Les films consacrés à Bartabas, le créateur du Théâtre équestre Zingaro, ne manquent pas. Surtout pour rendre compte de la virtuosité, de l’originalité, voire du mysticisme de ses spectacles. Le "prédestiné" Alain Cavalier s’attache, lui, à l’intime, montrant la relation fusionnelle que le célèbre écuyer entretient avec son cheval, baptisé Le Caravage en hommage au peintre italien. Chaque matin, Bartabas travaille avec lui dans un manège, peaufinant inlassablement les figures de dressage, en quête de la perfection ultime.
Le réalisateur nous plonge ainsi de jour en jour dans les évolutions du couple, dresseur et animal s’apprivoisant mutuellement jusqu’à l’harmonie parfaite. Filmant au plus près l’animal, sa tête, ses naseaux, son œil, Cavalier livre un portrait tendre, admiratif sinon amoureux au sein d’une histoire muette. A l’exception de quelques mots lancés lors des soins, brossage, étrillage, ou harnachement du Caravage par de jeunes palefrenières.
On a aussi droit à d’émouvantes scènes de câlins, le maître se montrant prodigue en la matière envers sa monture. Et même à une petite rébellion du cheval qui se rue soudain sur la caméra, léchant l’objectif. D’où une image floue qui amuse beaucoup le cinéaste.…
Il y a de la grâce, de la légèreté dans ce corps à corps silencieux. Et de la magie pour les fans d'Alain Cavalier, pour qui il s’agit là d’une véritable œuvre d’art. Mais qui ne s’intéresse pas au sujet risque de ne voir dans ce documentaire qu’une routine quotidienne passablement ennuyeuse et un cheval tournant simplement en rond au trot ou au galop pendant 70 minutes.
A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 décembre.