Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 241

  • Grand écran: "Une jeunesse allemande" retrace le parcours du groupe Baader-Meinhof

    201510620_2_IMG_FIX_700x700[1].jpgFin des années 60 et début 70, une organisation d'extrême-gauche opère en Allemagne. C'est la Fraction Armée Rouge (RAF), appelée aussi la bande à Baader, ou encore le groupe Baader-Meinhof. Au départ, ces militants idéalistes exprimaient leur hostilité au système par des actions artistiques, littérature, cinéma, avant de virer au terrorisme.

    Passant à la lutte armée, ils s'en prennent aux institutions du pays, au patronat ou à l'armée américaine, commettant des attentats meurtriers, des assassinats, des enlèvements, des vols. Avec pour objectif de détruire une société qu'ils jugent inhumaine et pourrie.

    Avec son premier long-métrage documentaire, le réalisateur français Jean-Gabriel Périot, 41 ans, auteur d'une vingtaine de courts depuis 15 ans, retrace leur parcours dans Une jeunesse allemande, utilisant leurs images, leurs interventions médiatiques, leurs films, pour évoquer le glissement progressif vers la violence politique des fondateurs du mouvement, Ulrike Meinhof, le cerveau, restée une icône, Andreas Baader, sa compagne Gudrun Ennslin, Holger Meins et Horst Mahler. 
     
    A son habitude, Jean-Gabriel Périot a uniquement construit son film avec des archives et des documents d'époque. Bannissant tout commentaire ou interview. "Mon but n'est ni d'apporter des réponses, ni de donner des clés, mais de laisser le spectateur se forger sa propre une opinion", nous explique le réalisateur de passage à Genève. "Mon point de vue personnel s'exprime dans la manière de montrer le parcours des membres de la RAF, de dire ils sont et dans quel monde ils vivent".

    5ae315d1-cf0b-11e4-8228-8dc06776b895-thumb[1].jpgVotre travail consiste à questionner les processus autour de de la violence. Y-a-t-il du cynisme dans cette observation?

    Non. Je le fais parce que je ne la comprends pas, mais qu'elle apparaît parfois nécessaire et, même si on le déplore, peut constituer la seule réponse.

    Ne craignez-vous pas que votre manière de procéder, sans vox off, rende la lecture du film difficile à ceux qui ne connaissent pas les protagonistes ?

    Je ne pense pas. Quand j'ai décidé de le réaliser, je ne connaissais moi-même rien de la Fraction Armée Rouge. J'ai donc essayé de le faire en tenant compte de ceux qui sont dans mon cas.

    L’expression d'un désespoir croissant et pousse au crime fait-il écho pour vous à ce qui se passe aujourd'hui? Les membres de la RAF étaient-ils en quelque sorte les djihadistes d'hier?

    Pour moi, il existe de vraies différences. Le passage à la violence à l'époque n'était pas aussi radical. C'était alors un moyen comme un autre, après avoir essayé  le cinéma, l'écriture, l'éducation et  le militantisme. La violence s'inscrivait dans des failles de la société. Elle posait des questions de fond.

    Il est étonnant de constater à quel point la bande à Baader a saisi l'importance de l'image.

    C'est un cas unique. Aucun groupe au monde n'a laissé autant d'images et donc de traces. Et ils étaient plusieurs, ce qui en représente un monceau. En tant que cinéaste, je suis sidéré par tout ce qu'ils ont produit. Cela m'a facilité la tâche.

    Journaliste connue et reconnue, Ulrike Meinhof était régulièrement invitée à la télévision. Elle parlait même beaucoup et les intervenants l’écoutaient.

    Effectivement. Il fallait s’adresser au public, prendre les espaces. Elle utilisait un langage simple, éprouvait une vraie estime pour le téléspectateur. En même temps, les membres du groupe ont parfois un côté potache, notamment Meins dans ses films, comme lorsqu'il préconisait l'emploi du grand quotidien Das Bild comme papier toilette. Il y avait chez eux quelque chose de sérieux et de pas sérieux, anar, bordélique. Par exemple ils étaient proches du FPLP qui les a entraînés dans un camp. Mais on ne les a pas gardés longtemps. Les filles faisaient de la bronzette…

    Quels étaient leurs liens avec d'autres militants dans d'autres pays ?

    Ils ont été soutenus dans les pays frontaliers. Mais il n'y avait pas de lien organique. Et en Allemagne ils étaient vraiment isolés. A mon avis l'isolement est un des facteurs qui les ont conduits à la lutte armée.

    Arrêtés en 1972, on apprend qu'ils se sont suicidés en prison. D'abord Ulrike Meinhof en 1976, puis trois autres dont Baader, un an plus tard. Le gouvernement a été accusé par l'extrême-gauche d'avoir "orchestré leur assassinat".

