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Sorties de la Semaine - Page 170

  • Grand écran. "Logan Lucky", braquage jouissif sur fond de comédie déjantée et de satire sociale

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalogan.jpgSteven Soderberg, qui s’était reconverti dans la série télévisée The Knick après des adieux prématurés au cinéma il y a quatre ans, revient sur grand écran pour notre plus grand plaisir avec Logan Lucky. Optant pour un changement radical de catégorie sociale, il livre une sorte d’Ocean’s Eleven du plouc, abandonnant les gangsters pros en costume trois pièces et les palaces de Las Vegas pour les péquenauds de Virginie occidentale, fiel électoral de Donald Trump, et les installations d’une piste automobile.

    Et c’est là qu’interviennent les deux frères Logan estimant être poursuivis depuis toujours par la malédiction. Comble de malchance, l’aîné Jimmy (Channing Tatum) a non seulement dû mettre un terme à une belle carrière de footballeur suite à une grave blessure au genou provoquant également son licenciement d’un chantier, tandis que son cadet Clyde (Adam Driver ) a perdu une main dans la guerre en Irak.

    Voulant pour rune fois conjurer le mauvais sort, les frangins pas trop fute-fute décident de monter le casse du siècle en empochant les recettes de la plus importante course NASCAR de l’année via des tubes pneumatiques souterrains.

    Toutefois, pour réussir l’affaire, ils ont besoin du meilleur braqueur de coffres-forts du pays, Joe Bang. Problème, il faut faire sortir, pendant quelques heures, le criminel qui purge sa peine dans une prison où les détenus sont vêtus de combinaisons à grosses rayures blanches et noires, comme dans les vieilles BD ou rappelant la chemise d’Elvis Presley dans son clip du Jailhouse Rock.

    Humanité, empathie et tendresse

    Soderbergh prouve évidemment sa science du sujet avec une mise en scène spectaculaire et redoutablement efficace de l’évasion et du braquage, imaginant des situations hilarantes, prônant notamment la débrouillardise dans la composition d’un explosif à base de faux sel, de javel et de nounours en gélatine!

    Mais au-delà de s’amuser du folklore des ruraux dans une comédie jouissive, déjantée et haletante à l’humour décalé façon frères Coen, l'auteur évite toute condescendance. Sur fond de satire sociale se moquant du capitalisme, il montre au contraire de l’humanité, de l’empathie voire de la tendresse à l’égard de ces prolos laissés-pour compte, mal-aimés de l’Amérique profonde qui se vengent et dont il brosse le portrait.

    Le réalisateur réussit aussi son coup dans le choix des comédiens. A côté des handicapés Channing Tatum et Adam Driver (photo), écoeurés par le système, Daniel Craig le cheveu peroxydé virant au jaunâtre, casse son image de James Bond (il sera de retour dans le prochain) en s’illustrant dans un registre aussi drôle qu’inédit. A noter aussi la jeune et attachante Farrah McKenzie, Katie Holmes jouant l’ex de Tatum ou encore Hilary Swank, trop fugace hélas, en mystérieuse enquêtrice du FBI.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

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  • Grand écran: dans "L'atelier", Laurent Cantet donne à nouveau la parole aux jeunes

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaatelier.jpgLaurent Cantet ne se lasse pas d’explorer la jeunesse française. Dans son dernier film, L'atelier, co-écrit avec son complice de 30 ans Robin Campillo, il reprend les codes d’Entre les murs (Palme d’or 2008) en réunissant une petite troupe multi-ethnique à la scolarité difficile. Durant un été à La Ciotat, elle suit un atelier d’écriture en vue de rédiger et de publier un roman noir. Il est dirigé par Olivia, une auteure connue.

    Par le biais de l’art, ce travail vise à susciter le débat, permettant à chacun d’affirmer son identité et ses différences, surtout quand les participants entrent en conflit sur de grandes questions actuelles, terrorisme, radicalisation, chômage galopant, précarité, désindustrialisation à l’instar du chantier naval de La Ciotat fermé depuis 25 ans.

    Bientôt pourtant, le film va se focaliser sur Antoine, garçon mutique et en retrait qui aime les armes, tenté par l’extrême-droite et les sensations fortes. Il va rapidement s’opposer au groupe et surtout à Olivia que sa violence inquiète, séduit, fascine.

