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Sorties de la Semaine - Page 172

  • Grand écran: "The Square", Palme d'or à Cannes, une satire sociale plutôt pesante

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasquare.jpgCharismatique directeur d’un musée d’art contemporain, écologiste roulant en voiture électrique et soutenant de grandes causes humanitaires, Christian (Claes Bang) est aussi un père divorcé qui aime s’occuper de ses deux filles.

    Pour l’heure, il prépare sa prochaine exposition expérimentale intitulée The Square, une installation de quatre mètres sur quatre sur une place de Stockholm encadrant un espace protégé, vision mentale d’un lieu incitant les visiteurs à l’altruisme, à l’égalité, à la bienveillance, à la solidarité, bref leur rappelant leurs devoirs envers leurs prochains.

    Jusqu’au jour où Christian se fait voler son portefeuille et son téléphone portable par des pickpockets particulièrement habiles. Un acte qui remet ses valeurs en cause et inspire une réaction peu honorable à l’idéaliste au fond très égoïste, découvrant à ses dépens que la vie est une jungle et qu’on ne peut plus se fier à personne.

    Une jungle qu’illustrent deux jeunes communicants travaillant pour le musée et trouvant le concept d’une rare niaiserie. Ils réalisent alors, pour faire le buzz, un clip inhumain sur l’inhumanité du monde à laquelle l’exposition du conservateur naïf, du coup complètement dépassé, voudrait laisser croire qu’on peut échapper.

    The Square, satire sociale se voulant à portée philosophique, sombre, cynique, dérangeante, parfois drôle, plutôt lourdingue, est signée du Suédois Ruben Östlund, qui avait beaucoup séduit avec Snow Therapy. On en soulignera certes la belle écriture, la bonne interprétation, la mise en scène virtuose. Sans oublier l’ironie grinçante à l'égard du monde de l'art (le ton est donné d’entrée lors d’une interview burlesque du conservateur par une journaliste américaine), des élites culturelles, de la bonne conscience bobo, du politiquement correct et des nantis.

    Cette ironie culmine dans une scène hallucinante lors d’un dîner de gala avec un être monstrueux effrayant le bourgeois. Une performance d'acteur dans la peau d’un homme-chimpanzé qui devient violent et rappelle Les Idiots de Lars Von Trier.

    Un fidèle de la Croisette

    Dommage pourtant que le réalisateur manque de constance. Après une première partie prometteuse aux allures de farce tragi-comique, The Square, trop démonstratif et répétitif, s’enlise et se délite dans un discours pesant sur la perte de confiance de la société occidentale, au cours d'une intrigue qui traîne en longueur. Voilà qui n’a pas empêché le jury cannois de jouer la surprise en décernant la Palme d’or en mai dernier à ce fidèle de la Croisette, passé par la Quinzaine des réalisateurs et Un certain regard.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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  • Grand écran: "La passion Van Gogh" donne vie à l'oeuvre du maître. Une prouesse

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaavvang.jpgLe peintre, son œuvre et sa vie n’ont cessé d’inspirer les cinéastes, de Minnelli à Altman en passant par Pialat et on en oublie. Ils sont aujourd’hui l’objet du premier film d’animation peint à la main, La passion Van Gogh, réalisé par la Polonaise Dorota Kobiela et le Britannique Hugh Welchman. Un couple fasciné par cet homme qui n’a commencé à peindre qu’à 28 ans et qui, mort à 37 ans, a signé quelque 800 toiles et révolutionné l’histoire de l’art en seulement neuf ans.

    Tout est parti de l'idée d'un court de sept minutes de Dorota Kobiela il y a sept ans, où elle voulait mêler ses deux passions de peintre et de cinéaste. Un rêve qui a débouché sur un long-métrage à la suite de sa rencontre avec le producteur Hugh Welchman, devenu son mari. Leur pari osé mais formidablement réussi: donner vie aux tableaux et à leurs personnages.

    C’est ainsi que 120 toiles du maître se mettent en mouvement sur grand écran pour retracer ses dix dernières semaines, dans ce film entièrement animé à la manière du grand Vincent. Plus précisément chacun des 62.450 plans a d’abord été tourné avec de vrais acteurs puis repeint à l'huile et à la main. C’est impressionnant. Un travail de titan pour un choc esthétique, une prouesse technique aussi inédite qu’extraordinaire. Alors que cinq cents artistes venus de vingt pays ont été auditionnés, une centaine d’entre eux ont été retenus pour participer à ce projet fou, exaltant.

    Entre fiction et faits historiques, le film, dont l’intrigue repose sur plus de 800 lettres de Van Gogh à ses amis, à sa famille et surtout à son frère Theo, fonctionne donc comme un immense tableau mais est également une enquête. Il commence un an après la  mort de Vincent, le 29 juillet 1890 à Auvers-sur-Oise où il s'est tranché l'oreille pour mettre ensuite fin à son existence selon la version officielle. 

    Enquête sur une fin énigmatique

    L’histoire vire au polar avec l’arrivée d’Armand Roulin, le fils de Joseph, facteur d’Arles et meilleur ami du peintre, Il veut savoir si celui-ci s’est réellement suicidé où s’il a été assassiné, une nouvelle thèse américaine faisant état de cette possibilité. Au cours de ses investigations, il va rencontrer les témoins des derniers jours de Vincent, dont le docteur Gachet et sa fille, le père Tanguy, l’aubergiste Ravoux….