    J'ai énormément lu sur le sujet, rencontré des gens. Mais j'ai plutôt la sensation, très subjective, qu'Ulrike Meinhof s'est vraiment donné la mort. Celle de ses compagnons a certes eu lieu dans des conditions étranges. Le moins qu'on puisse remarquer, c'est que la gestion des prisonniers par les gardiens a été approximative.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "La passion d'Augustine", un bain de musique pour revisiter la récente histoire du Québec

    lapassionduagustine-1460x950-1419007054[1].pngInstallée au Québec depuis quarante ans, Léa Pool cinéaste née à Genève, aime mettre en scène des personnages à forte personnalité. Dans son dernier film, basé sur une histoire vraie, elle s'intéresse à une religieuse qui dirige depuis vingt ans le couvent de Sant-Ours, sur les bords de la rivière Richelieu. Nous sommes à la fin des années 60, avant l'arrivée sur place de la réalisatrice qui se replonge dans un passé. proche, sur une idée de sa coscénariste Marie Vien.
     
    Passionnée de musique, Mère Augustine enseigne le piano à des élèves particulièrement douées, lauréates de plusieurs prix. Parmi elles sa nièce Alice, prodige qui a rejoint de rejoindre l'institution à contrecœur. Mais  les temps deviennent durs avec la laïcisation de la société, la désertion des églises et l'instauration par l'Etat d'un système d'éducation publique condamnant à la fermeture de nombreux établissements privés. La supérieure trouvant que la ferveur musicale d'Augustine coûte trop cher, l'école est menacée.  Refusant sa disparition, la communauté se bat pour tenter de le conserver. Avant de céder au bond en avant du pays.
     
    Tout en traitant principalement de la musique, personnage central qui enveloppe le film, Léa Pool vouée à la défense de la cause des femmes évoque leur rôle dans la société, leur émancipation, leur désir d'être les égales de l'homme, l'évolution des mœurs. Tout cela est incarné par ce groupe de religieuses qui finiront par tomber le voile. Une libération pour certaines, un déchirement, sinon un arrachement pour d'autres, illustrés par une scène marquante où elles troquent leur sévère robe noire pour des vêtements plus contemporains. Une scène qui fait écho à l'inverse de ce qui se passe aujourd'hui avec le retour du religieux.
     
    Belle reconstitution  d'époque
     
    Parallèlement à cette revisitation de la récente histoire du Québec à la veille des seventies, alors que l'Eglise perd de son pouvoir, Léa Pool raconte celle plus intime de sa nièce Alice, adolescente talentueuse mais rebelle, préférant le jazz au classique et qui a du mal à se plier aux règles de la communauté. Elle n'en plaît pas moins à Augustine, même si elle se garde bien de le montrer. A la marche obligée des Sœurs vers la modernité, correspond ainsi le passage d'Alice à l'âge adulte.
     
    Outre l'aspect musical sur lequel elle a énormément travaillé. Léa Pool a visionné de nombreux documentaires pour être au plus juste historiquement. Elle livre également une impeccable reconstitution de l'époque. Résultat, un film à la facture classique à la fois prenant et instructif. Une jolie réussite à laquelle contribuent largement une brochette d'excellentes comédiennes, dont les deux principales Céline Bonnier (Augustine) et une découverte, Lysandre Ménard (Alice), véritable pianiste à la ville.
     
    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Les nouvelles aventures d'Aladin". Affligeant

    les-nouvelles-aventures-d-aladin-photo-55928cbd3321f[1].jpgAvec son meilleur pote Khalid, Sam se déguise en Père Noël pour cambrioler un grand magasin. Mais il est stoppé dans son entreprise délictueuse par des gamins excités qui lui réclament une histoire

    Ce sera celle d’Aladin, célèbre prince des voleurs, amoureux d’une sublime princesse et qui veut se venger du méchant vizir qui l’a jeté en prison.

    Jusque là tout va bien. C’est ensuite que les choses se gâtent sérieusement avec une version du conte revue et corrigée pour le pire. Cela laisse tout loisir de balancer n’importe quoi, le récit s’arrêtant et reprenant plus ou moins selon le bon vouloir des marmots qui ajoutent leur grain de sel.  

    Héros de cette calamité signée Arthur Benzaquen, Kev Adams, la coqueluche des ados, qui a enfilé ses babouches et troqué sa coupe ananas pour un brushing lisse, qui a malencontreusement tendance à refrisotter. Sa seule présence devrait sans doute hélas suffire à faire un carton. Affligeant,

    Plus pathétiques les uns que les autres, concourent complaisamment à la nullité crasse de la chose où abondent les gags gras et lourds, Jean-Paul Rouve en féroce vizir à la mauvaise haleine, Michel Blanc en sultan ventripotent, Eric Judor en Génie, Vanessa Guide en princesse rebelle ou encore Audrey Lamy en servante, qui continue invariablement à faire du Scènes de ménage. 

    Dans une interview à la Tribune de Genève, Kev Adams déclarait qu’avec Aladin, il ne s’attendait à rien. Il avait à moitié raison. En fait le film, c’est encore moins que rien.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine