Après Hunger mettant en scène l’agonie du républicain irlandais Bobby Sands, Shame explorant les tourments d'un séduisant sexe addict, le talentueux Steve Mc Queen change encore de registre. Et provoque le malaise en obligeant l’Amérique à regarder son histoire en face en se penchant sur l’esclavagisme odieux qui régnait au 19e siécle.
12 Years A Slave, l'un des grands favoris aux Oscars avec neuf nominations raconte le tragique destin de Solomon Northup. Nous sommes en 1841. Vivant libre et respecté à New York avec sa petite famille, il est engagé un jour par un cirque ambulant pour jouer du violon dans un spectacle de passage à Washington.
Soulé et enlevé, le malheureux se réveille le lendemain avec des chaînes aux pieds. enchaîné. avec une gueule de bois. Sauvagement battu, il est déporté vers le sud et vendu au très cruel propriétaire d’une plantation de coton en Louisiane. Qui, à l’instar de ses autres esclaves, le considère comme une bête de somme.
Adapté des mémoires du vrai Solomon Northup, le film montre aussi bien les conditions inhumaines dans lesquelles vivaient ces victimes de la violence aveugle des Blancs que leur difficile et incessant combat pour reconquérir leur liberté.
Un opus ample, intense, rigoureux et puissant sur la résistance à l’injustice et à la torture, qui frise parfois la complaisance en s’attardant longuement sur certaines scènes d’une rare brutalité pour mieux coller à la vérité du sujet. Mais qui réussit le plus souvent à transmettre une vraie et vive émotion en évitant habilement le piège de la mièvrerie et des bons sentiments que pouvaient susciter une histoire aussi dramatique.
12 Years A Slave est porté par de formidables comédiens qui contribuent évidemment à sa réussite, dont l’excellent Chiwetel Ejiofor et Michael Fassbender (photo) dans le rôle du maître sadique de la plantation, devenu en trois films l’acteur fétiche du réalisateur. On y croise aussi dans des rôles secondaires Benedict Cumberbatch, Paul Giamatti ou encore Brad Pitt, très engagé dans l’affaire puisqu’il en est l’un des producteurs.
Film à l'affiche dans les salles romandes depuis mercredi 23 janvier.