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Grand écran: "Cahier africain" raconte l'enfer vécu en République centrafricaine

aaaacahier.jpgAu début il y a un cahier d‘écolier ordinaire. Sur les feuillets à petits carreaux des photos en forme de témoignages courageux de femmes, jeunes filles, garçons enfants de Centreafrique, dont les vies ont été brisées par la vague de meurtres et de viols commis par les 1500 hommes de la milice de Jean-Pierre Bemba, leader du Mouvement de libération congolais entre octobre 2002 et mars 2003. Des traumatismes vécus par des familles entières.

Ce cahier, devenu un vrai personnage du documentaire et que les victimes ont-elles-mêmes fabriqué a été découvert par hasard en 2008 par la réalisatrice Heidi Specogna. Elle s’est alors embarquée pour un voyage cinématographique de sept ans qui lui a valu trois nominations au Prix du cinéma suisse. 

Au départ l’idée était de se focaliser sur un petit nombre de femmes violées essayant de se reconstruire. Toutefois elle a été rattrapée par la réalité en 2012, cinq ans après la guerre civile, quand les rebelles de la Séléka opposés au président François Bozizé ont repris les armes. Et que l’horreur recommençait nourrie par la rivalité entre chrétiens et musulmans. Un nouveau cauchemar pour les victimes d’atrocités, qui pensaient être enfin sorties de l’enfer.

On retiendra à cet égard la remarque désespérée d’un chef de village. «C’est comme si le diable avait choisi notre pays… » Une malédiction que la réalisatrice nous laisse ressentir en évoquant un pays où tout se répète, rien ne s’arrête dans un cycle de violence constamment renouvelé.

Hedi Specogna n’hésite pas à en montrer les terribles stigmates avec des images choc mais non voyeuristes dans son film divisé en trois chapitres. Il débute avec le procès de Bemba en 2011 (il a été condamné à 18 ans de prison par la Cour pénale internationale) et se termine en 2015, sur une petite note d’espoir. Il raconte un peuple meurtri, dont les souffrances passent par le récit, le regard triste, douloureux et digne des protagonistes dont les visages sont souvent filmés en gros plans.

Un petit regret pourtant. Evoquant un pan de vie tragique, ce documentaire émouvant plein d'une humanité teintée de poésie, reste parfois difficile à suivre pour qui connaît mal ou pas du tout l'histoire des monstruosités commises et subies dans cette partie du monde.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 22 mars.

 

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