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Sorties de la Semaine - Page 244

  • Grand écran: "Les mille et une nuits, volume 2" où la désolation a envahi le coeur des hommes

    imagesGKLIOHT4.jpgDeuxième volume du film somme Les mille et une nuits du Portugais Miguel Gomes qui poursuit son exploration de la crise économique dans son pays et de ses conséquences dévastatrices.

    Mêlant documentaire et fiction, silence et parole, épure et profusion d’images sur fond de réalité et d’imaginaire, ce tryptique dans le tryptique, intitulé Le désolé brosse une foule de portraits. Où Shéhérazade raconte justement comment la désolation a envahi le coeur des hommes.

    La première histoire Chronique et fugue de Simao "Sans Tripes" dépeignant la culpabilité humaine prend la forme d’un western. Elle évoquant la traque d’un vieil assassin en fruite dans la steppe portugaise, jouisseur anarchiste rêvant de putes et de perdrix. Le  brigand deviendra un héros pour la population locale après avoir réussi à échapper aux gendarmes pendant quarante jours en se télé-transportant.

    Dans le troisième, Les maîtres de Dixie, le cinéaste explore la triste vie des habitants d’une tour dans une cité populaire minée par le chômage, la drogue, le suicide. Les événements sont vus par le truchement du petit chien blanc Dixie qui se déplace d’un appartement à un autre, d’un maître à un autre,  du plus âgé au plus jeune, comme pour assurer une sorte de transmission.

    Entre les deux, le conte à notre avis le plus intéressant, le plus émouvant et le plus édifiant, Les larmes de la juge. Il consiste en un procès en plein air dans un théâtre antique, auquel participent les spectateurs dont plusieurs se lèvent tour à tour pour confesser leurs petits ou grands méfaits dans différentes langues, y compris celle des signes Crimes ou délits, ils sont en majorité justifiés par le manque d’argent, la pauvreté crasse, une misère insondable qui fait pleurer la juge (photo), qui écoute et comprend tout, au lieu de prononcer son verdict.  

    Un film fourmillant de créativité et d’inventivité, mais sombre, déprimant, accablant, désenchanté, bien que teinté de magie et de fantaisie. Sinon d’humour dont on dit qu’il est la politesse du désespoir. On rit toutefois fort peu.

    Film à l'affiche aux Cinémas du Grütli dès mercredi 30 septembre.

     

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  • Grand écran: dans "Le bouton de nacre", le Chilien Patricio Guzman continue à raconter l'histoire de son pays

    le-bouton-de-nacre-nl[1].jpgDeux mystérieux boutons de nacre découverts au fond du Pacifique, au large des côtes chiliennes. C’est le point de départ d’un saisissant documentaire construit comme une fiction qui a valu à son auteur Patricio Guzman l’Ours d’argent du scénario au dernier Festival de Berlin.

    Au début, il s'apparente à une leçon de choses sur l’espace, les éléments naturels  les volcans, les rochers, les glaciers, le tout accompagné d’images sublimes.

    Mais il sert à nouveau de prétexte au  réalisateur chilien, obsédé comme dans tous ses autres films par le coup d’Etat meurtrier du général Augusto Pinochet en 1973, de continuer à raconter l’histoire de son pays, d’en questionner la mémoire et de déterrer des cadavres.

    Avec le magnifique Nostalgie de la lumière, Patricio Guzmán, nous emmenait dans le désert d’Atacama, tout au nord de Chili. Dans Le bouton de nacre il se concentre sur l’extrême sud, la Patagonie, plus vaste archipel du monde.

    Evoquant à la fois des souvenirs personnels telle la disparition d’un ami emporté par les vagues et les origines de l’humanité, partant du singulier pour atteindre l’universel, il nous laisse entendre  les témoignages simples et émouvants des quelques rares descendants des tribus indiennes nomades porteuses d’un savoir disparu, mais également la parole des premiers navigateurs anglais et des prisonniers politiques

    Là ce n’est plus le désert mais l’eau qui lui sert de fil conducteur. L’eau qui vient du cosmos, symbole de vie, celle qui a façonné les hommes, mais aussi celle de l’océan, recouvrant la réalité macabre des exactions des militaires qui en ont fait un cimetière pour tenter d’effacer leurs crimes. 

