Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 197

  • Grand écran: des couples racontent leur amour dans "Loves Me, Loves Me Not"

    aabramovich.jpgAprès Dieu sait quoi en 2004, où elle interrogeait des retraités sur le sens de la vie dans un grand parc parisien, Liens de sang en 2008 où elle explorait les rapports parents-enfants dans l’immeuble genevois des Stroumpfs, Fabienne Abramovich propose un nouveau documentaire, Loves Me, Loves Me Not.

    On est à Paris. La nuit est tombée et des centaines de gens se rassemblent le long du canal de l’Ourcq. Jeunes ou un peu moins, ils viennent s’asseoir au bord de l'eau, se mêlent, se passent le pain, tissent des liens informels, se retrouvent le lendemain. Pour parler quasi exclusivement d’amour.

    Fabienne Abramovich livre ainsi un métrage qui se veut un peu rohmérien, teinté de marivaudage, en filmant des couples qui racontent leur façon d'aimer, d'une ou de toutes sortes de manières. Une oeuvre intemporelle, singulière, hors mode black, sexe et banlieue. Un sujet casse-gueule où il fallait éviter les clichés, comme l'auteure le dit elle même, à l’occasion d’une rencontre où elle explique sa démarche.

    Elle a débuté  en 2010. L’écriture, essentielle, lui a pris deux ans et le tournage quatre. "Je ne pouvais filmer qu’en été, en majeure partie la nuit entre 21h30 et au mieux deux ou trois heures du matin. En tout quatre fois trois semaines". Elle a commencé des entretiens avec des jeunes gens et, petit à petit, a testé un dispositif extrêmement sommaire et précis. "J’ai travaillé presque seule, en choisissant, c'était primordial un temps et un lieu donné, à Paris. Et il me fallait l'eau pour le travail de l'image. J’ai compris que tous ces individus sur les berges représentaient mon Woodstock à moi".

    Comment avez-vous trouvé vos protagonistes ?

    Jalovesme.jpge faisais des repérages en me promenant avec une charrette, vêtue d’un habit de pêcheur et coiffée d’une casquette. Je voyais des gens, on buvait un verre, j’expliquais ce que je voulais. L’idée, c’était de les laisser échanger entre eux, en étant eux-mêmes, dans l’instant.

    Ils ont une incroyable facilité d’élocution. Quelle est la part de l’improvisation ?

    Ce n’est que de l’impro. Evidemment, comme ils se répétaient, j’ai beaucoup coupé. Je n’ai rien changé à leurs mots, à leurs phrases, mais j’ai construit les séquences, restructuré les conversations pour qu’elles soient audibles. J’ai écouté, tamisé, cadré. Un gros travail. C’est la raison pour laquelle je n’ai filmé qu’un couple à la fois, chacun d’eux me prenant environ quatre heures.

    Il y a une chose qui surprend, ces couples middle class, jeunes pour la plupart et qui évoquent leur amour,  sont pratiquement tous blancs. Ce qui ne paraît pas représentatif de la société actuelle.

    Il ne s’agissait pas de faire du Benetton… En même temps, pour moi, le multiculturalisme est présent à travers notamment quatre jeunes Beurs qui certes sortent un peu du cadre, mais libèrent très vivement et assez crûment la parole, avec des Arabes passant en djellabah, avec la musique syrienne, des Blacks qui chantent. Ces derniers ne vont pas d'ailleurs pas volontiers s’asseoir au bord de l’eau. Ce n’est pas leur culture.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre. 

     

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: la guerre des sexes dans "L'économie du couple". Lafossse tape juste!

    akahnbejo.jpgIl y a des films qui vous attrapent dès la première image. Comme L’économie du couple, Il suffit de voir Marie rentrer à la maison et y découvrir, très contrariée, Boris qui ne devait pas s’y trouver ce jour-là, pour savoir que le réalisateur belge Joachim Lafosse ne nous lâchera plus. Tant il a tapé juste tout au long de son étude de comportement aussi intelligente que subtile.

    Après 15 ans de vie commune, c’est le désamour. Marie et Boris ont décidé de se séparer. Problème, c’est elle qui a payé la maison et lui qui l’a rénovée. Dans l’impossibilité de se loger ailleurs faute de moyens financiers, Boris est obligé de cohabiter avec son ex-compagne et leurs jumelles. Mais Marie ne le supporte plus et veut qu’il parte. Elle déteste tout chez lui et se demande comment elle a pu l’aimer.

