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Sorties de la Semaine - Page 109

  • Grand écran: en route pour les Gay Games avec "Les crevettes pailletées". Drôle, festif et émouvant

    les-crevettes-pailletees-affiche-critique-avis-film-660x330.jpgUn papa tiraillé entre sa passion du sport et sa vie de famille, un mec qui ne pense qu’au cul, une transgenre de choc au caractère explosif qui ne cesse de se mettre en scène, un puceau transi, un quinqua, doyen de la bande, affolé par les années qui passent… Voici un échantillon des Crevettes pailletées, une fine équipe de water-polo gay, que Mathias Legoff, vice-champion de natation, est condamné à entraîner pendant trois mois après avoir tenu des propos homophobes.

    Les crevettes doivent se rendre en Croatie pour participer aux Gay Games, le plus grand rassemblement sportif homosexuel du monde. Problème, elles sont bien davantage motivées par la fiesta que par la compétition. De son côté Mathias ne se donne pas franchement à fond dans ce job imposé, où il doit composer avec des gens dont  l’univers est tellement loin du sien. Mais on s’en doute,  tous ses repères seront bientôt bousculés, ce qui lui permettra de voir les choses différemment.

    Cette comédie à l'ambiance délirante entre le voyage en bus touristique, les péripéties, les entraînements, est signée Maxime Govare et Cédric Le Gallo. Ce dernier qui évoluait dans la vraie équipe, celle des Shiny Shrimps, a réellement participé aux Gay Games dont la dernière édition s’est tenue à Paris en 2018.

    Déjanté, décalé, drôle, festif, tout en ménageant des moments forts, dramatiques, émouvants, ce feel good movie qui multiplie les chorégraphies tient à la fois de Priscilla folle du désert et de Full Monty aquatiques. Ainsi que du Grand bain auquel il fait évidemment immédiatement penser, mais en plus cynique et audacieux, à l’instar d’un final aussi irrévérencieux que grandiose. Sans compter que les acteurs, nettement moins déprimés, sont autrement sexy en maillots que les Canet, Anglade, Poelvoorde et compagnie...

    une-equipe-anti-homophobie.jpgCertes, les deux auteurs n’évitent ni les clichés ni la caricature avec des personnages stéréotypés, mais leur but est d’amuser, de revendiquer le droit à la différence et à l’outrance, en faisant passer un message de tolérance, d’ouverture, de lutte contre toute forme de discrimination. Même au sein de la communauté, où on peut se détester cordialement comme dans n’importe quel milieu.

    Mission accomplie alors qu’on assiste à une recrudescence de violences anti-LGBT, notamment en France. Pour confirmer d'ailleurs que le film a son importance et ne se limite pas à la gaudriole, un baiser entre deux hommes dans la piscine a dernièrement fait la Une de l’Equipe. Le magazine a en effet consacré un numéro spécial autour de la question de l’homophobie dans le monde du sport qui peine à briser le tabou.  

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai. 

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  • Grand écran: "Raoul Taburin a un secret" avec le duo Poelvoorde-Baer. Une imposture gentillette

    Raoul Taburin a un secret.jpgUn fou de la pédale, passionné par son métier de réparateur et de vendeur de vélos mais incapable de tenir sur une selle, voilà qui n’est pas banal. C’est pourtant le cas de Raoul Taburin (Benoît Poelvoorde), qui vit cette infortune comme une véritable malédiction. Mais il cache si bien la chose qu’il acquiert une incroyable réputation de casse-cou. Il finit hélas par se retrouver au pied du mur, face à un photographe (Edouard Baer) prêt à immortaliser ses exploits...

    Bien mince, sans enjeu, en mal d’idées fortes, cette petite histoire d’imposture adaptée d’un roman graphique à la poésie teintée d’absurde de Sempé, a du mal à tenir la longueur. Dans une réalisation à l’ancienne, Pierre Godeau livre une fable nostalgique d’une campagne française ensoleillée et rêvée, se déroulant au cœur d’un village qui l'est tout autant 

    Il y a de la douceur, de la candeur, de la tendresse, de la sensibilité, une certaine drôlerie dans Raoul Taburin a un secret. Mais en dépit de moments de grâce et d’émotion, l’ensemble se révèle trop gentillet et fade. Quant au duo Poelvoorde-Baer, il s’amuse à l’évidence beaucoup. Un peu trop pour convaincre.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er mai.

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  • Grand écran: "L'adieu à la nuit" réunit Catherine Deneuve et Kacey Mottet Klein. Poignant

    deneuve.jpgAprès Les cowboys de Thomas Bidegain ou Le ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar, André Téchiné s’empare à son tour du sujet brûlant du djihadisme  L’adieu à la Nuit, son 26ème long-métrage, où il réunit son égérie Catherine Deneuve (Muriel) qui a tourné huit fois avec lui et le jeune Vaudois Kacey Mottet Klein (Alex), qu’il avait déjà casté dans Quand on a 17 ans.

