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Sorties de la Semaine - Page 194

  • Grand écran: "Manchester by the Sea", un grand mélodrame avec un formidable Casey Affleck

    aaaafleck.jpgHomme à tout faire dans une plomberie de Boston, Lee Chandler (Casey Affleck impressionnant) passe ses journées à régler les problèmes des locataires de l’immeuble dont il s’occupe. Mais les choses ne vont pas sans mal. Lee est un garçon solitaire, irritable, qui n’aime pas les gens et a des difficultés à communiquer.  Toujours à fleur de peau, il noie son mal-être dans la bière et déclenche de stupides bagarres dans les bars pour se défouler.

    Et puis un jour il, reçoit un coup de fil, rompant brutalement la routine de son morne quotidien et lui apprenant la mort soudaine de son grand-frère Joe (Kyle Chandler). Désigné tuteur légal de son neveu adolescent, Patrick (Lucas Hedges). Il doit alors retourner dans sa ville natale de Manchester by the Sea et y affronter un passé tragique qui l’avait forcé à fuir, se séparant de sa femme (Michelle Williams).

    Ce drame poignant qui séduit par son scénario, sa mise en scène, ses dialogues, sa photographie, est signé Kenneth Lonergan, dramaturge et scénariste de Mafia Blues qui l’a révélé en 2000 et de Gangs Of New York de Scorsese (2011), qu’il a co-écrit. Il s’agit de son troisième film comme réalisateur après Tu peux compter sur moi et Margaret qu’on regrette de ne pas avoir vus.

    Avec Manchester by the Sea, Kenneth Lonergan nous entraîne dans une forme de suspense, qui tient à la structure narrative de l’intrigue, moins simple qu’il n’y paraît. Prenant son temps, l’auteur la nourrit habilement de flashbacks permettant de mieux saisir les différentes situations, les motivations et les comportements des protagonistes, A commencer par celui de Lee, en nous laissant découvrir la raison de ses fêlures, de ses blessures, sa réticence à revenir Manchester, pour dévoiler petit à petit à l’origine du mal qui le ronge.

    Forte puissance émotionnelle

    Tout en évoquant le deuil, l’abandon, la résilience, l’auteur se concentre sur la relation complexe, touchante, entre l’oncle et le neveu qui se cherchent, chacun essayant maladroitement d’atteindre l’autre pour tenter de retisser un lien. Kenneth Lonergan livre ainsi un grand mélodrame intimiste à forte puissance émotionnelle, mais sans pathos et tire-larmes souvent inhérents au genre.

    Une magnifique réussite qui tient bien sûr aussi à l’interprétation. Casey Affleck, qui tient un de ses meilleurs rôles avec celui du fascinant Gerry de Gus Van Sant apparaît comme un favori à l’Oscar. Il donne de l’épaisseur à son personnage qui lutte contre le spectre d’un passé impactant le présent. Fragile, renfermé, brisé mais aussi endurci par le chagrin, il donne la réplique à Lucas Hedges, remarquable dans le rôle de cet ado renfrogné, faussement cynique et insensible, occupé à satisfaire ses pulsions sexuelles avec diverses copines qui succombent à son charme. A leurs côtés, Michelle Williams et Kyle Chandler se montrent à la hauteur dans des rôles secondaires.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er février .

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  • Grand écran: "Mapplethorpe:Look at the Pictures", le parcours hors norme du sulfureux photographe

     

    5051579_7_70cb_autoportrait-1980_31e5e782e58510300867593df1b93b12.jpg«J’ai toujours été fasciné par l’idée d’illustrer la sexualité comme personne de l’avait fait auparavant». Pour Robert Mapplethorpe, le sexe est partout dans la vie et dans les choses. Un pénis et une fleur c’est la même chose. Il a ainsi fait du sexe et de sa pratique le cœur de son œuvre. Le résultat avait valu en 1989 les imprécations du sénateur républicain Jesse Helms, outré par les photos pornographiques du sulfureux personnage, jugées offensantes pour l’art. Il n’était pas le seul. Les images ont provoqué moult scandales et procédures judiciaires, loin de nuire d’ailleurs au prix des œuvres incriminées...