    C’était sans compter sur ce bouton de nacre révélateur. L’un de ceux appartenant aux victimes du régime Pinochet, larguées dans la mer lestées d’un morceau de rail de chemin de fer de 30 kilos ficelé autour du corps, pour les faire disparaître.

    Des années plus tard, une expédition a été lancée et la trace d’un rail ramené à la surface, un bouton de chemise accroché au métal. Minuscule symbole de ce que l’océan compte de cadavres torturés des opposants à la dictature.

    Film à l’affiche aux Cinémas du Grütli, dès mercredi 30 septembre.

     

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  • Grand écran: Lionel Baier et la mort, le droit d'en sourire dans "La vanité"

    la-vanite[1].jpgDavid Miller est un homme froid, hautain. Architecte à la retraite atteint d'un cancer, il a décidé d'en finir et prend une chambre dans un motel aussi isolé que décrépit. Esperanza, exubérante accompagnatrice espagnole d'une association d'aide au suicide le rejoint avec les substances létales.

    Son fils ayant déclaré forfait, David convainc Tréplev, prostitué russe de la chambre mitoyenne, d'être le témoin de son dernier souffle. Une nuit mouvementée attend le trio disparate, avec les retournements d'une situation vitrant à l'absurde, rien ne se passant comme prévu.
     
    Pour La vanité, comédie noire audacieuse en forme de méditation ironique sur la vie et la mort, Lionel Baier s'inspire d'une histoire vraie et d'un reportage télévisé sur le suicide assisté. "Je suis allé voir des accompagnatrices et des médecins pour connaître les procédures. A cet égard tout est juste, même si ensuite, je me suis autorisé quelques libertés", remarque Lionel Baer.

    Mais l'idée était justement de faire un pas de côté, la thématique ayant été bien traitée par Fernand Melgar ou Stéphane Brizé. "Ici, l'euthanasie est prétexte à la recomposition d'un groupe à travers le destin d'un homme qui, croyant ne plus avoir de curiosité, découvre finalement qu'il lui reste de la curiosité du goût pour les autres".
     
    "N’est drôle que ce qui est grave"

    Au mur de la chambre du motel, reconstitution fidèle d'un bâtiment existant, est accrochée une reproduction des Ambassadeurs d'Holbein le Jeune, symbolique des "Vanités", ces œuvres d'art nous rappelant que nous sommes mortels. Mais le terme, qui donne son titre au film, recouvre aussi la vacuité, la prétention. Pour Lionel Baier, il y a une sorte de vanité à vouloir tout contrôler. "En même temps, je refuse d'être moralisant". 
     
    Sans prendre une position claire sur le problème du suicide assisté, mais forçant le spectateur à se poser plein de questions, le réaiisateur joue ainsi sa petite musique, abordant un sujet tragique et complexe d'une façon légère, comique, ironique, un rien cynique. "C'est normal. N'est drôle que ce qui est grave, comme le prouvent les grandes comédies. L'humour est une soupape de sécurité et en l'occurrence me permet cette réflexion décalée sur la mort. Il faut la désirer très fort pour aimer la vie, pour qu’elle ait du relief".
     
    Le personnage principal de ce huis-clos à la mise en scène impeccable, tourné en studio principalement par goût de l'artifice, c'est Patrick Lapp. Un comédien plus habitué des scènes et de la radio romandes que du grand écran. Lionel Baier lui a fait du sur mesure en lui laissant enfiler le costume d'un être suffisant, égoïste, désabusé.

    «J'ai pris beaucoup de plaisir à tourner Les Grandes Ondes avec lui et j'ai eu envie de le retrouver. Le film a été écrit pour lui». Lapp donne la réplique à la grande Carmen Maura (photo), tout d’abord hésitante à accepter le rôle, mais très vite incapable de résister au charme de Lionel Baier, ainsi qu’à Ivan Georgiev. Excellents, tous les trois se révèlent aussi justes que naturels.

    Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30 septembre.

     

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