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Sorties de la Semaine - Page 306

  • Cinéma: "Tel père, tel fils", une perle venue du Japon

    imagesCA1KCDII.jpgDeux bébés échangés à leur naissance, le sujet n’est pas nouveau. Mais c’est le traitement intelligent, subtil et sensible du cinéaste Hirokazu Kore-eda, ajouté à une excellente interprétation, qui en fait l’originalité, la force et la séduction.

    Et cela sans basculer dans le mélodrame psychologique, ni occulter la souffrance de parents effondrés et de gosses déboussolés en apprenant la nouvelle six ans après,

    Dans Un long fleuve tranquille par exemple, Etienne Chatiliez cherchant avant tout l’effet comique, avait choisi deux milieux radicalement opposés pour compliquer au maximum la situation des protagonistes. Avec Tel père, tel fils, le talentueux réalisateur japonais évite lui la caricature, en mettant face à face deux familles d’un niveau social simplement un peu différent.

    Dans l’une Ryota, un père très sérieux, avare de sourires, beau gosse, obsédé par la réussite professionnelle, gagne bien sa vie. Il n’a que peu de temps à consacrer à son fils unique à qui il tente surtout d’inculquer sa mentalité de gagneur.

    Dans l’autre, on découvre un papa moins gâté par la nature, bohème déjà nanti de deux enfants. Gai, joueur, adroit de ses mains, il fait la joie de sa progéniture en réparant tous les jouets. Tenant une petite boutique, il se contente d’un revenu assez modeste que pourraient éventuellement agrémenter quelques indemnités pour le tort subi.

    Au début quand les familles se rencontrent, la tension est palpable entre les deux hommes, se regardant un peu en chiens de fusil. Surtout Ryota, le plus choqué par la révélation soudaine de l'échange et qui va jusqu’à proposer d’élever les deux enfants, mettant en avant des moyens financiers plus importants. Il reviendra aux femmes de jouer l’apaisement.

    Mais Hirokazu Kore compte surtout sur l’aptitude au bonheur des enfants pour tenter de trouver une issue heureuse à un problème apparemment insoluble. Il propose ainsi un film formidable et plein d’émotion sur la paternité, la prédominance ou non des liens du sang sur ceux du cœur. Cette perle à ne manquer sous aucun prétexte avait décroché logiquement le Prix du jury au dernier Festival de Cannes.

    Film à l’affiche dans les  salles de Suisse romande dès le 25 décembre.

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  • Cinéma: "Le Loup de Wall Street", money, sex and drug pour un film déjà culte

    le-loup-de-wall-street-nombreuses-nouvelles-images-une-631x250[1].jpgPour sa cinquième collaboration avec Leonardo DiCaprio, son acteur fétiche, Martin Scorsese opère une immersion délirante dans le monde de la finance et de ses excès.

    Odyssée épique déjà culte et sans doute en route pour quelques Oscars, Le loup de Wall Street est adapté du roman éponyme de Jordan Belfort, sorti en 2005. Courtier en bourse à New York à la fin des années 80, il raconte son ascension spectaculaire et sa chute vertigineuse.

    Flambeur milliardaire, fornicateur invétéré, cocaïnomane, ce fondateur de la firme de courtage Stratton Oakmont arrêté en 1998, a joué les repentis après 22 mois derrière les barreaux pour avoir refusé de collaborer avec les autorités dans une vaste affaire de corruption à Wall Street.

    D’entrée de jeu Jordan Belfort (Leonardo DiCaprio) nous raconte face caméra à quel point il est riche, accro à la drogue et au sexe. Avant d’expliquer l’origine de sa fortune colossale à vingt ans et des poussières qui lui a valu le surnom de "Loup de Wall Street" et de nous entraîner dans une aventure démente avec sa meute de requins qui en veulent toujours davantage.   

    32531[1].jpgMoney, sex and drug, des thèmes en or pour Martin Scorsese en forme olympique. A l’évidence fasciné par son sujet, il livre un film brillant sous adrénaline, dense, dynamique, nous immergeant frénétiquement dans une orgie de cul et de fric sur fond d'écoeurants lancers de nains et de partouzes entre traders hystériques des années 90.