    S’engage alors dans ce film sous tension qui vire au thriller, un duel captivant entre le jeune homme et l’intellectuelle. Magnifiquement interprété par le débutant Mathieu Lucci et Marina Fois (photo), comme  d’ailleurs par tous les autres protagonistes. Excellent directeur d'acteurs, Laurent a en plus passé des mois sur le casting à la recherche de personnalités fortes.. 

    "Comment avoir 20 ans dans une société aussi dure?"

    Evoquant deux mondes qui se regardent, le réalisateur récemment de passage à Genève, explique avoir décidé, concernant Antoine, de créer un personnage assez inadmissible auquel cependant on s’attache. «Ce n’est pas un méchant mais un paumé qui va vers l’extrême-droite parce que cela pimente un peu sa vie. C’est une grenade dégoupillée avec un fort pouvoir de séduction et une grande intelligence, mais gaspillée».

    «Il a dépassé le stade de pouvoir se prendre en main. Il y parviendra par la crise qu’il traverse avec Olivia, qui s’intéresse à lui parce qu’il lui fait peur, nonobstant une certaine attirance sexuelle et une envie de le sauver du pire. Par ailleurs, tout en servant de révélateur à Antoine, elle se remet elle aussi en question en tant que romancière».

    Mais le plus important pour Laurent Cantet, au-delà de montrer la puissance de la parole permettant notamment à Antoine de mettre des mots sur son malaise, était de se demander comment avoir 20 ans dans un monde aussi dur socialement, où les jeunes enfermés dans des cases ne sont pas pris en compte, végètent dans de petits boulots avec peu de chance de se réaliser. Comment par ailleurs, vivre dans une société d’une violence aussi inédite. «J’ai commencé à écrire après Charlie et j’ai eu envie d’en rendre compte». 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

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  • Grand écran: "La belle et la meute", un thriller politique et féministe prenant

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabelle et.jpgUne  fête étudiante est organisée dans un hôtel tunisien du bord de mer. La jolie Mariam au visage rond enfantin, qui vient de troquer sa sage tenue noire pour une robe moulante et décolletée que lui a apportée une amie, s’amuse sur la piste de danse et croise le regard de Youssef. Ils se plaisent, bavardent un moment puis sortent faire une promenade sur la plage.

    Changement radical d’ambiance dans le plan suivant, montrant la jeune femme en état de choc, courant dans la rue, hagarde, en larmes. Sa robe est froissée, ses cheveux défaits, son maquillage coule. Elle a été violée par des policiers. Elle veut porter plainte, mais va vivre une longue nuit cauchemardesque pour tenter de le prouver.

    Journaliste militant, Youssef tente de l’aider et l’emmène à l’hôpital, mais une réceptionniste méprisante la juge trop sexy et refuse de lui donner le certificat nécessaire. Puis elle se heurte aux dénégations, intimidations, menaces au sein du commissariat de ses agresseurs, où elle se bat farouchement pour le respect de ses droits et de sa dignité. Car ils ne se gênent pas pour la déclarer coupable. Une coupable qui ose réclamer justice alors que la police ajoute au déni de viol, l’outrage aux mœurs.

    Adaptation d'une histoire vraie

    Luttant contre un système perverti dont elle démonte les rouages, la réalisatrice Kaouther Ben Hania, caméra au poing, signe avec La belle et la meute un singulier thriller politique féministe, en adaptant une histoire vraie qui s’était déroulée post Printemps arabe, en 2012. Et avait fait l’objet d’un livre Coupable d’avoir été violée. Une scène traumatisante laissée hors-champ mais que l'auteure nous fait ressentir plus brutalement en montrant l’angoisse, l’impuissance, la détresse d’une Mariam confrontée aux chiens enragés.

    Le danger est croissant dans ce métrage sous tension permanente. Il est filmé en neuf plans séquences constituant une sorte de chemin de croix pour l’héroïne, contrainte de se défendre désormais seule (on l’a cruellement séparée de Youssef), et sur qui le piège se referme à chaque étape. Jusqu’au bout ou presque…

    Au-delà d’un instantané critique de la société tunisienne, Kaouther Ben Hania brosse un magnifique portrait de femme dans ce drame (douloureux écho à une actualité brûlante) porté par la formidable et bouleversante Mariam El Ferjani. Elle incarne si bien son personnage qu’on pourrait imaginer la voir vivre sa propre histoire.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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