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Sorties de la Semaine - Page 193

  • Grand écran: Kore-eda, peintre de la famille japonaise, explore l'image du père dans "Après la tempête"

    aaeda.jpgPeintre de la famille japonaise, sujet inépuisable, Hirokazu Kore-eda, réalisateur de Nobody Knows, Still Walking ou Tel père tel fils, propose un nouveau tableau avec Après la tempête. A l’origine, on découvre une histoire personnelle qui couvait en lui depuis le décès de son père il y a 15 ans. Le film explore ainsi l’image paternelle à travers celle d'un joueur invétéré couvert de dettes qui vient de mourir (laissant une veuve peu éplorée et pleine d'énergie), et celle de son fils Ryota, héros déchu, charmeur et complètement immature. Il est formidablement interprété par le très charismatique Hiroshi Abe (photo).

    Après un début prometteur d’écrivain, Ryota est rattrapé par la passion du jeu, abandonne ses ambitions littéraires et se retrouve dans la peau d’un détective privé véreux sur les bords. Gaspillant son maigre salaire aux courses, il n'a pas les moyens de s'acquitter de la pension alimentaire de son gosse Shingo, 11 ans, dont il est séparé comme de sa femme Kyoko, qui vit avec un autre homme.

    Ryota ne tente pas moins péniblement de regagner leur confiance, plus spécialement celle de Shingo le regardant avec méfiance alors qu’il passe la journée avec lui, lui payant un hamburger ou des chaussures de baseball. Et puis le soir, un typhon les contraint tous les trois à passer la nuit chez la grand-mère qui espère secrètement les voir réunis.

    Avec cette chronique intimiste, Kore-eda excellant à son habitude dans l’observation des rapports humains, nous laisse pénétrer au sein d’une famille déchirée mais qui peut se raccommoder. Après la tempête est certes plus amer, moins tendre que ses films précédents, mais l’auteur ne cherche pas pour autant à filmer des gens désabusés. Au contraire il leur insuffle un certain espoir, nous expliquait-il lors d’un passage à Genève.

    En fait, vous évoquez le monde à travers la cellule familiale.

    Je montre la complexité de chacun de ses membres. Je vais derrière les apparences. Cela me permet de saisir, de développer des traits d’humanité, de psychologie. J’accorde de l’importance aux lieux, à l’utilisation fréquente d’une radio portable exprimant une certaine solitude, à la manière d’être, de vivre, de discuter autour de la nourriture ou autres détails plus anodins.  

    Votre vision de la paternité est au cœur du film. A ce propos, vous prétendez que l’amour du père est à retardement. En avez-vous souffert ?

    J’ai en effet toujours eu l’impression qu’il venait trop tard. Je l’ai vécu moi-même pour avoir commencé à aimer vraiment mon père après sa mort. Et j'ai aussi ressenti le sien à ce moment-là. L’amour paternel se construit sur une temporalité plus longue que celui de la mère qui est constant, voire envahissant, sinon asphyxiant. Mais dont un enfant ne peut jamais douter.

    Ryota voudrait changer, mais tiraillé entre sa mère, son ex-femme et son fils, il n’évolue pas tellement. Cela dit, à défaut de devenir plus mature, il prend davantage conscience de ce qui se passe. 

    Les personnages qui gagnent en maturité ne me passionnent pas. Ce que je voulais montrer avant tout, c’est cette prise de conscience dont vous parlez. Je la vois comme une sorte d’éveil. Il n’y a pas de changement magistral chez Ryota, mais des détails positifs. Au cours du typhon, il se redresse un peu. La tempête est un symbole de purification. Elle donne la possibilité de laver les choses.

    Comme toujours, les repas revêtent une dimension particulière. Aimez-vous la cuisine?

    Oui, beaucoup. Toutes les cuisines. Cela dit, dans les drames familiaux, le plus intéressant se passe dans la préparation, les conversations avant les repas et les rangements qui les suivent. Pendant on mange et on a la bouche pleine…

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 décembre.

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  • Grand écran: Jim Jarmush exalte la poésie du quotidien dans "Paterson". Avec grâce et humour

    aajarmush.jpgIl en avait envie depuis plus de 20 ans. Jim Jarmush s’est lancé un sacré défi: exalter la beauté du bonheur au quotidien avec  Paterson. Ce titre est aussi le nom de son personnage principal, celui de la ville du New Jersey où se déroule l’intrigue et celui du célèbre recueil du poète américain William Carlos.

