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Sorties de la Semaine - Page 307

  • Cinéma: "Jacky au royaume des filles", trop potache pour convaincre

    images[11].jpgBédéaste passé avec succès derrière la caméra grâce à son teen-movie Les beaux gosses en 2010, Riad Sattouf remet le couvert avec Jacky au royaume des filles. Il s’amuse à inverser les rôles dans une audacieuse permutation des genres.

    Nous sommes dans un pays imaginaire, la République démocratique et populaire de Bubunne, où règnent la tyrannie et le culte de la personnalité. Les femmes, qui collectionnent les maris, portent la culotte en l’occurrence militaire, et les hommes la burqa.Tout en étant dévolus aux tâches ménagères sous la férule de ces viragos revêches.

    Parmi eux Jacky (Vincent Lacoste, photo), un garçon de 20 ans naïf, gentil, timide et très courtisé, mais qui nourrit le fantasme, comme n’importe quel célibataire de la dictature, d’épouser la colonnelle (Charlotte Gainsbourg), fille de la générale (Anémone).

    L’affaire pourrait être conclue lors du grand bal qu’organise cette dernière pour trouver un mari à l’héritière du trône. Mais c’est compter sans les visées perverses de la famille adoptive de Jacky. Déterminée à lui briser son rêve, elle lui vole son précieux sésame d’entrée à la cérémonie. Le jeune homme se déguise alors en fille pour s’introduire dans la place et séduire la dame de son cœur.

    Au départ une excellente idée, avec quelques inventions amusantes dont l’étrange langage pratiqué par les habitants de Bubunne, ou l’infâme bouillie tout droit sortie des robinets qui leur sert de nourriture quotidienne.

    Mais ce film à grande ambition politique et qui se veut transgressif, n’en rate pas moins son objectif. En multipliant les gags lourdingues et pas drôles, Riad Sattouf se condamne à la farce bien trop potache pour prétendre à la critique virulente que sous-tend son propos subversif.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 29 janvier

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  • Cinéma: Avec "Nyphomaniac", Lars Von Trier met Charlotte Gainsbourg sur le divan...

    1389279275079_0570x0367_1389279305170[1].pngLe plus souvent au cinéma, le cul attire autant qu’il déçoit. Mais voilà qui n’était pas pour décourager Lars Von Trier, bien au contraire. Après avoir commencé, dans un premier volume, par retracer le parcours érotique d’une nymphomane autoproclamée de sa naissance à la cinquantaine, le provocant Danois propose la suite de son odyssée sexuelle.  

    Petit rappel. Lors d’une froide soirée d’hiver, Seligman, un vieux et charmant célibataire endurci, découvre Joe dans une ruelle. A demi-consciente, elle a été méchamment passée à tabac. Seligman la ramène chez lui, la soigne et Joe se confesse à lui, racontant sa quête ardue sinon impossible de jouissance à travers diverses expériences qui en feront une sexual addict.

    Et cela au fil de cinq chapitres se voulant sulfureusement subversifs et de quelques parties labellisées pornos pour titiller le spectateur. Au final, un film à prétention littéraire contrastant avec un vide métaphysico-spirituel, où Lars  Von Trier joue au psy un rien pervers. Histoire de se maintenir à hauteur de sa vénéneuse réputation.

    Il s’ensuit un curieux dialogue. Par exemple la stratégie de la séduction s’apparente à la pêche à la mouche, passion à laquelle s’adonne Seligman,  son sauveur  philosophe. Une démonstration plombante à la longue, ne menant pas à grand-chose à part distiller un certain ennui et à nous dire que le sexe est aussi triste que coupable.

    Le  constat ne change pas fondamentalement dans le second volume et la suite des confidences, toujours délivrées sur le ton doucereux et envoûtant de notre nympho (mytho ?) maniaque à la recherche frénétique du plaisir. On y voit Jerôme pousser Joe à se lancer dans des aventures extraconjugales pour tenter d’assurer la durée de leur couple. Car vivre avec une nymphomane exige de la ressource. Elle est même comparée à un tigre qu’il faut savoir nourrir. 

    nymphomaniac[1].jpgEt Joe, devenue mère entretemps, d’en profiter pour tenter d’éteindre son inextinguible soif de sexe, négligeant ainsi évidemment son enfant. Un prétexte pour le réalisateur, outre de culpabiliser son héroïne, de nous la montrer dans d'interminrvles et complaisantes séquences sado-masos, ou en compagnie de deux Noirs dans une sorte de grotesque farce théâtrale...

