: Quentin Dupieux filme un fou dans "Le daim". Avec un excellent Jean Dujardin

    jean-dujardin-le-daim-1.jpgDans ce film de fêlés, le Français Quentin Dupieux, qui inaugurait en mai dernier avec succès la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes, fait à nouveau d’un objet banal un personnage de cinéma. Après le pneu tueur de Rubber, on découvre un blouson diabolique que déniche Georges (Jean Dujardin). Au bout du rouleau, ce quadra dépressif a tout plaqué du jour au lendemain pour l’acquérir et se retrouve dans un bled de montagne qui fout les boules….

    L’achat vire à l’obsession. Tout tourne désormais autour de ce ridicule blouson moche à franges trop court 100% daim, sous l’emprise duquel Georges ne tarde pas à tomber. Il est non seulement possédé par l’esprit de ce vêtement avec qui il dialogue, mais ils ont chacun un rêve. Le blouson d’être seul au monde et Georges la seule personne au monde à en porter un. Cela finit par le plonger dans un délire criminel.

    «Le dialogue entre les deux est très écrit. Je suis assez rigide sur le texte, l’impro est réservée à l’interprétation», explique Quentin Dupieux, qui précise par ailleurs avoir eu envie de filmer un fou plutôt que de faire un film dingue. «Je ne m’étais jamais vraiment confronté à un personnage qui débloque. C’est donc mon premier film réaliste».

    Réaliste peut-être, mais surtout un métrage absurde et jubilatoire à l’humour noir. Il repose presque intégralement sur la performance de Jean Dujardin. Il excelle dans son rôle (l’un de ses meilleurs) de sociopathe fétichiste autodestructeur, se prétendant metteur en scène, le vendeur du blouson lui ayant par la même occasion refilé une caméscope.

    Chacun y a mis ses névroses et ils sont tous givrés, à l’image d’Adèle Haenel en serveuse de bar cinéphile, qui a exigé d’être au moins aussi folle que son partenaire, manipulateur... manipulé. Objectif atteint!

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 10 juillet

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  • Grand écran: avec "Parasite", le Sud-Coréen Bong Joon-ho revisite la lutte des classes. Brillant

    cinema_-_coree_du_sud_-_parasite_-_bong_joon-ho_-_2019.jpgLe cinéma asiatique continue à atteindre les sommets. L’an dernier, le Japonais HIrokazu décrochait la Palme d’or avec Une affaire de famille qui évoquait des laissés pour compte, vivotant de petites arnaques. En mai dernier, le jury la remettait à Bong Joon-ho pour Parasite, où le Sud-Coréen traite du même sujet en se penchant sur le sort des oubliés de la société capitaliste.

    Il suit un couple de chômeurs habitant un sous-sol sordide à Séoul avec ses deux enfants recalés à l’examen d’entrée à l’université. Jusqu’au jour où le fils décroche un boulot chez des bourgeois nageant dans le luxe en donnant des cours d’anglais à leur fille aînée.

    Violence des rapports sociaux

    A coups de subterfuges, il fait embaucher sa sœur pour apprendre le dessin au petit dernier, puis son père et sa mère comme chauffeur et gouvernante. Alors que le quatuor squatte les lieux en l'absence des propriétaires (photo), les choses ne vont pas tarder à se gâter…

    Avec cette satire féroce et grinçante où il revisite la lutte des classes entre maîtres nigauds et valets finauds, le réalisateur continue à condamner la violence des rapports sociaux dans son pays, en brossant le portrait d’un monde d’injustices et d’inégalités. Un monde où les pauvres n’ont d’autre choix que de voler les riches pour subsister.

    Une mise en scène virtuose 

    Il s’y prend de telle façon que non seulement on s’attache a ses arnaqueurs sans scrupule, mais qu’ils nous gagnent carrément à leur cause. Car les parasites ne sont évidemment pas seulement ceux qu’on écrase négligemment, mais aussi ceux qui les exploitent sans se rendre compte de leur indécence. Une constatation sans le moindre propos moralisateur, tous les protagonistes, remarquables, se voyant pris dans un engrenage dont ils ne sortiront pas indemnes.

    Le réalisateur de Memories Of Murder, The Host ou Snowpierce les y entraîne à l’aide d’une mise en scène virtuose et d’un récit qui l’est tout autant. Oscillant, le tout étant parfaitement maîtrisé, entre la satire, la comédie noire, le drame, le polar, le thriller cruel qui confine à l’horreur, Bong Joon-ho propose un film à la fois drôle, sombre, burlesque, brutal, inquiétant, complexe. C’est brillant.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 19 juin.

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  • Grand écran: Isabelle Huppert en prédatrice manipulatrice dans "Greta"

    featured_greta-1050x700.jpgLa jeune Frances (Chloé Grace Moretz) a quitté Boston pour New York et habite avec une amie de fac. Serveuse dans un restaurant classe pour arrondir les fins de mois, elle trouve dans le métro, en rentrant chez elle, un sac à main sur un siège. A l’intérieur elle découvre un portefeuille avec une adresse et un nom : Greta Hedig.

    En fille honnête, contre l’avis de sa copine, Frances trouve naturel de le rapporter à sa propriétaire. Et c’est ainsi qu’elle rencontre ladite Greta (Isabelle Huppert) une veuve solitaire a priori charmante, qui la remercie très chaleureusement et lui offre un café.

    Pianiste hongroise, se prétendant Française, excentrique et mystérieuse, Greta a une fille habitant Paris et ne demande qu’à sympathiser avec Frances. Affaiblie par la mort récente de sa mère, cette dernière est ravie de combler un manque. Sans se méfier, elle accepte de revoir Greta. Et c’est là que le cauchemar commence…

    Sur une idée pas follement originale, le réalisateur irlandais Neil Jordan, à qui l’on doit notamment La compagnie des loups et Entretien avec un vampire signe un film à suspense en forme de huis-clos d’horreur où il cherche à faire monter la tension. En mettant en scène Greta, une veuve névrosée, inquiétante, paranoïaque et maléfique. Omniprésente, surgissant à tous les coins de rue mais restant dans la légalité ce qui empêche la police d’intervenir, elle ne cesse de harceler la malheureuse Frances. Et finit par lui faire vivre un véritable enfer.

    Neil Jordan doit la réussite relative de Greta, thriller mineur dans sa carrière à ses deux comédiennes, l’innocente, fragile Chloë Grace Moretz et la méchante prédatrice Isabelle Huppert qui prend un plaisir évident, un peu trop d’ailleurs au point de friser l’absurde, à jouer la psychopathe manipulatrice, animée par un délire de persécution.

    C’est au niveau du scénario, dont on regrette les incohérences et la fin prévisible que cela pèche. Du coup on y rentre à condition d’admettre qu’un sac à main façon Hermès, laissé bien en vue sur un siège de métro newyorkais, y reste plus de trois secondes avant de retourner, avec un portefeuille bien garni, à sa propriétaire. Et de trouver normal que Frances se laisse aussi facilement piéger. Naïve d’accord, mais à ce point…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 juin.

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