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Sorties de la Semaine - Page 109

  • Grand écran: "Alice et le maire", une brillante fable politique portée par les excellents Fabrice Luchini et Anaïs Demoustier

    vf_alice_et_le_maire_4838.jpeg_north_1323x718_transparent.jpgAprès trente ans d’engagement politique Paul Théraneau (Fabrice Luchini) le maire socialiste de Lyon, a le cerveau à plat. Inquiète,son équipe décide de lui adjoindre Alice Heimann (Anaïs Demoustier), une jeune et brillante philosophe ultra diplômée, pour lui redonner un second souffle en lui insufflant les idées, le dynamisme et l’énergie dont il est pour l’heure complètement dépourvu. Un dialogue s’instaure, ébranlant leurs certitudes réciproques.

    A quelques mois des élections municipales en France, Nicolas Pariser livre, avec Alice et le maire, une comédie politique décalée sur le désenchantement d’un monde, la vanité, la médiocrité du pouvoir et de ceux qui gravitent autour, en posant intelligemment, sans cynisme mais avec un mordant teinté d’une certaine férocité, la question du rapport entre la pensée et la pratique, la théorie et l’action.

    De facture classique, exigeante, au propos à la fois léger et grave, cette fable politique divertissante et pleine d’humour, se moquant des ors de la République, est portée de bout en bout par un excellent duo d’acteurs parfaitement dirigés. L’auteur nous laisse ainsi voir un Fabrice Luchini généreux, étonnamment sobre et une vibrante Anaïs Demoustier, avec qui le cinéaste a décidé très vite de travailler. Ils se complètent à merveille au fil de ce récit dont les mots constituent le moteur. Les dialogues sont importants et situations où on ne parle pas sont rares.

    Il existe assez peu de fictions du genre en France, les réalisateurs s’intéressant très moyennement au monde politique. C’est l’inverse pour l’auteur d’Alice et le maire qui se passionne pour le sujet depuis l’école primaire et suit de près ce qui se passe. C’est par ailleurs un fan de la célèbre série The West Wing ( A la Maison Blanche) d’Aaron Sorkin). Il nous le confirme à l’occasion d’un passage à Genève.

    "J’éprouve un intérêt particulier pour un milieu qui me semble très riche. J’ai envie de le traiter sans vulgariser. Je suis parti du postulat d’un maire qui a perdu la flamme, qui n’a plus d’idées et d'une femme qui en regorge mais ne sait pas trop qu’en faire. J’évoque leur intériorité, la relation humaine et professionnelle  qui se noue, la confrontation de générations, mais sur un pied d’égalité. Alice est franche, elle a du répondant, elle ne s’écrase jamais devant le pouvoir". D’où l’ombre qu’elle fait aux proches du maire en prenant du galon.

    Nicolas Pariser s’amuse aussi à peindre un tableau critique sur fond de concepts marketing creux, frôlant l’absurde. "Les lieux de discours sont contaminés par le vocabulaire de la com’, ce qui devient un élément comique. Cela dit, j’ai surtout voulu que l’univers que je décris, avec les ambitions et les égos s’y manifestant, ne soit ni trop noir, ni trop angélique".

    Pour autant, Nicolas Pariser n’a pas de message à délivrer. "Je veux juste conserver l’impression que le film peut toucher beaucoup de monde. Mon rêve, c’est qu’on en discute quand on en sort". Enfin, bien qu'il se déroule à Lyon, toute ressemblance avec une personne existante ne serait que pure coïncidence. "Je me suis inspiré de petits bouts d’histoire. Il y a un peu de Delanoë, de Hollande. En revanche, il n’y a rien de Gérard Collomb".

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 2 octobre.

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  • Grand écran: "Atlantique" évoque l'émigration entre réalité, onirisme et fantastique

    atlantique.jpgLe film ouvre sur le chantier d’une tour en construction à Dakar, avec de jeunes ouvriers en colère qui n’ont pas été payés depuis trois mois et qui réclament en vain leur salaire. Parrni eux Souleiman, amoureux de la jolie Ada (Mama Sané, photo). Elle l’aime aussi mais, forcée par sa famille, est sur le point d’épouser Omar, un riche Sénégalais expatrié qui ne lui inspire que du dégoût.