    De passage à Genève, Hugh Welchman nous parle de cette double volonté de voyager dans  l‘œuvre de Van Gogh en la faisant bouger. Tout en se demandant ce qui avait pu se passer par le biais de l’enquête du jeune détective influencé par les rumeurs au village. «Le film est nourri par ses interrogations et ses doutes sur le côté énigmatique de son décès».

    L’auteur souligne également l’intérêt porté à l’homme, dont l'opus brosse le portrait. «C’était un taiseux, qui acceptait d’être tourmenté, d'avoir des problèmes. Il communiquait magnifiquement à travers ses tableaux et ses lettres mais, peu sociable, éprouvait de la difficulté dans ses relations avec ses semblables. Pourtant il aimait les gens. Il avait voulu devenir prêtre».

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 11 octobre.

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  • Grand écran: "Detroit", nuit d'horreur à l'Algiers Motel. Kathryn Bigelow implacable

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabigr.jpgAprès Démineurs, évoquant l’addiction à l’adrénaline d’un GI ( qui lui a valu l’Oscar du meilleur réalisateur en 2010), et Zéro Dark Thirty sur la longue traque de Ben Laden par la CIA) Kathryn Bigelow, toujours aussi impressionnante, confronte à nouveau l’Amérique à ses démons. Avec une redoutable immersion au cœur des émeutes qui ont secoué Detroit au cours de l’été 1967.

    Des émeutes parrni les plus importantes des Etats-Unis, derrière celles des Draft Riots de New York (1863) et  de Los Angeles (1992. S’étant déroulées sur cinq jours, elles ont causé la mort de 43 personnes et en ont blessé 467 autres.

    Detroit, film choral construit en trois parties, marque la troisième collaboration entre l’auteure et le scénariste Mark Boal, ancien journaliste, Après une plongée dans le chaos, avec les tanks de la Garde nationale pénétrant dans le ghetto black transformé en zone de guerre et l’introduction des protagonistes, la réalisatrice se concentre sur la reconstitution d’un épisode particulièrement tragique qui a eu lieu la nuit du 25 juillet.

    En compagnie de deux filles blanches de l’Ohio rencontrées par hasard, Larry Reed (Algee Smith), un chanteur noir prometteur dont le spectacle a été annulé en raison de la situation insurrectionnelle, se retrouve à l’Algiers avec ses copains pour faire la bringue. Jusqu’au moment où l’un des fêtards s’amuse à tirer avec un faux pistolet. Alertés par les détonations et croyant à un sniper, des flics débarquent rapidement au motel, font évacuer les clients, sauf la joyeuse bande de noceurs.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaadetroit.jpgEmmenés par le jeune Krauss (Will Poulter parfait dans le rôle ingrat de ce raciste fou de la gâchette contaminé par le virus de la haine, révulsé à la simple idée d’une relation mixte), ils vont, pendant des heures, rechercher un coupable et une arme. Sans les trouver. Dans le même temps, bafouant toute procédure, faisant preuve d’une rare cruauté physique et psychologique, ils violentent et torturent les «suspects», à majorité black, pour leur extorquer des aveux, finissant par en tuer trois à bout portant.

    Un gardien de sécurité en uniforme (John Boyega) tente de s’interposer, mais il est noir et ne pourra pas faire grand-chose pour éviter le pire face à ces chiens enragés. Tout comme des soldats postés à l’extérieur, s’illustrant par leur lâcheté.

    Folie raciste et dérapages meurtriers

    Avec un remarquable souci d’authenticité, de justesse, de précision, de réalisme frisant parfois l’excès, Kathryn Bigelow animée d’un intense sentiment d’injustice et de rage, s’attarde longuement sur cette nuit d’horreur, infernale. Pour en montrer, dans les moindres détails et jusqu’à l’insoutenable, la folie raciste, les pulsions criminelles incontrôlées, les dérapages meurtriers.

    Mêlant le documentaire au thriller pour virer au huis-clos anxyogène, étouffant, sous haute tension, Detroit, métrage coup de poing à la mise en scène virtuose est le portrait implacable d’une société alors minée par un racisme institutionnel. Mais faisant écho à l’actualité 50 ans plus tard, à l’heure où s’affrontent suprémacistes blancs et militants antiracisme. Un film cru, brutal, sans l’ambiguïte politique des deux précédents, allant droit au but, incroyablement puissant dans sa dénonciation. Et qui, dans un dernier acte un peu moins intense mais tout aussi terrible, montrera lors d’un procès que justice n’a pas été rendue aux victimes.

    La légitimité de Kathryn Bigelow à traiter un tel sujet a été contestée dans plusieurs articles et tribunes aux Etats-Unis parce qu’elle est blanche. Déclarant dans Variety qu’elle n’était sans doute pas la mieux placée, elle a toutefois remarqué qu’elle "avait pu le faire alors que cette histoire attendait d’être racontée depuis 50 ans". De quoi donner de l'urticaire à Donald Trump...

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 octobre.

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