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Sorties de la Semaine - Page 108

  • Grand écran: "Dieu existe, son nom est Petrunya", un conte féministe qui se perd en route

    0004984.jpgDiplômée universitaire en histoire, Petrunya, 32 ans, vit toujours chez ses parents dans la petite ville de Stip. En surpoids, sans emploi, elle est constamment rabaissée par une mère autoritaire. Se rendant à un nouvel entretien d’embauche raté dans une usine de textiles, elle en ressort de surcroît humiliée par un patron grossier qui lui dit qu’elle est moche et qu’il ne la baiserait même pas.

    On est le 19 janvier, jour de l’Epiphanie. En rentrant à la maison, Petrunya tombe sur la célébration annuelle exclusivement masculine, au cours de laquelle le pope jette une croix dans la rivière où les jeunes hommes du coin plongent pour l’attraper, le vainqueur étant assuré d’une année de bonheur et de prospérité

    Alors que les femmes n’ont évidemment pas le droit de participer à la chose, Petrunya, sur un coup de tête, se jette dans l’eau glacée et parvient à récupérer la croix sacrée, provoquant la furie des concurrents. Refusant de la rendre, elle s’enfuit, ignorant les menaces.

    Le pope fait alors appel à la police et Petrunya se retrouve au commissariat devant lequel se rassemble la foule en colère. La jeune femme ne cède pas, estimant avoir elle aussi droit à la chance, tandis qu’une journaliste de télévision se saisit de l’affaire pour dénoncer une société machiste qui, tout en se prétendant moderne, peine à remettre en cause des traditions d’un autre âge.

    La réalisatrice Teona Strugar Mitevska s’empare ainsi d’une histoire vraie pour suivre le combat de Petrunya (Zorica Nusheva, actrice plutôt inspirée en l’occurrence) confrontée à la misogynie d’une communauté patriarcale. De faible et inoffensive au départ, elle se révèle de plus en plus forte au fur et à mesure que l’histoire déroule. Malheureusement, si la première partie est enlevée, la seconde patine.

    En fait, le film se termine pratiquement dès que Petrunya est emmenée au commissariat. Du coup ce conte qui se veut un brûlot féministe, commence à tourner en rond. La réalisatrice semble ne plus avoir rien à dire ou à démontrer et nous sert alors une comédie manquant singulièrement de finesse, à l’image du personnage de la journaliste nous serinant sans trop y croire ses critiques maladroites à l’égard de la phallocratie ambiante.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 8 mai.

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  • Grand écran: "Jessica Forever", l'amour pour vaincre la violence. Audacieux, étrange et fascinant

    jessica-forever-1024x554-4220981.jpgSaisissant, le début est d’une rare brutalité. Le jeune Kevin se jette contre la baie vitrée d’un pavillon de banlieue qui se brise, et s’écrase à l’intérieur de la pièce. Il est grièvement blessé. Surgissent alors une bande de garçons armés jusqu’aux dents sous la direction de Jessica, une divine guerrière aux yeux bleu-vert sublimes. Elle soigne ses blessures avant que ses petits soldats ne l’emportent, évitant de justesse un essaim de drones qui leur fonce dessus.

    On pourrait se croire dans une sorte de James Bond, mais Caroline Poggi et Jonathan Vinel, auteurs de ce premier long métrage plus que prometteur, vont très vite nous emmener ailleurs avec Jessica Forever..Dans un univers légèrement mais suffisamment futuriste pour qu’on y perde nos repères, où une frange de la population est impitoyablement traquée et tuée sans sommation par les dits drones.

    Les victimes sont les orphelins, des individus violents, dangereux qui auraient tous commis dans le passé, nous informe une voix off, des actes inavouables. Pour survivre. Une dizaine d’entre eux, à l’image de Kevin, ont eu la chance d’être recueillis par Jessica. Qui les a sauvés d’un destin tragique.

    Jeanne d’Arc vêtue de cuir, madone, sainte, grande sœur, mère, déesse, elle est incarnée par la troublante Tessinoise Aomi Muyock (photo), découverte en 2015 dans Love de Gaspar Noé. Magicienne à l’aura mystique, elle règne en douceur sur ses orphelins qui la vénèrent, leur offrant, pour les changer et leur redonner confiance en l’humanité, l’amour dont ils ont été privés dans une société qui les a rejetés et en a fait des monstres. 