    Look at the pictures!, martèle le politicien scandalisé. C’est ainsi que commence le premier long-métrage documentaire sur le célèbre photographe, réalisé par Fenton Bailey et Randy Barbaro, qui reprennent la phrase à leur compte, en détournant évidemment son sens premier. Ils retracent le parcours fulgurant d’un artiste hors norme, jusqu’à sa mort du SIDA en 1989, après avoir passé ses dernières années à promouvoir l’homosexualité. Il avait quarante-deux ans.

    A travers une série d’interviews enregistrées, Robert Mapplethorpe révèle sans détour sa vie sulfureuse et les passions qui l’ont inspiré. Des archives enfin rendues publiques, des entretiens de collaborateurs, des révélations intimes de ses amis, de ses amants, de son frère Edward, artiste lui aussi, des témoignages de son prêtre, sa rencontre avec son amie Patti Smith, complètent le portrait de cet homme extravagant et dérangeant qui a inventé une nouvelle forme d’art en portant la photographie à son sommet. Ce qui est d’autant plus extraordinaire qu’au départ, il ne l’avait pas choisie. Il s’est mis à faire des polaroïds, parce qu’il avait besoin de photos pour ses collages.

    Obsédé par la beauté

    Le documentaire auquel on reprochera une facture trop classique étant donné son sujet, montre un Mapplethorpe obsédé par la beauté, la perfection esthétique, comme le révèle le fameux The Black Book publié en 1986, entièrement composé de nus d’hommes noirs sculpturaux et dans tous leurs états. Le provocateur Robert adorait bousculer les tabous, choquer les gens, les déranger, les faire réagir, les manipuler, les utiliser, avoir en quelque sorte du pouvoir sur eux.

    Au-delà de son œuvre, Mapplethorpe, artiste total dans son attitude, sa manière de s’habiller, de se coiffer était profondément ambitieux. Tout ce qu’il faisait, c’était pour sa carrière remarquent les intervenants. Beau, intelligent, charmeur, il était aussi égoïste, aimait l’argent et avait soif de célébrité. Il voulait être une légende et a connu le succès avant de mourir.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er mars.

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  • Grand écran: Mel Gibson déroule ses obsessions dans "Tu ne tueras point". Sanglant!

    aaahacksaw.jpgToujours aussi obsédé par la violence, la quête divine, le sacrifice et la rédemption, le prosélyte Mel Gibson revient avec Tu ne tueras point, où il raconte l’histoire authentique de Desmond Ross. Ce jeune Américain brutalisé par un père vétéran alcoolique pour exorciser ses traumatismes, hérite de sa colère avant de trouver la paix dans la religion.

    Quand la Seconde Guerre mondiale éclate, Desmond Ross, membre de l’Eglise adventiste du septième jour, veut absolument rejoindre l’armée pour servir son pays. Mais, cet objecteur de conscience déchiré entre son patriotisme et sa foi, refuse de porter, voire de toucher un fusil. Ce qui lui vaut les pires sévices de la part de ses camarades et surtout de sa hiérarchie, déterminée à s’en débarrasser

    Le plus grand des héros

    Inébranlable, supportant les coups, les humiliations, les injures, il finit par être engagé comme infirmier dans l’infanterie et, sans jamais céder sur ses principes, ses croyances, sa morale, deviendra le plus grand des héros en sauvant, armé de sa seule foi, des dizaines de vies dans l’enfer de la bataille d’Okinawa.

    En soi l’objection de conscience est un bon sujet. Mais si on admire la résistance tenace aux cruelles pressions militaires, le courage exemplaire de l’homme qui a inspiré le film, c’est tout le contraire en ce qui concerne le portrait qu’en brosse Mel Gibson. Il en fait une sorte de dadais idéalistico-mystique, campé par un Andrew Garfield totalement dénué de charisme.

    Une vaste boucherie 

    Après une première partie laborieuse pour expliquer la conversion de son protagoniste, le réalisateur de La passion du Christ et de Braveheart se lance dans le filmage réaliste du conflit. Et profite de cette figure héroïque pour se livrer à ses fascinations douteuses, se vautrant dans la barbarie, multipliant avec une rare complaisance des séquences de guerre aussi sanglantes que répétitives.

    Corps éventrés, déchiquetés. C'est gore. Une vaste boucherie. Et, plus détestable encore, sur fond de pacifisme, d’humanisme, d’évangélisme, de sentimentalisme bondieusard. A ce égard, on ne résiste pas à citer les Inrocks, évoquant un cinéma qui bascule dans l’ère du catho-porn, destiné à remplir les multiplexes de l’Amérique bigote…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 1er février. "

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