    Conducteur de bus, Paterson, incarné par Adam Driver, écrit lui aussi des poèmes dans un carnet dont il ne se sépare jamais. Des textes courts naïfs, racontant des choses concrètes, simples, presque façon haïku. Des poèmes en réalité écrits par Ron Padget, un des auteurs préférés de Jarmush,

    S’il écoute les conversations de ses passagers qui pourraient nourrir son inspiration, Paterson la puise principalement dans son amour inconditionnel pour Laura, sa compagne, (Golshifteh Farahani) qui le lui rend bien. Tous deux habitent une modeste maisonnette en compagnie de Marvin, leur bouledogue anglais grognon et charismatique. Ils vivent une existence à la fois ordinaire et unique, rassurante et ultra ritualisée. 

    Chaque matin Paterson se réveille pile à 6h15, part à son travail, transporte ses concitoyens, retrouve femme et foyer, promène le soir Marvin qu’il attache tel un cow boy son cheval devant un bar où il prend sa bière habituelle, avant de rentrer chez lui et de se coucher auprès de sa dulcinée. Pour tout recommencer pareillement le lendemain. Et ceux d'après.

    De son côté la fantasque, farfelue, lunaire et joyeuse Laura, qui n’est pas à une lubie près, multiplie les projets et les expériences loufoques, s’inventant chanteuse country ou pâtissière, redécorant obsessionnellement tout ce qui lui tombe sous la main en noir et blanc des murs à ses robes en passant par d’immangeables cupcakes.

    Le grain de sable

    Elle admire et motive son homme, aimerait bien qu’il soit publié. Mais il rechigne à laisser lire ses oeuvrettes. Peu importe Ils sont follement heureux au sein de ce cocon domestique où l’addition de petites joies et menus plaisirs remplace les grands événements spectaculaires. Jusqu’au jour où un grain de sable fait figure de cataclysme dans cet océan d'harmonie. Jarmush livre alors une peinture plus profonde, subtile et existentielle de ses deux héros que leur couple de conte de fées le laissait paraître.

    On n’en dira pas davantage, sinon que cette comédie singulière flirtant avec l’absurde et portée par deux excellents comédiens (photo) se révèle pleine d’émotion, de poésie et de grâce. La répétition des situations banales ainsi que le traitement magnifié d’un quotidien faussement monotone et d’une existence apparemment vide rendent par ailleurs l’opus irrésistiblement cocasse.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 décembre.

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  • Grand écran: "Cigarettes et chocolat chaud" raconte la vie de la famille Patar. Laborieux

    acottin.jpgDécidément le papa poule a la cote. Après Omar Sy dans Demain tout commence, c’est Gustave Kervern qui s’y colle dans Cigarettes et chocolat chaud, où il donne la réplique à Camille Cottin déguisée en assistante sociale (photo). C’est le premier long-métrage Sophie Reine, monteuse à la base. Le titre vient d’une chanson de Rufus Wainwright Cigarettes And Chocolate Milk et la réalisatrice s’est inspirée de sa propre expérience de vie pour brosser laborieusement le portrait d’une famille un rien borderline.

    Veuf, Denis Patar est le père foutraque, aussi aimant que maladroit et déboussolé de deux filles, Janis, 13 ans, souffrant du Syndrome Gilles de La Tourette et Mercredi, 9 ans. Il se débrouille comme il peut pour les élever, mais obligé de cumuler deux boulots, il n’a ni l’autorité, ni le temps, ni l’argent pour bien gérer le quotidien. C’est ainsi que chez les Patar, on porte des chaussettes dépareillées, on mange des chips au petit déjeuner, on trouve rigolo d’avoir des poux, le tout dans un joyeux bordel à la fois coloré et sale. Inutile de préciser que les gamines adorent.

    Et puis Denis rate une fois de trop la sortie de l’école de Mercredi qui se retrouve au commissariat. L’administration le juge défaillant et désigne Séverine, une enquêtrice austère et carrée, qui lui impose un stage de parentalité s’il veut conserver la garde de ses enfants. Denis d’exécute, mais anticonformiste depuis toujours, se soumettre aussi facilement à la loi n’est pas franchement son genre.

    D’où, entre ces deux personnages que tout sépare, une série de scènes qui se veulent drôles, touchantes et décalées. L'auteur se pique aussi d’un éloge à la différence, assorti d’une réflexion sur la famille, ses codes, la perte d'une mère, l’obligation sotte de toujours marcher dans les clous pour avoir des gosses épanouis. Des intentions louables. Dommage pourtant que le film ne nous en offre le plus souvent qu’une caricature à l’écran.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 décembre.

     

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