    Avec à la clé la remarque selon laquelle une femme qui dit ne pas avoir envie de coucher avec un Noir ment. Sans oublier l’évocation douteuse sur le mérite, voire la souffrance de pédophiles qui ne passent pas à l’acte. On notera en revanche un étrange plaidoyer féministe vers la fin. Encore qu’avec le misogyne Lars Von Trier on ne sache pas vraiment si c’est du lard ou du cochon…

    En dépit de ses aspects lourdingues et caricaturaux, d’un dénouement improbable quoiqu’un peu attendu, tout n’est pas à jeter dans cet opus où le cinéaste mêle le beau et le sordide, la noirceur et la solitude, l’angoisse et la branlette, l’intime et le transgressif. Le tout sur fond d’amour inassouvi et d'envie de rédemption.  

    Dans ce (très) long-métrage en deux parties, amputé de plus d'une heure que seuls les festivaliers verront à Berlin, on a l’impression que l’auteur s’invite pour prouver des choses ou régler des comptes. Notamment lorsqu’il insiste sur les origines juives de Seligman le confesseur, sur la différence entre l’antisémitisme et l’antisionisme (on se rappelle sa sortie sur Hitler à Cannes), ou quand il pousse Joe à donner son avis  sur le mot  "nègre".

    Reste le casting, qui emporte une certaine adhésion à l'ensemble. Aux côtés de la troublante et fragile Charlotte Gainsbourg , victime fascinante qui séduit par son charme magnétique, on trouve  Stellan Skarsgard en vieux célibataire apparemment  asexué, ainsi que la talentueuse Stacy Martin en  Joe  jeune  formant couple avec Shia Laboeuf. A souligner que ce dernier avait tellement envie d’en être qu’il avait envoyé une sextape au cinéaste pour décrocher un rôle.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès  mercredi 29 janvier.  

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  • Cinéma: "12 Years A Slave" revisite l'Amérique esclavagiste

    rs_1024x759-131009113736-1024.4.12-Years-Slave.ls.10913_copy[1].jpgAprès Hunger mettant en scène l’agonie du républicain irlandais Bobby Sands, Shame explorant les tourments d'un séduisant sexe addict, le talentueux Steve Mc Queen change encore de registre. Et provoque le malaise en obligeant l’Amérique à regarder son histoire en face en se penchant sur l’esclavagisme odieux qui régnait au 19e siécle. 

    12 Years A Slave, l'un des grands favoris aux Oscars avec neuf nominations raconte le tragique destin de  Solomon Northup. Nous sommes en 1841. Vivant libre et respecté à New York avec sa petite famille, il est engagé un jour par un cirque ambulant pour jouer du violon dans un spectacle de passage à Washington.

    Soulé et enlevé, le malheureux se réveille le lendemain avec des chaînes aux pieds. enchaîné. avec une gueule de bois. Sauvagement battu, il est déporté vers le sud et vendu au très cruel propriétaire d’une plantation de coton en Louisiane. Qui, à l’instar de ses autres esclaves, le considère comme une bête de somme. 

    Adapté des mémoires du vrai Solomon Northup, le film montre aussi bien les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient ces victimes de la violence aveugle des Blancs que leur difficile et incessant combat pour reconquérir leur liberté.

    Un opus ample, intense, rigoureux et puissant sur la résistance à l’injustice et à la torture, qui frise parfois la complaisance en s’attardant longuement sur certaines scènes d’une rare brutalité pour mieux coller à la vérité du sujet. Mais qui réussit le plus souvent à transmettre une vraie et vive émotion en évitant habilement le piège de la mièvrerie et des bons sentiments que pouvaient susciter une histoire aussi dramatique.

    12 Years A Slave est porté par de formidables comédiens qui contribuent évidemment à sa réussite, dont l’excellent Chiwetel Ejiofor et Michael Fassbender (photo) dans le rôle du maître sadique de la plantation, devenu en trois films l’acteur fétiche du réalisateur. On y croise aussi dans des rôles secondaires Benedict Cumberbatch, Paul Giamatti ou encore Brad Pitt, très engagé dans l’affaire puisqu’il en est l’un des producteurs.

    Film à l'affiche dans les salles romandes depuis mercredi 23 janvier.   


     

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