    Avec sa charge satirique virtuose contre l’argent roi et ses adorateurs serviles, le réalisateur réussit l'exploit de vous scotcher au fauteuil pendant trois heures sans qu'on les sente passer.  

    Au service de cette comédie jubilatoire et sulfureuse où la morale n’a pas sa place, doublée d’une quête incessante et immorale du plaisir entre débauche, défonce et ivresse du pouvoir, on trouve un Leonardo DiCaprio magistral, éblouissant, charismatique, cynique jusqu’à la nausée. Obsédé par les dollars, il n’incarne pas, il est ce personnage à la fois charmeur et indécent au train de vie obscène. 

    Les autres comédiens sont à la hauteur à commencer par Jonah Hill, le valet en chef du maître mâtiné d'un fou furieux cocaïné à mort et Matthew McConaughey, parfait en mentor de DiCaprio, décrivant ce qu'est selon lui "le véritable métier de trader" dans un dîner d‘anthologie. Sans oublier la belle et sculpturale Margot Robbie en top model servant d’épouse au héros qui traite les femmes comme des marchandises. Une mini fausse note dans toute cette excellence en forme de cadeau de Noël, Jean Dujardin, trop folkloriquement français pour convaincre dans son rôle de banquier suisse véreux.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 décembre.

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  • Cinéma: "Mandela:un long chemin vers la liberté", l'épopée d'une icône

    Idris-Elba-as-Nelson-Mand-008[1].jpgDeux semaines à peine après la mort de Nelson Mandela, annoncée le soir même de la première à Londres, sort le film qui lui est consacré. Signé Justin Chadwick, il est adapté de l’autobiographie de l’icône du combat anti-apartheid et rappelle les grandes heures de "Madiba", de sa naissance à la campagne dans la famille royale des Thembu à son incroyable élection à la tête de la République sud-africaine,  le 9 mai 1994.

    Tout a été dit lors du décès du père de la nation arc-en-ciel. On rappellera en quelques lignes qu’il commence par  s’établir à Johannesburg, ouvre le premier cabinet d’avocats noirs et milite au sein de l’ANC (Congrès national  Africain) dont il est l’un des leaders.  D’abord adepte de la non-violence, il passe dans la clandestinité et prône la lutte armée en réaction aux massacres de la population dans les townships.

    Arrêté, il passe 27 ans en prison dont 18 dans l’inhumain pénitencier de Robben Island. De sa minuscule cellule, il poursuit sa révolte, soutenu par sa femme Winnie avant d’être libéré par le président De Klerk, d’accéder à son tour à la tête de l’Etat et d’entamer un processus de réconciliation  entre Blancs et Noirs.

    Révolutionnaire, prisonnier, président, c’est le parcours exceptionnel en forme d’épopée que nous propose Justin Chadwick dans Mandela: un long chemin vers la liberté. Un biopic honnête, respectueux, à vocation pédagogique louable, mais trop conventionnel et principalement dédié à l’édification du symbole. Bien que l’auteur ne fasse, il est vrai, pas un saint de son héros tutélaire. Reste qu’en dépit du portrait intime et émouvant qu’il en brosse, le réalisateur ne porte pas véritablement sur lui un regard  personnel.

    61e37e22a277bef2c49c3974bcc44194[1].jpgIl se contente par ailleurs d'effleurer ses rapports complexes avec Winnie (Naomie Harris photo), animée contrairement à Nelson d’un esprit de revanche, tout comme il survole la question de l’apartheid et escamote les relations honteuses entre l’Afrique du Sud ségrégationniste et nombtre de pays occidentaux.

    On salue en revanche la performance du charismatique acteur britannique Idris Elba, qui rentre complètement et avec ferveur dans la peau de son personnage, sans pour autant le singer. Particulièrement dans le Mandela jeune et jusqu’aux trois quarts du film.

    Son interprétation est toutefois un rien gâchée par un maquillage grossier lorsqu’il vieillit, lui faisant une sorte de masque de cire à cheveux blancs auquel  il faut s’habituer. Force est alors de constater que la prestation d'Idris Elba ne vaut pas, dans cette dernière partie, celle de Morgan Freeman dans l’Invictus de Clint Eastwood. 

    On ne  recommandera pas moins ce long-métrage sur le destin d’un homme exceptionnel, devenu l’âme de l’Afrique et la conscience du monde.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 décembre.


     

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