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Sorties de la Semaine - Page 107

  • Grand écran: deux fanfares s'affrontent "Tambour battant" dans le Valais de 1970

    battantanbour.jpgEn ce printemps 1970, le petit village valaisan de Monchoux est en pleine ébullition. On pourrait croire que c’est à cause du scrutin sur le vote féminin. Ou de celui sur l’initiative xénophobe Schwarzenbach. Rien de tout cela. Ce qui met les habitants en émoi, c’est la lutte acharnée que se livrent deux fanfares pour avoir l’honneur de représenter leur commune au grand festival du genre.

    Cette opposition féroce est incarnée par leur chef respectif. D’un côté Aloys, un vigneron obtus aux valeurs de droite qui dirige une fanfare des plus traditionnelle, de l’autre une formation jazz emmenée par Pierre, un musicien pop chevelu qui s’est fait un petit nom à Paris dans la mouvance de Mai 68. Cette rivalité musicale n’est pas nouvelle au cinéma, le Français Georges Combret en ayant déjà fait un film en 1953, sur fond d’amourette.

    C’est aussi le cas dans la comédie de François-Christophe Marzal, sauf que la fille d’Aloys fréquente un jeune immigré italien. Le réalisateur ajoute ainsi une dimension socio-politique à son métrage, non seulement avec l‘affaire du renvoi des travailleurs étrangers, mais également avec le droit de vote local que les hommes s’apprêtent donner aux femmes avant son acceptation sur le plan fédéral.

    Tout cela nous vaut quelques scènes qui se veulent drôles, loufoques et enlevées .Mais si les comédiens (dont Jean-Luc Bideau) se révèlent convaincants, l’ensemble reste plutôt laborieux, avec des dialogues peu soignés, des situations et des personnages qui virent à la caricature. Sans oublier ce surf approximatif sur plusieurs thèmes, dont celui de l’émancipation féminine, qui fait inévitablement penser à L’ordre divin, autrement plus abouti et réussi sur le sujet.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 12 juin.

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  • Grand écran: "Roxane", l'agriculture à travers la culture pour évoquer le désespoir paysan

    5cfbb7cc52eb3ade378b4612.jpgRaymond est un personnage peu commun. Un rêveur et un idéaliste. Amoureux des mots, il pense que la littérature est capable de changer le monde. Un secret que cet agriculteur à l’éducation sommaire n’avoue qu’à ses poules. Tous les matins, flanqué de sa favorite Roxane (photo), il réunit les galinacés pour leur lire Cyrano de Bergerac, L'avare...

    Raymond est très heureux, les volailles aussi, jusqu’au jour où il se retrouve dos au mur. En effet la coopérative ne veut plus des petits producteurs. Menacé de faillite, il a alors une idée folle: se mettre en scène avec ses poules, dont la fameuse Roxane évidement, dans des vidéos cultes pour créer le buzz sur les réseaux sociaux et sauver ainsi sa ferme, sa famille et son couple. Inutile de dire que dans le village, on a du mal à croire à sa réussite flamboyante dans ce domaine. Mais Raymond, inébranlable, se laisse emporter par sa passion du théâtre…

    Emmené par un Guillaume de Tonquédec lunaire, touchant  dans son rôle de paysan taiseux, n’exprimant ses émotions et ses sentiments qu’à travers de grands textes classiques de Rostand à Guitry en passant par Molière, Roxane est le premier film de Mélanie Auffret.

    Tout en racontant les histoires d’amour de Raymond avec les mots et avec sa poule, sa relation avec sa femme, ironie du sort employée de banque (Léa Drucker), elle se livre à l’observation d’un monde rural en crise. Sachant de quoi elle parle, étant issue elle-même du milieu agricole, elle brosse avec modestie un portrait d’une actualité brûlante de ses membres qui luttent avec l’énergie du désespoir pour sauvegarder leurs bien face à la brutalité économique ambiante.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 juin.

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  • Grand écran: dans "Le coureur", le Suisse Baumgartner explore la spirale de la violence

    1538064248_laeufer_filmstill2_1.jpgPour son premier long métrage, Le coureur, le Suisse Hannes Baumgartner, raconte l’histoire de Jonas Widmer (Mischa Ebner dans la vraie vie), sportif helvétique de haut niveau spécialisé dans le marathon militaire dont il a été lauréat, et devenu un criminel en série, alors qu'il s'apprêtait à s'aligner aux Jeux Olympiques.  A l’époque des faits survenus dans la région de Berne, en 2002, on l’appelait « le tueur de minuit ».

    Le jeune cinéaste en fait un athlète accompli, cuisinier de métier, bon citoyen, collègue agréable menant une vie apparemment sans histoire avec sa petite amie. Jonas incarné par un convainquant Max Hubacher, apparaît ainsi comme un personnage certes très méticuleux, mais tout de même normal. Sinon modèle à l'occasion.

    Et pourtant, grosse fêlure. Malgré d'immenses et constants efforts pour cacher, sous de folles courses d’endurance qui nous le montrent extrêmement tendu et contracté, la face obscure de sa personnalité, la rage qui l’anime, il va céder à ses démons. Démasqué par l’auteur qui l’observe de façon presque clinique, en scrutant son développement émotionnel pour tenter de trouver des raisons à l'inéluctable spirale de la violence. 

    En dépit de quelques maladresses et d’un scénario parfois confus où le réalisateur semble vouloir nous emmener sur de fausses pistes à l’image d’une relation ambiguë de son protagoniste avec son frère, le film, plutôt prometteur, se laisse voir.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 15 mai.

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