    Dans l’espoir d’une vie meilleure, Souleiman et ses collègues décident de partir une nuit pour l’Espagne, sur une barque dont on ne tarde pas à apprendre qu’elle a sombré dans une tempête. Complètement déprimée, Ada attend le mariage avec Dior et Fanta qui, elles, ne cracheraient pas sur la vie confortable promise à leur amie.

    Mais celle-ci découvre que Souleiman, porté disparu avec les autres en mer, lui envoie des messages. Et puis le soir des noces, un incendie dévaste la maison de la fête et le lit nuptial. Alors que la police enquête, de jeunes femmes et le flic du quartier sont victimes d’étranges fièvres. Avant que surviennent d’autres phénomènes surnaturels. Par ailleurs certains auraient vu Souleiman s’enfuir. Serait-il de retour d’entre les morts pour se venger des vivants ?

    Atlantique est le premier long métrage de la Franco-Sénégalaise Mati Diop, 36 ans. Partant d'une réalité quotidienne, elle évoque l’émigration tout en se focalisant sur les fiancées, épouses, mères et sœurs qui restent après le départ des hommes pour l’Europe. Entre hantise et envoûtement, elle tente l’onirisme, la poésie et la métaphore dans une chronique sociale virant au thriller fantastique malheureusement trop dépourvu de tension et de suspense pour véritablement convaincre. Cela ne l’a pas empêché d’être très généreusement récompensé du Grand prix du jury au dernier Festival de Cannes.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 25 septembre.

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  • Grand écran: "Ad Astra", la folle odyssée spatiale de James Gray. Avec un impeccable Brad Pitt

    bradpitt2.jpgUn astronaute tombe d’une immense échelle qui s’élève de la Terre jusqu’au-delà de la stratosphère. Une chute qui manque de lui coûter la vie, mais il parvient miraculeusement à en réchapper, même avec son parachute troué. Cela ne l’empêche pas de rester d’une rare placidité. De marbre, il maîtrise son rythme cardiaque qui ne bouge pas d’un battement…

    Cet homme à la force tranquille, c’est Roy McBride (Brad Pitt), qui va voguer jusqu’aux confins de l’univers. Il a pour mission de participer au sauvetage d’un vaisseau qui s’est abîmé sur Neptune bien des années auparavant. Selon un signal émis de la planète en question, un naufragé est vivant. Il n’est autre que le père de Roy, obnubilé par l’inlassable recherche de preuves d’une vie extraterrestre. Ses tentatives scientifiques provoquent des explosions radioactives entraînant des surcharges électriques aux dangereuses conséquences pour les terriens.

    Sur les traces du père

    Après le succès de The Lost City Of Z (2016), le réalisateur américain James Gray se lance à son tour, avec Ad Astra, dans une folle odyssée spatiale aux décors somptueux, sur fond de drame intime, en envoyant Roy dans un voyage initiatique, sur les traces d’un père qui l’a abandonné jeune. Tout comme son géniteur a été absent dans sa vie, Roy se sent seul au monde, lui aussi obsédé par un travail qui le conduit à délaisser les siens.

    Aller se balader à l’autre bout de la galaxie est donc une façon de résoudre son conflit intérieur. Il est parfaitement incarné par Brad Pitt, modèle de l’homme américain, que le réalisateur a exprès choisi pour casser le stéréotype de la masculinité, en créant un anti-héros, un personnage qui tire sa force de sa vulnérabilité, de ses failles, de ses faiblesses et de ses échecs.

    Cette exploration des liens familiaux, du rapport au père doublé d’une quête de soi et d’une réflexion existentielle sur la solitude dans un thriller hypnotique, n’empêchent pas les scènes d’action spectaculaires, dont une course poursuite démente sur la Lune où Roy a fait escale. Et son incroyable infiltration à bord d’une fusée sur la rampe de lancement.

    A cet égard, James Gray en fait d’ailleurs un peu beaucoup, nous poussant à nous poser des questions trivialement terrestres sur la faisabilité des exploits physiques et autres performances, qui viennent fâcheusement parasiter une volonté de lâcher prise pour une envolée sereine vers les étoiles. C’est un peu dommage.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 septembre.

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