    On est au printemps 2015. Il y a du soleil. Muriel, qui tient un centre équestre avec son ami Youssef est ravie de la visite d’Alex qui vient passer quelques jours chez elle avant de partir pour le Canada. Mais très vite, elle est intriguée par le comportement de son petit-fils, découvre qu’il lui ment et se prépare à une autre vie.

    Le film ne tarde d’ailleurs pas à révéler de quoi il s’agit quand Alex retrouve Lila, son amie d’enfance (Oulaya Amamara). Comme d’autres jeunes en peine d’idéaux, ils mijotent le funeste voyage en Syrie pour aller se battre aux côtés du djihad. Face à cette réalité inimaginable, Muriel bouleversée va tout faire pour empêcher Alex de partir vers la mort.

    Deux univers, deux générations, deux tragédies

    Sans jugement, compatissant, porté par le désir de comprendre, André Téchiné traite son sujet avec délicatesse, sensibilité, subtilité et une rare justesse. Suivant un jeune homme manipulable, en manque de repères, cherchant une place qu’il croit enfin trouver, et une grand-mère désespérant de pouvoir sauver ce petit-fils en proie à un mal-être existentiel, le réalisateur oppose deux univers, deux générations. Ainsi que eux tragédies, l’une familiale, l’autre sociétale.

    Ce récit poignant est porté par deux comédiens formidables, la grande Catherine, bien sûr, mais aussi dont Kacey Mottet Klein, 20 ans, garçon un peu fragile, un peu timide, révélé par Ursula Meier en 2008 dans Home. Depuis, on l'a beaucoup vu sur les écrans dans notamment Gainsbourg (Vie héroïque), L'enfant d'en-haut, Keeper.

    0397035.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgLe cinéma est devenu sa vie

    Récemment rencontré à Genève, il parle de son dernier film, évoquant l’extraordinaire honneur que lui a fait André Téchiné de le rappeler, et raconte son rapport au cinéma. "Il m’a offert des choses que je n’aurais pas dû recevoir et privé de certaines autres. Il m’a enlevé ma liberté d’enfant, mais en même temps m’a permis de me responsabiliser plus vite, de rencontrer l’amour, d‘avoir des amis, un cheval, de voyager… "

    Lorsqu’on lui propose un rôle, d’un côté ça le réjouit de participer à une nouvelle expérience. Mais il faut qu’il soit touché émotionnellement. De l’autre ça lui fait peur. "Je me demande si je vais être à la hauteur. Par ailleurs, je suis angoissé à l’idée qu’on ne me propose rien. Parce que le cinéma est devenu ma vie. Mais peut-être aurais-je besoin de divaguer. Je devrais peut-être changer. Devenir pompier. Je ne sais pas, Quelque chose de rationnel, de pragmatique. Qui aide vraiment les gens". 

    "Les jeunes s’approprient la violence sans émotion"

    Ce qui a plu à Kacey dans le personnage d’Alex, c’est qu’il soit sauvable, qu’il puisse être sensible. "C’est un être obstiné, qui veut être considéré comme un mec. Mais aussi un enfant innocent. Il n’a pas commis de crimes. Il est paumé comme tant d’autres jeunes, attiré par les islamistes qui à leurs yeux représentent quelque chose de fort. J’aurais pu être comme lui".

    Il ne cache pas qu’à 14 ans, il s’est converti à l’Islam et réalisé au bout de deux jours que c’était incompatible avec le mode de vie dont il avait envie. Fumer, boire, faire des trucs d’ado. Il dit aborder cette religion avec des pincettes. "Ce que je sais c’est que la base est moderne, a permis la liberté des femmes, la liberté d’expression".

    "Actuellement elle n’est plus adaptée. Je suis complètement athée, mais cet ailleurs mortifère qui peut tant séduire m’interpelle. Avec Internet il faut faire attention. On vit dans une ère très violente. Mais la violence est acceptée. Les jeunes se l’approprient sans émotion".

    Les rôles d’enfant terrible ont tendance à se répéter. S’y sent-il enfermé ? "On me pose souvent la question, mais je n’y pense jamais. Je me laisse emporter. C’est vrai que j’aimerais quelque chose de plus conventionnel, un médecin, un flic. Surtout je souhaite interpréter la grâce, l’élégance, la beauté".

    Généreuse Catherine Deneuve

    Se retrouver face à Catherine Deneuve, a été une vraie chance. "Elle sait tellement qui elle est. Elle ne pense pas à elle, mais aux autres. Elle est généreuse, laisse de l’espace à ses partenaires. En plus, elle se permet de fumer n’importe où. Du coup, on peut en griller une en toute impunité".

    S’il panique à l’idée qu’on l’oublie, ce n’est pas encore pour demain. Alors qu’il a terminé il y a cinq mois Just Kids, un road trip dramatique de Christophe Blanc, Kacey Mottet Klein va entreprendre en août le tournage d’un film d’Audrey Diwan qui se déroule dans les années 60 et où Il est amoureux d’une femme enceinte qui veut avorter.

    L'adieu à la nuit à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 24 avril.

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