    Sous les yeux des deux fillettes qui évidemment en souffrent, c’est alors l’heure des reproches acrimonieux, des engueulades monstres et des règlements de compte impitoyables. Tout tourne autour de l’argent, de qui a amené quoi, payé quoi.
    Pour Joachim Lafosse, reconnaissant le côté autobiographique de l’œuvre où il parle aussi de sa génération, celle des quadras, l’argent dans un couple c’est souvent plus un symptôme qu’une cause permettant et justifiant la dispute. Un symptôme qui cache aussi des choses émouvantes, tristes, la manière dont on est reconnu ou pas pour ce qu’on a fait ou pas.

    L’économie du couple  est une vraie réussite à laquelle les acteurs, étonnants de sobriété et de réalisme contribuent largement. Dans cette guerre des sexes où Lafosse joue à la fois au psy et à l’ethnologue, Cédric Kahn, généralement plus connu comme cinéaste et scénariste, se révèle formidable. A l‘image de la lumineuse Bérénice Bejo (photo).

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: Xavier Dolan bouleverse, fascine et exaspère dans "Juste la fin du monde"

    axavierd.jpgPour son septième film, qui a décroché le Grand Prix du jury en mai dernier à Cannes, le réalisateur québecois a choisi d’adapter une pièce de Jean-Luc Lagarce, dont il apprécie la beauté du texte et de la langue. Jeune auteur à succès, homosexuel intello plein de douceur, Louis n’a pas revu sa mère, sa sœur et son frère depuis 12 ans. Gravement malade, il revient chez les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Et ne cessera de chercher le bon moment pour le faire. Mais très sensible à l’extrême tension que sa visite provoque, il recule à chaque fois face à ces gens qui le noient sous les reproches, l’accablent de leur amertume et de leur rancœur. De leur amour aussi.

    Juste la fin du monde est un huis-clos théâtral familial asphyxiant, à la fois bouleversant et exaspérant, où tout le monde a envie de déballer ce qu’il a sur le cœur, mais où chacun crie, pleure, s’engueule, balance des vannes, ment, pour éviter, dans une fuite en avant logorrhéique, de parler de l’essentiel. A savoir de la raison du retour de Louis qui les tourmente.

    Xavier Dolan propose une mise en scène virtuose privilégiant les gros plans pour se rapprocher des visages de manière à en saisir les expressions les plus révélatrices. L’histoire passe en effet aussi par les silences, les regards, le moindre mouvement d’une bouche exprimant les non-dits. Les comédiens sont ainsi placés sous une sorte de microscope, la caméra jouant avec eux dans une tentative de capter le moindre souffle.

    Gaspard Ulliel se révèle excellent dans le rôle de Louis. L’opus est porté par quatre autres stars françaises aux prestations en revanche inégales. Nathalie Baye (la mère Martine), perruque noire et maquillage outrancier et Vincent Cassel (son frère Antoine) en font des tonnes dans une hystérie galopante. Lea Seydoux (sa sœur Suzanne qu’il n’a pas vu grandir) n’est pas moins irritante.

    En revanche, à l'image d'Ulliel, Marion Cotillard (sa belle-sœur Catherine que Louis ne connaissait pas) séduit. Dans ses hésitations, son bégaiement, sa gentillesse et sa compassion à l’égard de Louis dont elle a tout de suite compris le secret, on l’a rarement vue aussi bonne et aussi différente.

    "C'est mon meilleur film"

    A l’issue de la projection cannoise pour les journalistes, Xavier Dolan s’était montré un peu blessé par les critiques négatives, mais disait son bonheur d'être sur la Croisette. "je suis fier de mon film. J’estime que c’est mon meilleur", avouait-t-il à la conférence de presse. De leur côté, ses comédiens ne tarissaient pas d’éloges sur leur réalisateur, s’accordant à évoquer une rencontre passionnante avec un homme hors norme, proche d’eux, les mettant sous un microscope, jouant avec eux, donnant tout, essayant de capter le moindre souffle.

    Xavier Dolan aime la prolixité des personnages qui parlent de tout sauf de ce qu’ils savent. "Louis réagit à la nervosité, à l’ambiance. On s’évade à travers lui, grâce aux regards échangés avec Catherine. Il est en escapade perpétuelle dans une maison où sa famille le noie sous les reproches. Le plus attrayant, c’est son côté désagréable. Dans la vie on pleure, on explose, on ment. Je suis content d’avoir pu travailler avec des acteurs que j’admire pour exprimer cette imperfection humaine".

    Le réalisateur s’explique aussi sur l’utilisation des gros plan quasi constants. "Pour moi, c’était une nécessité de me rapprocher des visages qui reflètent la tension. L’histoire passe par les silences, les regards, le moindre mouvement d’une bouche exprimant les non-dits".

    A 'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 septembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine