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Sorties de la Semaine - Page 216

  • Grand écran: "Much Loved" montre le quotidien de guerrières du sexe tarifé au Maroc

    muchloved[1].jpgNoha, Randa, Soukaina et Hlima sont des prostituées opérant à Marrakech. Trois viennent de la ville, une de la campagne. Dynamiques, et complices, dignes et libres, elles cherchent à profiter des retombées touristiques sur lesquelles repose l‘économie marocaine.
     
    Surmontant au quotidien la violence morale et physique d’une société hypocrite qui les utilise tout en les condamnant, le mépris sinon le rejet de proches qu’elles font cependant vivre, elles sont en quelque sorte le «pétrole» du Maroc, comme le remarque ironiquement Noha.
     
    A travers le portrait de ce quatuor de guerrières subissant les humiliations et la domination des hommes, Nabil Ayouch opère une plongée sans concession ni complaisance, évitant tout moralisme, voyeurisme ou misérabilisme, dans le monde glauque du sexe tarifé de la drogue et de l’alcool.  
     
    Sur fond de rapport ambigu entre les prostituées et l’Etat, le réalisateur franco-marocain évoque les relations entre ses protagonistes et leurs clients, principalement de riches Saoudiens et des Européens. Détaillant  leur travail jusque dans des scènes de sexe assez crues, il les montre aussi brièvement dans leur existence privée, familiale, amoureuse.

    Le film marie fiction et documentaire 
     
    Cette chronique forte, pleine d’empathie, de respect et d’humanité, très engagée dans la défense et l’illustration d’une frange de la population exploitée, marie finement la fiction et le documentaire. Oscillant entre le portrait de groupe, le drame social, l’étude de mœurs et le film politique tout en gardant un côté romanesque, elle est de surcroît portée par quatre excellentes comédiennes.
     
    Par leur tempérament volcanique, leur énergie, leur courage et leur justesse, elles rendent hommage à ces femmes violées, violentées, avilies mais loin d’être abattues, puisant notamment leur force dans la solidarité et la tendresse qu’elles se manifestent. Ce qui, au milieu d’une réalité dure et sordide, donne lieu à la douceur bienvenue de séquences émouvantes, mélancoliques et tragi-comiques.   
     
    Alors que Much Loved qui n’a pourtant rien de scandaleux ou de graveleux a été interdit au Maroc, son actrice principale Loubna Abidar a été contrainte de quitter son pays quelques jours après une violente agression à Casablanca. "Les femmes libres dérangent" a-t-elle dit dans une interview au quotidien Le Monde. Mais elle ne compte pas se taire et va écrire un livre sur le film.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 mars.

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  • Grand écran: "Tempête", un drame social émouvant entre documentaire et fiction

    tempete[1].jpgA 36 ans, Dom, marin pêcheur, a passé la majeure partie de sa vie en mer, sacrifiant son mariage à sa passion pour son dur métier. Il n’en a pas moins la garde de sa fille adoptive Mailys, jeune rebelle têtue, agressive, mal dans sa peau, avide d’affection, et de son fils Mattéo, un garçon qu’il souhaite voir suivre ses traces et avec lequel il entretient une relation complice.

    Quoi qu’il en soit, Dom fait tout ce qu’il peut pour être un bon père, avec toutefois une tendance à se comporter en grand frère. Surtout quand il rentre à la maison, où tous les trois font joyeusement la fête en fumant des pétards. Reste que les adolescents sont livrés à eux-mêmes pendant ses longues absences. Alors quand Mailys tombe enceinte, Dom se rend compte qu’il doit choisir entre sa famille et le grand large.

    Pour se rapprocher de ses enfants, ce travailleur qui peine à boucler les fins de mois, veut acheter un bateau pour être son propre patron. Il se retrouve sur les bancs d’école pour apprendre à le devenir et à monter son affaire. Un rêve qui se heurte à la difficile réalité.

    Tempête, un titre emblématique de celles que Dom essuie régulièrement en mer mais qu’il maîtrise et celles, plus complexes qu’il doit affronter à terre. Opiniâtre dans sa quête de solution pour s’en sortir, il se révèle maladroit dans sa volonté de trouver ce qu’il y a de mieux pour sa progéniture, particulièrement pour Mailys, qui repousse rageusement ses tentatives.

    Rappelant à la fois Ken Loach et les frères Dardenne avec ce film émouvant où il évoque un drame social au sein d’une classe ouvrière en détresse, obligée de se livrer à d’âpres luttes ordinaires pour subsister, le réalisateur Samuel Collardey nous immerge dans le réel. Et ceci d’autant plus qu’il a non seulement fait appel à des non professionnels, mais que le protagoniste principal, Dominique Laborne, joue sa propre vie à peine modifiée, aux côtés de ses deux enfants. 

    Son rôle dans cet opus entre documentaire et fiction a valu à cet homme combatif, beau gosse naturellement charismatique, un prix d’interprétation dans la section Orizzonti de la dernière Mostra de Venise .

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mars

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  • Grand écran: "Saint Amour", un bon cru généreux avec Depardieu, Poelvoorde et Lacoste

    saint-amour_1_[1].jpgPour leur septième long-métrage, les détonants Benoît Delépine et Gustave Kervern mettent en scène deux héros cabossés par la vie aux relations conflictuelles. D’un côté Jean (Gérard Depardieu), un doux et sympathique colosse venu présenter son magnifique taureau au Salon de l’agriculture. De l’autre son fils Bruno (Benoît Poelvoorde), personnage malheureux et à fleur de peau, qui fait tous les ans la route des vins en… écumant les stands de la grande manifestation parisienne

    Mais cette fois, Jean décide de l’emmener parcourir la vraie pour se rapprocher de lui et le convaincre de reprendre la ferme familiale, pour l'instant source de déboires pour Bruno. Et les voici embarqués, en compagnie du jeune et prétentieux chauffeur de taxi Mike (Vincent Lacoste) dans un road-movie alcoolisé, audacieux, original, loufoque, déjanté, où ils feront des rencontres bizarres et finiront par découvrir l’amour.
     
    Même si certaines digressions ont un petit goût de piquette, ce Saint Amour est un très bon cru en forme de peinture sociale entre drôlerie, poésie et désenchantement. Tout en faisant l’éloge d’une paysannerie parfois méprisée mais surtout désespérée et aux abois comme l’a encore démontré le rude accueil réservé au président Hollande au Salon, les deux auteurs, moins féroces que d'habitude, révèlent un Depardieu généreux dans son rôle d’ogre attachant. Ainsi qu'un Poelvoorde tout aussi émouvant en fils fragile, désabusé, crevant de solitude.

    Irrésistible séducteur d’opérette, Vincent Lacoste se hisse à la hauteur de ces deux fortes personnalités, à l’image de Céline Sallette qui rejoint le trio dans la dernière partie. Mais le plus hilarant dans l'histoire, c’est Michel Houellebecq en loueur déprimé de chambres d’hôtes. Une apparition carrément surréaliste.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 mars.

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