    Plus ou moins asexués, un peu mutants, Michael, Lucas, Kevin, Dimitri et leurs potes sont comme des enfants, dont ils ont le vocabulaire. Ils aiment les gâteaux, les céréales, les glaces, les siestes collectives, jouer avec des chatons, tout en s’entraînant au combat, dans l’attente perpétuelle d’une attaque des redoutables forces spéciales.

    Une famille aussi bizarre qu'idéale

    Jessica subvient à leurs besoins, les protège. Ensemble ils forment une famille un monde dans lequel ils ont la possibilité et surtout le droit de vivre. C’est sur cette famille aussi bizarre qu’idéale que se concentre les deux réalisateurs, livrant un film hybride, inclassable, étrange, fascinant, envoûtant, hypnotique.

    Questionnement sur la violence actuelle, Jessica Forever est un objet cinématographique difficilement identifiable, qui peut séduire à la fois les ados et les cinéphiles. Déstabilisant, dépaysant, flirtant avec le jeu vidéo, l’action, la science-fiction, le fantastique, ce conte moderne à la frontière des genres n’appartient à aucun. Audacieux, radical, inventif, sensoriel, il invite au lâcher-prise. On s'abandonne à l’expérience avec plaisir.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai.

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  • Grand écran: avec "Astrid", on découvre la mère de Fifi Brindacier. Joli portrait

    becoming_astrid_-_image_-_01_758_426_81_s_c1.jpg"Astrid, comment fais-tu pour écrire si bien sur ce que c’est d’être un enfant, quand tu n’en as pas été un depuis si longtemps?" demande un petit garçon dans une lettre à une vieille dame qu’on voit de dos, face à une fenêtre, et qui ouvre un sac plein de courrier. On est en 1987. La dame en question, qui fête son anniversaire n’est autre que le personnage d’Astrid Lindgren, l’écrivaine suédoise, notamment créatrice de la fameuse Fifi Brindacier. Mais aussi de Ronya fille de brigands, ou encore de Zozo la tornade.

    Ce n’est pourtant pas à la mère de l’héroïne qui l’a rendue célèbre que s’intéresse au premier chef Pernille Fischer Christensen. Les questions des jeunes lecteurs poussent Astrid à se souvenir. La réalisatrice danoise remonte ainsi jusqu’en 1920 pour nous laisser découvrir une adolescente déjà rebelle, bien qu’élevée dans une ferme au sein d’une société austère et moralisatrice par une mère dévote. Mais aussi par un papa étonnamment compréhensif qui la laisse libre d’aller travailler dans un journal local alors qu’elle n’a que 16 ans.

    Pleine d’imagination, elle ne tarde pas à se distinguer par ses talents d’écriture, tombe amoureuse de son patron marié, et se retrouve enceinte de cet homme dont on découvrira la lâcheté. Obligée de se rendre au Danemark, plus ouvert et libéral, pour accoucher, Astrid met au monde un garçon, Lasse, qu’elle confie à une mère d’accueil, avant de devoir s’en occuper elle-même à la mort de cette dernière.

    Un début fondateur

    Alors qu’il est atteint d’une pneumonie, elle commence à lui raconter des histoires pour enfants, C’est le début, fondateur, de sa carrière. Suite à une longue série d’épreuves, la talentueuse jeune femme indépendante va révéler son tempérament frondeur. Libre, elle est déterminée à s’en sortir envers et contre tout. Et puisera dans ses souffrances et ses combats pour inventer des héroïnes à son image, aventureuses, énergiques et casse-cou.

    En choisissant l’angle particulier de la période jeune de sa protagoniste, la réalisatrice livre ainsi le joli portrait d’une femme dont on ne connaissait pas grand-chose, interprétée par l’excellente Alba August, la fille de Bille. Toutefois, en dépit d’une certaine magie, on regrette le déroulé assez languissant du film et le classicisme convenu de la mise en scène.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 mai.

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